Magazine France
Je suis né dans un « endroit » où la terre est généreuse, où l’eau est fraîche et abondante.
Je suis né dans une « contrée » où le climat est agréable à vivre et favorable aux cultures.
Je suis né dans le pays qui a inventé les « Lumières » et qui a ouvert le chemin des « Droits de l’Homme »
Je suis né dans un pays de « Liberté » mais également de « d’Egalité et de Fraternité ».
Pourquoi suis-je né dans ce pays et quel en est mon mérite ?
Si j’étais né dans un pays où le soleil brûle la terre du matin au soir et à longueur d’années
Si j’étais né dans un pays où mon estomac serait régulièrement tenaillé par la faim et où mon enfant assoiffé serait menacé par la malnutrition
Si j’étais né dans un pays où l’eau est si rare que je devrais marcher des heures durant pour trouver quelques litres.
Si j’étais né dans un pays où les Droits de l’Homme seraient cernés par le despotisme, la guerre ou la corruption
Alors je me poserais probablement la question : pourquoi suis-je né dans un tel pays et quel en est mon démérite ?
Nous le savons tous, nous ne choisissons pas notre lieu de naissance et les citoyens des pays riches ont une chance insolente de naître du bon côté d’une barrière infranchissable, une chance uniquement imputable au hasard…
Alors, la façon dont nous traitons la famine, les personnes qui quittent tout dans l’intention de trouver un peu d’espoir,un peu d’humanité, est révoltante.
Tous les chefs d’Etat vont bientôt se rendre au chevet du climat à Copenhague sous les feux des projecteurs alors qu'ils ont boycotté littéralement le sommet de la FAO qui s’est tenu à Rome le mois dernier où les enjeux étaient l’éradication de la faim dans le monde.
C’est vrai que le réchauffement climatique est une chose sérieuse : il va même toucher les pays développés, alors il faut réagir !
Pendant ce temps, un ministre français probablement à la recherche de notoriété, lance un débat qui ne peut attendre sur l’identité nationale.
Tout cela me semble bien déplacé car si nous ne pouvons pas décider l’endroit où nous allons naître, nous sommes tous des citoyens du monde qui possèdent un cœur, des capacités d’amour et de souffrance.
Je ne pense pas que les migrants quittent leur pays de gaieté cœur comme si un matin « en se rasant » ils décidaient d’aller habiter ailleurs. Car migrer cela doit être très difficile : c’est quitter sa famille, sa culture, ses racines.
Aujourd’hui les migrants sont poussés à partir par une force intérieure qui doit probablement s’appeler « espoir » : espoir de pouvoir nourrir sa famille, d’oublier la misère, la guerre…
En arrivant sur le sol de l’espoir, les migrants trouvent l’accueil de l’indifférence, de l’orgueil de ceux qui sont nés au bon endroit .
Alors oui, je connais la célèbre formule : « on ne peut pas accueillir tout la misère du monde »
Mais il ne s’agit pas d’accueillir tout le monde mais de mettre en place une véritable coopération – pas une coopération de façade – et notre Ministre zélé aurait mieux fait de convaincre ses collègues de ne pas diminuer les crédits aux développements en les passant, contrairement aux promesses françaises, de 0,7% à 0,5 %.
C’est en permettant à tous de VIVRE quel que soit l’endroit où nous sommes nés que l’on devrait se mobiliser et non pas à construire de nouvelles barrières entre les peuples.
Alors organisons nous autrement dès maintenant car bientôt viendront s’ajouter de nouveaux migrants : ceux du changement climatique.
Dominique Lemoine