François Bayrou chemine sans territoire. Dans la météorologie politique, il lui manque les deux qualités indispensables :
- la faculté de créer l'orage,
- la faculté d'installer le soleil.
Comment sortir d'une situation rarissime sous la Vème République ? Est-il devenu acteur du divertissement politique plutôt qu'acteur du pouvoir politique ?
François Bayrou ne paraît être en situation ni de créer l'échec ni de créer la victoire.
Il s'est satellisé dans un autre univers. Celui d'une " autre division " qui proteste, qui analyse, qui commente mais qui ne fait pas le pouvoir ni présent ni futur.
Le jeu moderne du pouvoir ne connaît pas ce positionnement. François Bayrou est devenu un acteur du " divertissement politique " mais pas un acteur du " pouvoir politique ".
Quand un parti politique ne compte pas un présidentiable crédible, il est désormais réduit à l'allégeance ou à la marginalité.
Un présidentiable crédible c'est un candidat qui peut soit gagner soit faire gagner. Pour l'instant, François Bayrou n'est toujours pas en situation de gagner personnellement. Mais surtout, à la différence de 2007, il a de fait choisi une alliance dans des conditions qui ne lui permettent plus de "peser" par négociation tant les ponts sont coupés avec la majorité présidentielle.
A maints égards, François Bayrou parait devenu un " Michel Jobert " des temps modernes. Michel Jobert avait créé dans les années 70 le " mouvement des démocrates ".
Esprit particulièrement brillant, il s'estimait porteur d'une certaine vérité et d'un comportement juste refusant une approche manichéenne de la vie politique. Cet " ailleurs " n'a jamais existé.
Ensuite, second facteur de faiblesse, que recouvre aujourd'hui réellement le Modem comme courant de pensées ?
La base conceptuelle de ce parti est difficilement identifiable.
Enfin, dernier facteur de difficulté, quel est le pouvoir d'évocation populaire de ce parti ?
Derrière ce terme se profile une question simple : où est la " promesse d'offre " qui peut justifier un vote ou un engagement en son sein ?
Ceux qui se reconnaissent dans un clivage binaire (droite/gauche) ne se retrouvent pas dans son approche.
Ceux qui veulent d'abord partager le destin présidentiel d'un leader " providentiel " ne trouvent pas le charisme nécessaire ni les promesses de résultats électoraux.
Ceux qui vivent leurs votes par et pour la protestation ne retrouvent dans le programme Modem ni la matière nécessaire sur les enjeux majeurs ni l'historique de combats emblématiques.
Ces trois facteurs signifient que, sans rebondissement majeur et rapide pour convaincre d'un nouvel ancrage clair, la logique à terme du Modem paraît de nature à l'inscrire dans un espace de plus en plus réduit posant à terme de réelles questions de survie.