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Morceau choisi N°10 : l'air de Pamina et Papageno

Publié le 31 octobre 2007 par Philippe Delaide

L'air "Bei Männern, whelche Liebe fühlen" (Aux hommes qui ressentent l'amour) chanté en duo par Pamina et Papageno juste avant la scène finale du 1er Acte de la Flûte enchantée constitue pour moi un des plus beaux airs de cet Opéra et incontestablement un des joyaux de l'écriture lyrique de Mozart.

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Tout y est : tout d'abord la trame musicale est un condensé du plus pur style mozartien, ensuite, on y retrouve toute l'ambigüité qui est bien sa marque de fabrique : il faut que ce soit Papageno, oiseleur un peu écervelé et naïf qui accompagne Pamina, dans une complicité quasi fraternelle pour glorifier dans cet air le but ultime de deux êtres de sexes opposés et qui est constituer un couple pour que mari et femme "atteignent à la divinité" (sic) : "riechen an die Gottheit an".

Mozart développe ici toute une mystique avec un air un peu composé comme un hymne. Il y a en effet dans ce duo quelque chose de certes touchant mais surtout de très solennel. Ne serait-ce que la courte mesure d'introduction à l'orchestre annonce le propos déclaratif de cet air. Magnifique morceau de musique d'un peu plus de 3 minutes qui, comme toujours chez Mozart, associe simplicité et mise en abîme d'une série de suggestions (comment ne pas penser à Mozart lui-même, épuisé et tiraillé lors de la composition de cette Flûte enchanté et cherchant peut-être à retrouver une sérénité personnelle et familiale révolue ?).

Parmi les versions de référence, on pourra comparer deux approches complètement opposées.

La première, celle de la version historique d'Otto Klemperer où deux chanteurs exceptionnels (Gundula Janowitz et Walter Berry) sont visiblement guidés par la solennité quasi religieuse édictée par le chef.

L'autre version, celle de Nicolaus Harnoncourt qui, en revanche, guide nettement ses interprètes (Barbara Bonney et Anton Scharinger) sur le chemin d'une sensualité débridée avec un tempo étiré à l'infini !

Lien vers un très cours extrait de cet air, tiré du site Amazon (version de Georg Solti avec Pilar Lorengar et Hermann Prey - Philharmonique de Vienne - label DECCA).

A noter que Beethoven a composé une série de variations pour violoncelle et piano sur cet air.


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