Nicolas Sarkozy avait commencé la semaine, sa 135ème depuis son élection à l'Elysée, par quelques interventions bien préparées. Mais la machine s'est grippée. Son discours "écologiste" de circonstance était irresponsable. Son autosatisfaction face à la gestion de la crise également. Et son débat sur l'identité nationale a gravement dérapé dans le néo-populisme xénophobe.
Sarkozy, eco-irresponsable.
On parle beaucoup d'éco-gestes, d'éco-responsabilité. A quelques jours de son démarrage, le sommet de Copenhague a failli occuper les esprits. Le week-end dernier, Nicolas Sarkozy avait lancé le coup d'envoi de la campagne régionale de l'UMP, en cloturant son conseil national à Aubervilliers. Après l'immigration, l'insécurité, et la fiscalité, voici qu'il déclarait un nouveau thème de campagne, fort à propos : "l'écologie populaire". Copenhague oblige, Sarkozy a doublement intérêt à surfer sur la vague verte. Tactiquement, la manoeuvre est d'abord évidente: plus les listes d’Europe Ecologie seront fortes, plus le Parti Socialiste souffrira. Il lui faudrait également chiper une fraction de l'électorat écolo, sociologiquement UMP-compatible, ces bobos plutôt aisés, sensibles à la planète mais accros au consumérisme. D'où cette aberration politique et intellectuelle né dans l'esprit du Monarque : "l'écologie décomplexée", un mélange de productivisme et d'environnementalisme. On pourrait être vert et consommer comme avant. Il suffit juste de remplacer le pétrole par le nucléaire, et tout ira bien. Les pauvres ont bien le droit de polluer à leur tour ! "Tout l'intérêt de Copenhague, c'est qu'on ne demande pas aux pays de choisir entre la croissance et la protection de l'environnement" a expliqué le Monarque.
Avec de telles déclarations eco-irresponsables, Sarkozy a beau jeu de convaincre le Brésil et d'autres économies dites émergentes de se rallier à lui. Le sommet de Copenhague est un prétexte idéal pour le Monarque : Nicolas Sarkozy sait que Barack Obama est coincé par son système institutionnel et sa réforme du système de santé aux Etats Unis. Nicolas Sarkozy a aussi des ambitions modestes, afficher des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, rien de plus.
La machine UMP a des ratés
Cette semaine encore, la Sarkofrance a aussi été marquée par des petites polémiques, qui ont sabordé les efforts de relance de la machine UMP. Le story-telling présidentiel trébuche. Quand Borloo va à Deauville assister aux Ateliers de la Terre et parler environnement, il est filmé repartant en jet. Il croise Rachida Dati, qui dévoile à un journaliste toute son ignorance en matière environnementale : le sommet de Copenhague viserait, selon, à "réduire de 2 degrés la température du monde".
Quand l’UMP lance sa campagne électorale pour le prochain scrutin régional, elle devient la cible de critiques et des railleries. Son clip de campagne « la France change » est un montage d’images de familles … américaines. Xavier Bertrand « assume ». De mauvaises langues à l'UMP expliquent que Bertrand a sans doute pris la même agence de com' que le Parti Communiste Chinois, avec lequel l'UMP a signé un accord de partenariat et d'échanges d'informations...
Quand Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, évoque le Conseil National de la Résistance, un matin sur une radio publique, on lui renvoit la révélation de ses émoluments : 290 000 euros, dont la moitié payée … par le Conseil d’Etat où il ne travaille pourtant pas. Le conseiller réagit très mal: « On n’est pas dans un régime totalitaire. On n’est pas en Chine ». Guaino apparaît gêné, l'oeil gauche cligne nerveusement et abondamment.
Autosatisfaction irresponsable
Mardi, Nicolas Sarkozy s'est déplacé près de Toulon pour dresser lui-même le bilan de ses actions contre la crise financière et économique. Sans surprise, le président tombe dans l'autosatisfaction comme Obelix dans sa marmite de potion magique: « La France repart plus fort, et avant les autres. » Le plan de relance et ses "1000 chantiers" seraient une réussite. Pensez-vous, grâce à la crise, l'Etat s'est décidé à rénover quelques prisons, à mettre aux normes de sécurité des établissements de santé et le tunnel de Fréjus... Sarkozy cite la France en exemple: "La récession cette année en France sera de -2, -2,1%; elle sera en Allemagne de -5%". Mais en Allemagne, le déficit budgétaire sera de 3% du PIB… contre 8% en France. En Sarkofrance, l’endettement public est massif et sans issu : 84% du PIB en 2010, sans doute 100% d’ici 2 ans. La Sarkofrance, contrairement à ses voisins, n'a plus aucune marge de manoeuvre budgétaire. Le futur grand emprunt a été ramené à 35 milliards. Mardi, Sarkozy a tenté de faire le tri entre bonne et mauvaise dettes. Pourrait-on faire le tri entre bon et mauvais président ?
Le Monarque s'est félicité du sauvetage des banques, de la moralisation des rémunérations des grands patrons de ces établissements, de la "suppression" des paradis fiscaux. On sourit. Les paradis fiscaux, c'est-à-dire des pays à la fiscalité ultra-attrayante, sont toujours là. Ils ont simplement changé de nom. Depuis l'été où il a brandit un fichier de 3000 contribuables évadés en Suisse, Eric Woerth a bien du mal à convaincre ces "émigrés fiscaux" de retourner au bercail. A peine 800 ont finalement franchi le pas.
Mardi, Nicolas Sarkozy s'est surtout bien gardé de parler précarité. Le chômage explose, comme une bombe à retardement: 111 000 personnes supplémentaires se sont inscrites à pôle emploi en octobre. A ce rythme, on atteindra les 5 millions d'inscrits d'ici 4 mois. Lundi, les Restos du Coeur ont réouvert leurs portes. Ils s'attendent à battre tous les (tristes) records.
Banquiers irresponsables ?
L’autosatisfaction présidentielle finit par être gênante. Les banquiers britanniques ont peu apprécié les propos de Sarkozy sur les origines anglo-saxonnes de la crise mondiale, quand il félicita Michel Barnier pour sa nomination à la Commission Européenne. Ils ont publié un violent communiqué, mardi dernier : «M. Sarkozy a ébranlé l'Union européenne avec ses déclarations ». Ils ont raison. On sait d’abord que la récession n’a pas été provoquée par les secousses boursières et la crise des subprimes de l’année 2007. Le renchérissement des matières premières et de l’énergie, de 2001 à 2007, devait inévitablement secouer l’économie mondiale à un moment donné. On sait aussi que la politique économique française, dans ce contexte de ralentissement avant l'été 2008, a été anachronique : en déplafonnant et défiscalisant les heures supplémentaires, Nicolas Sarkozy a favorisé la destruction de l’emploi de courte durée. Rappelons que le chômage en France a commencé, malgré les tripatouillages statistiques habituels, dès juin 2008. Enfin, entre Nicolas Sarkozy fustiger le « capitalisme anglo-saxon » a quelque chose de cocasse. Le Monarque joue aux « repentis » : les vagues de privatisation d’entreprises publiques en 1986-1988 puis en 1993-1995, dont il a été l’un des artisans, ont favorisé le développement de la Bourse, avec, en corolaire, celui des stock-options et autres parachutes dorés, et le pilotage des entreprises sur des critères de rentabilité actionnariales. Sarkozy est amnésique. Tacler la finance anglo-saxonne est une manœuvre de plus. Enfin, on se rappelle les déclarations admiratives du Monarque, avant et après son élection à la Présidence, en faveur du « modèle anglais » qui se sert « tous les jours de la Livre sterling pour avoir 1% de croissance de plus que nous ».
Gordon Brown, le premier ministre britannique, l’a évidemment mal pris. Vendredi, le Wall Street Journal rapporte qu’il a « reporté » une rencontre de travail sur le sommet de Copenhague prévue en fin de semaine.
Le "sublime" débat d'Eric Besson
En mélangeant l’immigration et l’identité nationale dans un débat à visée électoraliste, le gouvernement ouvrait une boîte de Pandore. Le débat a, cette semaine, tous les dérapages qu’il pouvait comporter. Le Front National ne s’y est pas trompé, en clamant qu’il réclamait ce débat depuis des lustres. Le questionnaire transmis par les services de l’identité nationale aux préfets de la République comportait déjà, il y a un mois, de sales questions, de douteux rapprochements. Il y a 8 jours, Eric Besson a commis une autre bévue. En quittant une rencontre sur le sujet, qui ne rassemblait que des élus, militants et sympathisants UMP, le ministre reconnaissait qu’il lui avait manqué un jeune Français d’origine immigré qui ne ne sente pas Français pour que la réunion fut parfaite. Besson cherche encore ses bouc-émissaires. Quelques heures plus tard, le maire UMP d’une petite commune a dérapé au journal télévisé de France 2. Eric Besson applaudit: "Je me réjouis qu'il y ait des réflexions de comptoir, ça fait partie de l'identité nationale". Certains leaders UMP sont gênés depuis le début, d’Alain Juppé à Jean-Pierre Raffarin, et même Jean-François Copé. Le site internet, créé à cet effet, a dû être purgé de plusieurs milliers de contributions xénophobes, comme l’a reconnu Eric Besson lui-même cette semaine.
Puis la Suisse s’est invitée dans le débat franco-Français. Le Figaro publie alors un sondage aux questions absurdes : êtes vous favorables à l’interdiction de la constructions des minarets en France ? Aucun minaret n’est prévu en construction en France. Qu’importe, il faut agiter le chiffon rouge de l’islamisation rampante du pays jusqu’au bout ! La fachosphère se réjouit. La droite républicaine tousse. Et si Eric Besson avait trop joué au pompier pyromane ?
Vendredi, Nicolas Sarkozy ne s’est pas rendu à un débat sur la fameuse question: "qu'est-ce qu'être Français ?". François Fillon a fait, une fois de plus, le sale boulot à sa place. Le Monarque s’est réservé, paraît-il, pour une intervention télévisée la semaine prochaine. Nous sommes impatients. Fillon, lui, a livré sa conception de l'identité française. A l'écouter, on était gêné pour lui. Sa réponse était si sincère, et tellement sans rapport avec les problèmes urgents du pays : être Français, donc, signifierait être «frondeur», avec un «tempérament d'ingénieur», un goût pour converser et polémiquer, et de la polémique, de l'orgueil mais aussi le sens du collectif, être attaché au droit et à l'Etat... Le même jour, Eric Besson a été une nouvelle fois chahuté. Il aime cela. Sa position sarko-mimétique semble être surtout sado-masochiste.
Ecologie, identité, économie, l'irresponsabilité est protéiforme en Sarkofrance.
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