Depuis mon arrivée en Chine, il y a un an, je me suis souvent demandé si l’air de Pékin était aussi nocif qu’il paraissait. Depuis la semaine dernière j'ai ma réponse: c'est bien pire que ce que je pensais.
Il faut dire que certains jours, quand on parvient à peine à discerner le bout de la rue tant l’air est chargé en particules on a peine à croire que la pollution humaine est seule responsable de ce nuage et qu’aucun phénomène climatique ne se cache derrière la chape de brouillard qui masque le ciel le plus clair de l’année.
Au premier rang des polluants atmosphériques se trouvent pourtant les poussières de charbon. A ce jour le charbon représente en effet le principal moyen de chauffage et de génération d’énergie en Chine. En brulant, ce combustible fossile dégage de très importantes quantités de particules dans l’air. A cela il faut ajouter un trafic automobile parmi les plus denses du monde avec cinq périphériques enserrant la ville de Pékin.
Ces facteurs mis bout à bout expliquent en partie la brouillard jaunâtre qui règne sur la ville les trois quart de l'année. Face à ce qui est en passe de devenir un problème de santé public de premier plan, les autorités chinoises restent elles inactives ? Pas vraiment, mais on ne peut pas tout changer du jour au lendemain et si la Chine a décide de rattraper son retard en matières d’efficacité énergétique et de préservation de l'environnement, le chemin à parcourir est tellement grand qu’il faudra sans doute une quinzaine d’années avant que l’on puisse respirer a peu près normalement a Pékin.
Et cela passera inévitablement par l’implantation de nombreuses centrales nucléaires. Areva et Westinghouse, les deux principaux constructeurs mondiaux de centrales nucléaires, se livrent en Chine depuis quelques années une batailles acharnée pour vendre leur tout derniers réacteurs : l’EPR et l’AP1000.
La Chine, comme souvent, reste pragmatique et a acquis les deux types de réacteurs, non sans imposer au passage d’importants transferts de technologie afin de s’assurer, à terme, la maitrise d’un savoir faire vital pour le développement futur du pays.
En attendant, les autorités à Pékin tentent de gagner du temps en niant le problème et empêchant la diffusion de tous relevés indépendant de la qualité de l’air dans la ville. Afin de ne pas inquiéter la population le China National Environmental Monitoring Center, un organisme public censé contrôler et suivre l’évolution du niveau de pollution en Chine et notamment la qualité de l’air dans les villes, utilise une échelle de mesure tellement large que, selon ses critères, l’air de Pékin est généralement de bonne voire très bonne qualité. Ses relevés sont notamment disponibles en anglais à l’adresse suivante : http://www.beijingairquality.cn/home.php?fcD=archive&d=12&m=11&y=2009
L'ambassade americaine possede également sur son toit une station de mesure du taux de particules dans l'air. Ses relevé son publiés chaque heure via twitter a l’adresse suivante http://twitter.com/beijingair (ce site est bien évidemment bloqué en Chine par le «great firewall » et il faut donc utiliser un proxy pour y accéder). L’échelle de mesure de la qualite de l'air utilisée cette fois est l’Air Quality Index de L’Environnemental Protection Agency Américaine.
En comparant ces deux sources le résultat est édifiant. Ainsi, par exemple, le 27 Novembre 2009 Beijing Air nous indique que la qualité de l’air de ce jour la Pékin est "good" sans plus de precisions :
Pourtant, au meme moment, sur twitter c’est un tout autre son de cloche :
Hazardous, soit la plus mauvaise qualité qui soit sur l'échelle AQI.
http://www.airnow.gov/index.cfm?action=aqibasics.aqi#mod
Avant les JO, pourtant, les autorités n’avaient reculé devant rien pour offrir aux sportifs et aux visiteurs un ciel bleu: déménagement des industries les plus polluantes, mise en place de la circulation alternée, gel de certains travaux de construction. En quelques semaines elles avaient réalise le tour de force de ramener le niveau de la pollution a un niveau tolérable.
Cependant, nombre de ces mesures n’étaient pas tenables socialement ou économiquement sur le long terme et, au lendemain des JO, la réalité a repris le dessus et l’habituelle chape de brouillard qui entoure Pékin s’est de nouveau abattu sur la ville. Plutôt que de reconnaitre le problème, les autorités préfèrent pour le moment le minimiser comme en témoignent les relevés officiels de la qualité de l’air en ville. En ces temps de crise économique l’heure n’est en effet plus aux mesures drastiques dans le seul but d’assainir l’air.
Limiter la circulation automobile ne sera possible que lorsque le réseau de transports en communs sera suffisamment dense pour permettre de transporter la population de Pékin dans toute la ville. De même le remplacement du charbon, premier polluant atmosphérique, comme principale source d’énergie nécessitera la construction d’infrastructures énergétiques alternatives. Le gaz et l’électricité nucléaire sont pour le moment les principales solutions à moyen terme.
Comme souvent en Chine les changements seront radicaux, mais ils se feront dans la durée.
De nombreux indicateurs démontrent en effet que la Chine est prête à investir massivement dans les énergies non polluantes, mais en attendant que les premiers effets se fassent sentir, dans les années à venir, les autorités ont décidé de gérer le problème de la pollution à leur manière: en contrôlant l’information. Ce faisant elles retardent pourtant la nécessaire prise de conscience du problème de la pollution parmi la population.
Au final le pragmatisme qui caractérise les chinois les amènera probablement à prendre les décisions qui s’imposent, mais d’ici là les autorités semblent prêtes à assumer le cout de la pollution atmosphérique en termes de santé publique.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 10 août à 09:34
Vraiment maintenant la pollution en Chine est très grave, moi, j'habite a Pékin, et parfois, on fait gris pendant une semaine... On a fait plusieurs recherches sur la pollution en Chine, vous pouvez voir la page suivante: http://daxueconseil.fr/?s=pollution+chine