Nous sommes en décembre 2020. Malgré le sommet de Copenhague, la planète va plus mal qu'il y a 20 ans. En Afrique, le Sahara s'est étendu de quelques milliers de kilomètres carrés. Les premiers bancs de sable sont apparus au milieu de l'Amazonie. Un tiers de l'Indonésie a été recouverte par les flots. Le niveau des mers et océans a augmenté de 20 centimètres depuis 2000. Les éco-réfugiers étaient estimés à 120 millions l'an dernier, une centaine de millions de plus qu'il y a 10 ans. La France subit le climat du Maroc, l'hiver brutal en plus. Les récentes gelées précoces de novembre ont transformé la Seine en vaste patinoire autour de Paris.
L'été dernier, la canicule a eu raison de quelques dizaines de milliers de seniors en France. La climatisation, généralisée dans tous les établissements publics, a provoqué une telle demande d'électricité que les centrales du pays ont disjoncté. La chaleur aidant, il a fallu en déconnecter quelques-unes dans l'urgence. La vallée du Rhône a été évacuée. Le nucléaire a chassé le pétrole des préoccupations mondiales. En France, le culte du secret, propre à cette industrie, a souffert. Les réseaux sociaux du Web 3.0 ont joué à plein pour dévoiler les parcours d'acheminement des déchets, les rapports "réservés" sur la sécurisation des centrales.
En 2018, un conflit "limité" entre l'Inde et le Pakistan a frappé les deux pays, faisant 20 millions de morts. Une force internationale a été "rapidement" constituée pour désactiver la plupart des centrales de la surface du globe. Le 6ème EPR, construit en Roumanie, pour alimenter la zone Est de l'Europe jusqu'à la Turquie, est tombé en panne après 9 mois de fonctionnement chaotique. Le tiers sud-est du pays a été évacué. Sur tous les continents, le nucléaire civil a été détourné par des gouvernements instables pour renforcer leur arsenal militaire. Un marché de l'ombre des déchets nucléaires s'est rapidement développé.
Surtout, les enquêteurs internationaux ont découvert que cette prolifération nucléaire s'accompagnait de juteux contrats protéiformes. Une myriade de cabinets de consultants servaient d'intermédiaires.
Les Nations Unies ont convoqué une Assemblée Générale extraordinaire en septembre dernier. A forces de débats, les pays du Sud sont parvenus à faire adopter une série de résolutions dont l'une d'entre elles, remarquée et polémique, prévoit l'organisation d'un "procès des responsables." Il s'agit de retrouver et d'entendre les principaux responsables du G20 qui, avant 2012, avaient laissé passer les dernières occasions de régulation environnementale. Une autre a mis en place une commission internationale sur ces fameux cabinets intermédiaires. Mi-banquiers, mi-conseillers, ces derniers ont participé à une kyrielle de coups d'Etats un peu partout dans le monde. Leur assistance est très complète: prêts financiers, assistance technologique, lobbying médiatique, maîtrise des opinions.
Nicolas Sarkozy a refait surface. L'ancien chef d'Etat français n'avait pas supporté son échec à l'élection présidentielle de 2012. Coincé par des manifestations à répétition, et une grève générale, le Monarque avait perdu le scrutin. Devenu consultant multi-millionnaire pour quelques grands groupes internationaux, Nicolas Sarkozy sillonnait discrètement le globe. La semaine dernière, il a été arrêté. Ses "collègues" de 2007-2012 n'ont pas tous connu la même mésanventure. En Russie, Vladimir Poutine, réélu président en 2011, tient son pays d'une main de fer. Sarkozy devenu consultant en avait fait l'un de ses premiers clients. Aux Etats-Unis, Sarah Palin a succédé à Barack Obama, assassiné avant la fin de son mandat.
En 2020, le monde est "stone", comme disait une vieille chanson des années 1980.
Merci à Dagrouik, pour cette idée de billet futuriste mais réaliste.