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C’est à un beau voyage dans le temps, comme une traversée du miroir, que nous a proposé l’Opéra de Monte Carlo pour son premier concert donné dans le cadre du Centenaire des Ballets Russes.
Alors, découvertes ? Oui, certainement pour quelques pages rarement jouées qui trouvaient dans le cocon doré de la Salle Garnier un écho particulier.
Sinon, de Tchaikowsky à Glinka ou Moussorgsky, seul l’air extrait de la très rare Francesca da Rimini de Rachmaninov faisait figure de nouveauté. Mais ne boudons pas notre plaisir…
Très bonne idée également d’avoir invité l’Orchestre du Teatro Carlo Felice de Gênes dont on ne dira jamais assez l’excellence. Voilà une phalange digne des plus grandes avec en prime un premier violon à la jovialité toute méditerranéenne.
Si la participation des Chœurs Maison relève de l’anecdotique, le final, bissé à la grande satisfaction du public, tiré de l’opéra de Rimsky Korsakov, La Fille des Neiges, réunissant solistes et chœurs, a soulevé un enthousiasme indélébile.
On peut imaginer le stress du sympathique Jean-Louis Grinda devant trouver illico presto en quarante huit heures une mezzo et un ténor en remplacement des artistes initialement affichés.
Marina Proudenskaïa a relevé le défi de belle manière avec deux airs (La Fille des Neiges et la Fiancée du Tsar) chantés sans faute, l’émotion au bord des lèvres, et… sans répétition aucune !!!
Associons à son succès mérité le baryton Eltchine Azizov, sa participation in extremis au concert relevant pour lui aussi de l’exploit olympique. Une superbe clef de fa comme seuls savent nous en « livrer » les pays de l’Est… Franchise des attaques, voix de toujours, pleine, ronde, saine. Avec en prime ce plaisir de chanter dans son arbre généalogique. Son Onéguine, habité comme, pas deux renvoie les plus illustres titulaires du rôle titre, actuels ou passés, aux oubliettes.
Après un début à froid laissant planer quelques doutes, le ténor roumain Teodor Ilincai s’imposa sans peine dans le quatuor d’Onéguine, avec ici et là ce je ne sais quoi vocalement du jeune Gedda…
La basse Alexei Tikhomirov, pour sa part, ne fit qu’une bouchée de ses deux airs grandiose ment profonds, avec une préférence pour celui de Grémine, pétri d’humanité et de sincérité.
Dinara Alieva acheva de nous séduire. Cette soprano a tout pour elle : un physique de rêve et une voix qui rappelle irrésistiblement celle de la Vichnevskaïa.
Très à l’aise dans les envolées lyriques de Francesca da Rimini - Jean-Louis, voilà un ouvrage à ressusciter ! – elle donna, avec Eltchine Azizov, un éclat, un relief inhabituel au pathétique duo final entre Onéguine et Tatiana.
A la tête de la phalange génoise, Dmitri Jurowsky se montra le plus délicat des chefs, tissant un écrin sonore somptueux pour ses solistes, enlevant dans un élan, une virtuosité irrésistible, les célèbres et colorées ouvertures de La Nuit de Mai ou Rousslan et Lioudmilla.
En conclusion, une heure trente de bain de lait.
Les rares absents, encore une fois, ont eu tort de ne pas venir.
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