Présidentielles 2012, c’est déjà demain !

Publié le 04 décembre 2009 par Pierre

Nicolas s’est à peine habitué à la hauteur de son trône (et à celle des miroirs de l’Elysée) que déjà il est temps de penser à la prochaine échéance présidentielle. Ce dont il faut parler (parce ça préoccupe les Français) c’est de crise économique, de grippe H1N1 ou de réchauffement climatique. Pourtant, ne nous y trompons pas, les couteaux sont sortis : chaque matin en se rasant ou en se poudrant le nez, ils sont une bonne cinquantaine à s’imaginer dans le futur costume de l’homme / femme providentiel(le).

Laissons les rêver encore un peu, et examinons les enjeux politiques de ces prochaines présidentielles, bien différents à gauche et à droite.

A gauche, d’abord. De la gauche anticapitaliste au Modem, en passant par un PS en crise d’identité, on sent que la gauche dans son ensemble est traversée par de profondes interrogations sur sa vision de la société et son positionnement face à la droite. Pour simplifier les choses, nous pourrions dire que la gauche (ou les gauches) devra d’ici 2012 clarifier son positionnement sur trois questions majeures :

  • Son rapport au productivisme : remis en question par les crises environnementales actuelles et futures (épuisement énergies, réchauffement climatique, espèces menacées, épuisement des sols…), le productivisme restera-t-il encore un élément clé du socle idéologique de la gauche (et notamment la gauche de la gauche) ? Le mouvement écolo fera-t-il vraiment bouger les lignes ?
  • La place de l’Etat : quelle est la vision de la gauche sur la place de l’Etat dans la structuration et la régulation de la société et de l’économie ? L’influence de 30 ans de néolibéralisme a brouillé les convictions à gauche (cf. les privatisations de Jospin)… une position sera-t-elle clairement affichée en 2012 ?
  • La question des inégalités : la réduction des inégalités constitue-t-elle l’objectif premier de la gauche, et sa ligne de démarcation idéologique par rapport à la droite ? Au contraire de la gauche de la gauche, le PS a progressivement abandonné cet objectif depuis son accession au pouvoir en 1981. Cette position est-elle encore tenable dans une société qui voit les inégalités se creuser chaque jour davantage ?

La capacité de la gauche à s’accorder clairement sur ces trois sujets sera déterminante dans l’évolution des alliances traditionnelles, et la possibilité (ou non) de construire un discours clair face à la droite.

A droite, maintenant.

Le paysage semble relativement différent, du fait de la présence de Sarkozy.
En construisant l’UMP, puis en accédant au pouvoir, Sarkozy a réussi la synthèse entre les deux droites habituellement divisées :

  • La droite chiraquienne, celle des valeurs républicaines, du consensus et d’une gestion du style « ne changeons pas trop, ça pourrait faire des vagues » ;
  • La droite d’inspiration plus clairement libérale, partisane d’un Etat resserré sur ses fonctions régaliennes, plus dure sur les valeurs traditionnelles

La première droite lorgne sur Bayrou, la deuxième louche sur De Villiers voire Le Pen.

Par un tour de passe passe, Sarkozy a réussi pendant 2 ans à faire le grand écart entre les deux approches, mais commence maintenant à souffrir de leurs évidentes contradictions. Baisser les impôts mais faire un plan de relance + grand emprunt, libérer l’activité économique mais mettre en place le RSA et la taxe carbone, faire maigrir l’Etat mais faire exploser la dette, être à cheval sur les valeurs traditionnelles mais absoudre Mitterrand et Polanski, ouvrir à gauche et en même temps à De Villiers, etc.

Sarkozy gardera-t-il le cul entre deux chaises jusqu’en 2012, ou choisira-t-il plus clairement un camp ? Gardera-t-il l’autorité nécessaire pour faire taire les mécontents ? Pourra-t-il garder la main, ou verra-t-il émerger un concurrent sérieux dans son propre camp ?

La réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent passionnants…