C’est plus fort que lui, Nicolas Sarkozy ne peut pas s’empêcher de
fanfaronner lorsqu’il considère qu’il a gagné !
Cette fois-ci, c’est la nomination de Michel Barnier au poste de commissaire
européen au Marché intérieur qui lui permet de se gargariser tout haut de son
succès face aux Anglais qu’il qualifie de « grands perdants de
l'affaire » !
Même si la nomination d'un français, à un portefeuille d'autant plus
stratégique qu'il n’a pas été dépouillé de ses prérogatives en matière de
services financiers, est effectivement une victoire pour lui, il est à la fois
stupide et contreproductif de narguer les anglais en chantant « on vous a
niqué, on vous a niqué » !
Il est pourtant bien évident que rien n’avancera en matière de régulation
financière sans la coopération des anglais !...On peut le regretter mais la
City est, de loin, le plus important centre financier européen et c’est mettre
les autorités anglaises dans l’embarras que d’aller clamer « Après
tout ce qui s’est passé avec la crise financière, c’est quand même très
rassurant que ce soient les idées françaises de régulation qui triomphent en
Europe » !
Rappelons à notre bien aimé Président de la république Française qu’un
commissaire européen n’est pas nommé pour servir les intérêts de son pays ou
pour servir de courroie de transmission aux belles idées de son vaniteux patron
!
D’ailleurs les réactions des banquiers anglais et plus gênant encore de la
presse anglaise sont éloquents sur la manière dont ces propos de matador ont
été perçus : « Le Daily Telegraph a décrit M. Barnier comme un
"'béni-oui-oui' de Nicolas Sarkozy" et le Times a comparé
"l'antipathie" du président à l'égard de Londres à celle autrefois affichée
par le général de Gaulle ou même... Napoléon. » (cf.
ici).
Ce n’est pas en humiliant les anglais que l’on fera avancer le complexe
schmilblick de la régulation financière. Contrairement à ce que l’on peut
penser plusieurs voix très autorisées en Grande-Bretagne comme Lord Turner, le
président de la Financial Services Authority (équivalent de notre AMF), prônent
des
changements forts dans les pratiques et la réglementation financière allant
même jusqu’à préconiser une « taxe
Tobin » !
Présenter, d’entrée, Michel Barnier comme un représentant de la France ce
qui revient à lui mettre dans le dos une étiquette avec marqué
« Attention, régulateur fou » ne rend certainement pas service au
pauvre Barnier qui sera obligé de ramer pour prouver son
impartialité ( mais ça Sarkozy s’en fiche probablement royalement) mais
cela ne rend pas non plus service aux quelques uns, en Grande-Bretagne, qui ont
déjà fort affaire avec le puissant lobby des banques pour faire accepter un
renforcement de la régulation !
Pour terminer je cite texto la conclusion du billet de
Georges Ugeux sur le sujet : « Le jour où la France aura compris
que l’arrogance la condamne à des victoires à la Pyrrhus, nous aurons fait un
grand pas en avant dans notre capacité de construire l’Europe. Avoir le
triomphe modeste n’est décidément pas en Cour à l’Elysée. Cela serait seulement
ridicule si ce n’était pas dangereux. »
Que dire de plus ?