Éditions du Masque
281 pages
Résumé:
Neige, guirlandes, dinde aux marrons et feu dans la cheminée... Que manque-t-il à ces images d'Epinal de la période de Noël ? Un cadeau, bien sûr ! Mais un cadeau mortel, comme il se doit pour tout amateur éclairé de romans policiers.
Couteau, poison, revolver, enlèvement, quelle arme choisir pour emballer ce délicieux présent ? Le placera-t-on dans la cheminée, dans le pudding, dans le bas de laine ou sous le chapeau de ce bonhomme de neige amoureusement confectionné ?
Qu'ils officient dans le crime en chambre close - Edward D. Hoch -, le suspense - Susan Moody - ou chez les fantômes - Peter Lovesey -, tous les écrivains présents dans ce recueil font de la fête de la Nativité le cadre des actions les plus viles et des manigances les plus noires...
Mon commentaire:
J'aime beaucoup les recueils de nouvelles présentés par Jean-Pierre Croquet. Ils nous offrent la possibilité de découvrir des histoires qui seraient introuvables en français autrement. Plusieurs ont été publiées dans des revues aujourd'hui oubliées, d'autres font l'objet de recueils uniquement en langue anglaise. Petits crimes de Noël n'est pas le premier que je lis de cette série. J'en lis et relis chaque année, même si la qualité de chaque recueil est un peu ingéale. On trouve du bon comme du moins bon, certaines histoires sont de petits bijoux alors que d'autres me laissent de marbre. Cependant, pour les découvertes que ces livres nous procurent et parce qu'ils nous permettent de lire certains textes qui nous seraient autrement inaccessibles, cette lecture en vaut largement la peine!
Le recueil Petits crimes de Noël comprends les nouvelles suivantes:
Le Big Boss de Woody Allen
Un "flic privé" doit se mettre en quête de Dieu pour prouver ou non qu'il existe.
Je ne connais pas très bien Woody Allen puisque son travail ne m'attire pas beaucoup en général. Je ne sais pas si tous ses écrits ressemblent à cette histoire. Étrange, bizarre, un peu à côté de la plaque, avec un langage qui m'exaspère plus qu'autre chose...
Woody Allen termine même sa nouvelle en indiquant: "Comment ça, ce n'est pas une histoire de Noël!"... et c'est exactement l'impression que j'ai eu en la terminant. Décidément, je ne suis pas sensible à l'humour de ce monsieur.
Christmas Pudding de Agatha Christie
Christmas Pudding raconte un Noël familial classique, auquel est convié Poirot car il a une affaire à résoudre.
J'ai relu avec grand plaisir cette histoire, qui me plaît énormément. Je l'avais lue l'an dernier dans le recueil d'Agatha Christie qui s'appelle aussi Christmas Pudding. C'est donc une excellente histoire qui a le mérite de nous offrir un Noël anglais, un pudding flambé et une enquête divertissante. À lire!
Une éprouvante nuit de Noël de Arthur Conan Doyle
Cette histoire ne met pas du tout en scène Sherlock Holmes, mais plutôt un tranquille médecin, spécialisé dans les explosifs et les sciences. On vient alors le chercher chez lui, la nuit de Noël, pour une consultation. Il aurait mieux fait de rester chez lui...
J'ai peu lu Conan Doyle lorsqu'il parle d'autres choses que de son célèbre détective. J'étais contente de mettre la main sur cette histoire. La chute finale est peu prononcée, mais l'histoire garde le lecteur surpris et en haleine devant ce qui va se passer. L'intérêt de cette nouvelle tient aussi du cadre de l'histoire que de l'intrigue en elle-même. J'ai bien aimé.
Fantôme de Peter Lovesey
La nouvelle de Peter Lovesey est probablement l'une des plus intéressantes du recueil, Elle est totalement réjouissante dans le déroulement (et surtout dans les dernières phrases) de l'intrigue. Un fantôme a été aperçu dans une grande maison de Bath. Un policier y est installé pour voir lui-même ce qui s'y passe. Il y fera une heureuse rencontre...
Le retournement de situation dans cette histoire est ce qui la rend originale tout en nous offrant un récit classique (du moins, le croit-on) de fantômes. Cette nouvelle me donne très envie de lire autre chose de Lovesey. À lire!
La tombe solitaire de Thomas Hardy
C'est la seconde nouvelle de Thomas Hardy que je lis dans un recueil de Noël et elle est comme la première, de qualité. Un recueil de nouvelles choisies est d'ailleurs paru en 1984. J'ai bien envie d'essayer de le trouver. Il me faudrait aussi lire Hardy le romancier, car je ne le connais pas encore sous cette facette.
La tombe solitaire est empreinte de grisaille et de tristesse. Ce n'est pas chez Hardy que l'on retrouve de jolis contes de Noël remplis de bonheur et d'allégresse. Je me demande bien pourquoi ses textes sont si sombres... toutefois, ils sont d'une étonnante qualité. La tombe solitaire de fait pas exception, en nous offrant l'histoire triste d'un père et son fils, ainsi qu'une promesse non tenue qui mène au désespoir... Un auteur que je commence à découvrir et qui me plaît beaucoup, malgré la grisaille et le malheur dépeint dans ses textes.
Le Sang répandu sous le gui de Margery Allingham
Cette nouvelle se passe dans une villa, où certaines gens fort riches y demeurent en pension. Un inspecteur y est appelé. Je n'ai pas vraiment aimé cette nouvelle qui m'a semblée très longue et qui n'apporte pas grand chose de neuf...
L'Heure du thé de Marjorie Bowen
Cette histoire-ci se rapproche beaucoup de celle de Lovesey dont j'ai parlé un peu plus haut. Elle est bien menée et beaucoup de nouveaux aspects apparaissent au fil de l'histoire. On en apprend sur le passé des personnages, sur les liens qui les unissent ainsi que sur les desseins des uns et des autres. La chute est mémorable et la conclusion, à la hauteur de ce que j'attends d'une nouvelle. Tout tourne autour de ce fameux pot de thé au lait dont on parle si souvent... À lire!
Le Clocher de Noël de Edward D. Hoch
Voilà un mystère de chambre close bien intéressant! Le crime a lieu dans un clocher, toutes les circonstances font qu'on ne peut qu'accuser une seule personne. Cependant, ce qui se cache au fond des choses est bien étonnant!
Cette nouvelle a la particularité d'offrir un contexte intéressant: la venue de gitans dans un petit village, gitans qui ne sont pas appréciés par les villageois et qu'on souhaite voir partir. Le pasteur toutefois, les invite à la messe de Noël et c'est là que tout se complique... Une très bonne nouvelle.
Le Tarnhelm de Hugh Walpole
Hugh Walpole est l'un des descendant du célèbre Horace Walpole, l'auteur du Château d'Otrante. Pour le replacer dans le contexte historique, Horace est né en 1717 et Hugh en 1884.
Le Tarnhelm recrée toute l'atmosphère frissonnante des vieux château et des mystères qui y sont rattachés. Je n'ai pas encore lu le célèbre roman de Horace Walpole, cependant je peux affirmer que son descendant joue en quelque sorte dans le même registre avec cette nouvelle. Tout est dans l'atmosphère et dans le personnage orphelin et fragile du narrateur, un petit garçon de 8 ans. Cette histoire offre une sorte de mélange des légendes anciennes et de Frankenstein. Un très bon crû!
Ma chair et mon sang de Susan Moody
Cette nouvelle est très triste. Elle joue en quelque sorte avec les sentiments d'un jeune garçon pour une famille qu'il n'a pas connu. Il a cherché la vérité toute sa vie sur ses racines et lorsque celle-ci lui est enfin révélée, il en perd tous ses moyens. L'histoire est remplie de retours en arrière et tout débute avec deux photos prisent des années avant, pendant un réveillon...
Cette nouvelle se laisse lire, mais elle n'est pas très heureuse. Je l'ai plus ou moins aimée, finallement.
Voilà donc pour la fin de ce recueil qui, même s'il n'est pas égal, m'a offert de bons moments de lecture. J'ai eu le plaisir de découvrir d'excellentes nouvelles comme celles de Peter Lovesey ou de Marjorie Bowen. J'ai pu relire avec joie la nouvelle d'Agatha Christie et découvrir le descendant de Walpole qui écrit, ma foi, très bien.
Le recueil est complété d'un petit dictionnaire des différents auteurs et la provenance de chaque nouvelle.
Un extrait:
"Je fus heureux de ne pas aller chez l'un ou l'autre de mes autres parents pour ce Noël, et surtout chez mes cousins de Cheltenham qui me tourmentaient, se moquaient de moi et faisaient toujours un bruit épouvantable. Ce que je désirais le plus au monde c'était pouvoir lire en paix. D'après ce que je compris, Faildyke Hall possédait une magnifique bibliothèque. Ma tante m'accompagna à la gare. De son côté mon oncle m'offrit l'un des plus sanglants romans de Harrisson Ainsworth, Les Sorcières du Lancashire, et je possédais cinq barres de chocolat à la crème. De sorte que ce voyage-là fut pour moi aussi heureux que possible. Je pu lire tout à mon aise. Je ne demandais guère plus à ce moment-là à la vie."
Extrait de Le tarnhelm, Hugh Walpole, p.224