Les grands personnages annoncent leur visite officielle à l’avance… Cela permet aux gens de se préparer à leur visite, afin d’être prêts… Quand le Président d’un pays se rend en visite officielle quelque part, les agents chargés de la sécurité, les journalistes et les diplomates le précèdent pour que tout soit prêt. C’est vrai aussi pour le Pape quand il fait une visite pastorale... A l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse à Sydney en 2008 les diocèses australiens ont effectué une préparation qui a duré deux années. Actuellement, en Espagne, les préparatifs ont déjà commencé pour les JMJ de Madrid qui auront lieu du 16 au 21 août 2011. Lorsque nous-mêmes recevons quelqu’un d’important à manger, nous ne commençons pas à faire les préparatifs au dernier moment non plus. Nous voulons que ça se passe bien, nous ne voulons pas que notre hôte soit incommodé par notre manque d’attention ou de négligence.
C’est exactement ce qui se passe dans l’Evangile de ce jour. Jean Baptiste est le précurseur du Christ, celui qui est envoyé pour annoncer sa venue et préparer le peuple à l’accueillir. C’est pourquoi Jean joue un rôle central dans la liturgie de l’Avent, car l’Avent est le temps où l’Eglise fait mémoire de la première venue du Christ, se prépare à sa nouvelle venue spirituelle pour Noël de cette année, et désire sa venue définitive dans la gloire à la fin de l’histoire.
Le mot "avent", en fait, vient du mot latin qui veut dire “venant vers“… Jésus est celui qui vient vers nous d’une nouvelle manière ce Noël, et le message de Jean Baptiste est là pour nous aider à être prêts…. Saint Luc accentue l’importance de la venue du Christ en rappelant que l’Ancien Testament a prophétisé non seulement la venue du Christ, mais même l’apparition de son précurseur, Jean… Et cette prophétie, qui résume le message de Jean, nous offre deux enseignements.
D’abord elle nous dit ce que nous avons à faire pour nous préparer à la venue du Christ dans notre vie et dans la vie de ceux qui nous entourent. Nous avons à prépare la voie, en comblant les ravins, en aplanissant les collines et les montagnes, en rendant droit les passages tortueux et en aplanissant les routes déformées. Ces images proviennent d’une scène typique du monde ancien, avant l’apparition du béton et de l’asphalte. Quand un roi ou un empereur faisait le tour de ses territoires, ses officiels le précédaient pour s’assurer que les routes soient sûres et sans danger (au temps d’Isaïe, bien avant l’avènement de l’Empire romain, les routes étaient notoirement dangereuses)… pour que le roi ne soit pas retardé et moins exposé aux embuscades de l’ennemi…
De la même manière, nous sommes régulièrement appelés à examiner notre cœur, notamment dans le temps, joyeux mais pénitentiel, de l’Avent… Il nous faut prendre du temps pour bannir le bruit et le stress de notre monde. Nous devons regarder notre cœur pour voir où l’égoïsme a mis des obstacles à notre relation avec Dieu et le prochain. Nous avons à voir où des habitudes de paresse et de sybaritisme ont affaibli notre autodiscipline. Chacun de nous a besoin de boucher les nids de poule et d’enlever les débris, pour que la grâce que Dieu tient en réserve pour nous durant cet Avent puisse s’écouler dans nos cœurs sans obstacles. Le cœur est la route que Dieu veut emprunter pour entrer dans notre vie et la transformer ; à nous de faire le nécessaire pour que cela puisse se faire. Il n’y a pas de meilleur moyen pour cela que de se préparer à faire une bonne confession.
Deuxièmement, Isaïe nous dit pourquoi nous devons nous préparer à la venue du Christ. Il dit que « tout homme verra le salut de Dieu ». Quel merveilleux rappel du fait que nous avons tous besoin de la grâce de Dieu, nous et toute la famille humaine. La paix du cœur, la joie à laquelle nous aspirons plus que tout, est hors de notre portée de pécheurs. Nous avons besoin de quelqu’un pour nous l’apporter dans ce désert de notre exil sur cette terre et pour nous donner accès aux eaux de la vie éternelle.
Nous avons besoin d’un Sauveur. Si ce n’était pas le cas, si nous étions capables d’y arriver par nous-mêmes, alors Jésus n’aurait pas eu besoin de venir sur terre. Dieu n’aurait pas dû inventer Noël. Nous n’aurions pas besoin de l’Avent, ni de la religion tout court d’ailleurs.
Mais le fait est que en avons bien besoin. Ce monde et notre nature humaine déchus ont été empoisonnés par le péché, et seul Dieu a l’antidote : sa grâce. Jésus vient en permanence dans nos vies avec sa grâce pour nous sauver, comme il l’a fait de manière si étonnante il y a deux mille ans lors du premier Noël. Il veut toujours nous rapprocher de Dieu, de la plénitude de vie à laquelle nous aspirons tous. Mais il ne veut pas forcer la porte. Il nous respecte bien trop pour cela. C’est pour cela que nous devons préparer nos cœurs pour l’accueillir.
Le même mystère de ce divin partenariat entre nous et Dieu, qui est toujours prêt et capable de se mobiliser dans notre vie, est à l’œuvre dans le sacrement de l’Eucharistie. Jésus est réellement présent dans l’Eucharistie pour nous donner la grâce qui sauve chaque fois que nous venons l’adorer dans le tabernacle ou le recevoir dans la sainte communion. Sa présence vivante dans ce sacrement est signifié par la flamme vive de la lampe du sanctuaire. Mais pour que cette présence puisse se réaliser, l’Eucharistie requiert à la fois l’action de Dieu et la nôtre. Seul un prêtre ordonné peut célébrer la Messe et rendre le Christ présent dans l’Eucharistie, car seul un prêtre ordonné a reçu de Dieu par le sacrement de l’ordre le pouvoir de le faire. Mais même un prêtre ordonné ne peut pas faire l’Eucharistie à partir de rien. Il a besoin pour cela de pain et de vin, fruit de la terre, de la vigne, et du travail des hommes. Le sacerdoce lui-même illustre également ce même partenariat mystérieux : seul Dieu peut infuser le pouvoir du sacerdoce dans une âme humaine, par l’imposition des mains de l’évêque. Mais même si Dieu appelle un jeune homme à devenir prêtre, pour offrir au monde une autre échelle, cette ordination n’aura jamais lieu sans l’accord du jeune homme pour monter l’échelle du sacerdoce.
Oui, vraiment, nous avons besoin d’un Sauveur ; nous ne pouvons pas atteindre nous-mêmes au bonheur auquel nous aspirons. Mais en même temps, il nous appartient à nous d’aplanir les montagnes et de combler les ravins qui peuvent tenir notre Sauveur loin de nous. Voilà le message de saint Jean Baptiste, le message que l’Eglise veut nous donner durant ce temps de l’Avent.