Concert Jeudi 19 novembre à l'Eglise Saint-Roch. Au programme, deux odes (dont la célèbre dédiée à Sainte-Cécile) et le Te Deum de Henry Purcell, interprétés par le Collegium Vocale de Gand, sous la direction de Philippe Herreweghe.
Le concert débute avec une ode moins connue du compositeur anglais ("Who can from Joy refrain, this gay"), écrite à l'occasion de l'anniversaire du duc de Gloucester. Certains passages rappellent l'Ode dédiée à l'anniversaire de la Reine Mary dont un "Sound the trumpet", bien moins fameux, mais déjà assez éloquent. La virtuosité vocale exigée par cet "anthem" au style typiquement purcellien est déjà notable. Toutefois, les solistes ne semblent encore pas tout à fait en place et certaines voix (dont celle du contre-ténor français Damien Guillon) semblent à l'épreuve, notamment avec la forte réverbération de Saint-Roch.
Après l'entracte, Philippe Herreweghe et son ensemble nous présentent une nouvelle version de la fameuse Ode à Sainte Cécile "Hail ! Bright Cecilia". Le chœur et l'orchestre du Collegium vocale sont particulièrement rodés sur cette Ode de Purcell, de très nombreuses fois interprétée. Par rapport à des versions jouant sur la nervosité, les forts contrastes et les couleurs saturées (cf. note du sur l'interprétation de Marc Minkowski à la tête du chœur et de l'orchestre des musiciens du Louvre- Grenoble à Pleyel le 20 janvier 2009), Philippe Herreweghe agit plutôt comme un aquarelliste, déployant les couleurs avec le fondu d'un lavis, recherchant plus une certaine intériorité, intimité plutôt que l'éclat et l'ostentation. Les différents passages de cette ode, dédiée à la Sainte Patronne des musiciens, sont justement sensés, par le truchement de l'écriture finement ciselée de Purcell, exprimer les climats
L'intérêt de la lecture de cette ode par Philippe Herreweghe réside également dans l''influence que JS Bach, ou au sens plus large, la musique luthérienne allemande, vient s'exercer jusque dans l'interprétation de Purcell chez le chef flamand. C'est particulièrement notable sur le chœur final de l'Ode à Sainte Cécile (le "Grand Chorus") où le Hail ! fait invariablement penser aux chœurs de conclusion des grandes cantates chorales du Cantor.
Je vous propose un extrait de la version de l'Ode à Sainte Cécile qu'avait enregistrée Philippe Herreweghe et le Collegium Vocale il y a un peu plus de dix ans (en 1998) pour le label Harmonia Mundi. La version du concert du 19 novembre à Saint-Roch était d'un tempo plus rapide avec une rythmique plus affirmée. C'était particulièrement bien venu, le tempo étiré de la version discographique ne contribuant vraiment pas à traduire le climat général d'une Ode qui doit magnifier avec une certaine ardeur la gloire de Sainte Cécile ! Ce n'est tout de même pas un Requiem mais bien une Ode censée être plutôt joyeuse !
L'extrait que j'ai choisi est le martial "The fife and all the Harmony of war", interprété par l'excellent Mark Padmore dont on ne vantera jamais assez le talent.
Le concert était donné dans le cadre de la saison 2009 / 2010 de Philippe Maillard Productions, avec le soutien de la Fondation Orange. Détail de la distribution sur le site Internet de Philippe Maillard Productions.