En mai 2009, au CM1, on risque davantage de se faire arrêter par un aréopage viril de moustachus zélés dans le cadre d’une enquête sur le vol d’un vélo à roulettes que d’apprendre l’emploi du subjonctif. Résultat : dans quelques années, la maîtresse qui sévit sur retourneauCM1 .com, n’aura plus assez de son temps libre pour épingler les fautes qui émaillent les publicités, les articles de presse et les bandeaux des journaux télévisés, les discours des politiques… et même les livres pour enfants !
En choisissant délibérément de se faire appeler « maîtresse » et non « professeur des écoles », l’appellation en vigueur, confesse-t-elle qu’il s’agit là d’un combat d’arrière-garde ? Qu’importe, armée de son stylo rouge (ou plutôt de son équivalent virtuel : le crayon de Paint), elle débusque les offenses quotidiennes faites à la langue française. Et n’hésite pas à convoquer les bonnes vieilles méthodes pour rééduquer tous ces ignorants : heures de colle, humiliation, affichage sur la place publique…
Le vaste territoire français ne souffre pas d’inégalités en la matière : les fautes sont aussi belles quand elles s’étalent sur la vitrine d’un magasin à Herblay (dans le 95) que sur les panneaux de signalisation de l’agglomération rouennaise. Aussi, le combat nécessite que des volontaires, nombreux, s’engagent à traquer la syntaxe défaillante ou l’accord foireux tout près de chez eux. De fait, une petite armée semble s’être constituée, une armée qui assiste la Maîtresse dans sa veille et lui fait parvenir ses plus belles prises, photos à l’appui. Certains fantassins, pour qui cette activité est manifestement devenue davantage qu’un simple passe-temps, vont jusqu’à pourchasser les fautes via les photographies de google street. Illettrés, vous êtes cernés !
Maniant sans retenue l’ironie dans ses commentaires, la Maîtresse n’oublie jamais d’être didactique : les fautes relevées sont toujours corrigées, souvent accompagnées du rappel de la règle oubliée ou ignorée par le coupable. Allez-y, ça vaut 20 !
Aux côtés des sadiques, il y a dans l’Education Nationale des grincheux – bien sûr, des tire-au-flanc – c’est inévitable, des incompétents – évidemment, mais il y a aussi des rigolos. Parmi ceux-là, j’ai nommé Freakylady, qui dispense régulièrement sur Myspace des petites leçons de choses. A ses heures perdues, elle disserte sur tout un tas de sujets, du futile à l’existentiel, seule devant sa caméra et (presque) sans accessoire.
Glissant quelques références historiques ou littéraires par-ci par là, l’enseignante à frange vous entretient (leçon n°36) de l’analogie entre la Rolex (de Séguéla) et la machine à Nespresso (de George Clooney), du slim (leçon n°36 : « même Robert Plant est passé à l’ennemi »), ou encore de l’emploi abusif du mot « fasciste » (souvent employé à mauvais escient mais qui soulage quand une manifestation de chasseurs – des fascistes donc – bloque le centre-ville et vous empêche de profiter de votre journée à -20% chez Sephora – leçon n°29). C’est toujours intéressant, souvent drôle. Et très engagé : « Pourquoi Stéphane King c’est l’un des plus grands écrivains de tous les temps« (leçon n°24)
Ce qui devait arriver arriva : ses élèves ont fini par tomber sur les petites vidéos… Plutôt que de tout arrêter, elle a concocté une leçon (n°31) savoureuse, spécialement adressée à ses « petits lascars d’élèves« . La leçon mérite assurément de passer à la postérité…
J’aurais bien aimé qu’elle m’enseigne le français Madame Freakylady quand j’étais au collège, pas vous ?
Retrouvez ici l’intégralité des leçons vidéo de Freakylady.