Présentée jeudi prochain, la réforme des lycées propose de rendre
optionnelle l’histoire-géo en terminale S. Universitaires,
personnalités artistiques et politiques s’insurgent contre cette
proposition.
"La décision envisagée par M. le Ministre de l’Education nationale,
dans le cadre de la réforme des lycées, de rendre optionnelle
l’histoire-géographie en terminale scientifique ne peut que susciter la
stupéfaction par son décalage avec les nécessités évidentes de la
formation des jeunes Français au début du XXIe siècle.
A l’heure de la mondialisation, les futurs bacheliers scientifiques
n’auraient donc nul besoin de se situer dans le monde d’aujourd’hui par
l’étude de son processus d’élaboration au cours des dernières
décennies, pas plus que par l’analyse de sa diversité et des problèmes
qui se posent à la planète et à son devenir. En outre, ils se
trouveront dans l’impossibilité d’accéder à certaines formations
supérieures de haut niveau pour lesquelles la connaissance de
l’histoire et celle de la géographie sont indispensables et vers
lesquelles ils se dirigent en nombre croissant.
Au moment où le président de la République et son gouvernement jugent
urgent de lancer un grand débat sur l’identité nationale qui doit
mobiliser le pays, cette mesure va priver une partie de la jeunesse
française des moyens de se faire de la question une opinion raisonnée
grâce à une approche scientifique et critique, ouvrant ainsi la voie
aux réactions épidermiques et aux jugements sommaires.
Il est impératif d’annuler cette décision, inspirée par un utilitarisme
à courte vue, qui se trouve en contradiction avec les objectifs
proclamés du système éducatif français sur le plan de la formation
intellectuelle, de l’adaptation au monde contemporain et de la
réflexion civique des futurs citoyens."
Signataires:
Jean-Pierre Azéma (historien), Antony Beevor (historien, université de
Londres), Jean-Jacques Becker (historien), Serge Berstein (historien,
Sciences-Po), Pierre Cosme (historien, université Paris-I), Alain
Finkielkraut (philosophe, Ecole polytechnique), Jean-Noël Jeanneney
(historien, Sciences-Po), André Kaspi (historien), Jacques Le Goff
(historien), Hervé Le Bras (démographe, Ined et EHESS), Evelyne Lever
(historienne, CNRS), Pierre Milza (historien), Michelle Perrot
(historienne), Antoine Prost (historien), Jean-Pierre Rioux
(historien), Jean-François Sirinelli (historien, Sciences-Po), Benjamin
Stora (historien, universités Paris-VIII et Paris-XIII), Jean Tulard
(historien), Annette Wieviorka (historienne, CNRS), Michel Winock
(historien, Sciences-Po)