L’annonce d’un plan social au Parisien nous rappelle que la crise des médias est loin d’être résolue. Les groupes de presse n’arrivent pas rentabiliser la migration des revenus publicitaires vers le Web et taillent dans leurs effectifs à coup de plans sociaux et de sauvegarde de l’emploi, de départs volontaires, de restructurations et autres réorganisations structurelles. Ces dernières années, l’hécatombe enregistrée dans la presse papier nous obligeait à repenser notre métier pour nous adapter à l’évolution des contenus et de l’information à mesure que la révolution numérique redessine la carte des médias.
La crise des médias se traduit par la stagnation du nombre de journalistes : 37 307 journalistes professionnels en France au mois de janvier 2009, soit autant qu’en 2001 et moins qu’en 2002 (la Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels – CCIJP – recensait alors 38 158 journalistes). Elle voit surtout se précariser la profession, qui compte de plus en plus de pigistes (d’aucuns parlent de stabilisation de leur nombre, mais de nombreux pigistes ne sont pas comptabilisés par la CCIJP), de CDD et de stagiaires, et voit plus de 2 000 personnes touchées par les plans sociaux.
Cette situation n’est pas le seul lot de la presse française, et la situation aux Etats-Unis – qui font souvent figure de « laboratoire » de la crise – génère de nombreuses inquiétudes : suppression de 100 postes de journalistes d’ici la fin de l’année au New York Times, après une première réduction de voilure de 1330 à 1250 personnes. AuL.A. Times, premier quotidien de la côte Ouest, la rédaction est passée de 1200 postes en 2001 à moins de 600 en février 2009, après le licenciement de 10 % des postes de journalistes en octobre 2008 et une réduction de la pagination de 14 %. Autre fait marquant, le Washington Post, dont la rédaction compte 700 personnes aujourd’hui, contre près d’un millier en 2003, annonçait il y a tout juste une semaine la fermeture d’ici le mois de décembre 2009 de l’ensemble des bureaux locaux. Là encore, la chute des recettes publicitaires, l’érosion du lectorat de la version papier et l’engouement du public pour les contenus gratuits en ligne sont montrés du doigt.
La crise des médias français : quelques chiffres pour y voir clair
Au niveau des agences de conseil en communication, la crise a des répercussions évidentes : les rédactions se réduisent, les journalistes doivent produire une quantité de contenu qui leur laisse moins de temps pour approfondir tous les sujets qu’ils voudraient creuser, les médias sociaux élargissent les modalités de prises de paroles et font d’Internet un outil incontournable de la ” réputation ” de leurs clients. Ce sont des faits que nous exposons régulièrement à nos interlocuteurs, mais mesurent-ils pour autant la portée de ces bouleversements ? En ce qui me concerne, la réponse est sans appel : non !
Alors pour y voir plus clair, voici un aperçu de l’étendue des dégâts, au fil de nos lectures (en ligne…).
Tempête sur les médias : panorama social de la crise
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 06 décembre à 22:46
Très bon billet, permet de remettre un peu d'ordre dans la pagaille des médias et surtout d'y voir plus clair, grâce à des données concrètes. Merci Jérémy pour ce travail !