Après L’Amant de Marguerite Duras, Dominique Czapski met en scène, Le retour un autre monument de la littérature ; œuvre du dramaturge britannique Harold Pinter. Un chef d'œuvre qui se situe au carrefour de l’absurde et du néo-naturalisme.
Après un succès retentissant, en 1961 avec <i>The Caretaker</i> (Le gardien), Pinter revient sur le devant de la scène trois ans plus tard avec <i>The Homecoming </i> (Le retour) ; une pièce qui classe définitivement son théâtre dans le genre de la <i>comédie de la menace </i>.
Avec une intrigue réduite au minimum, ses pièces prennent souvent pour point de départ une situation en apparence anodine mais qui devient rapidement menaçante et absurde par le biais des acteurs dont les actions semblent inexplicables aux yeux du public et des autres personnages de la pièce. L’œuvre de Pinter est dès le début marquée par l’influence du théâtre de l'absurde et de Samuel Beckett.
Un huis clos suffocant
L'histoire du <i>retour</i> se déroule dans "le Londres du milieu des années soixante" ; à l’époque des <i>quatre garçons de Liverpool</i>, des premiers films de Jane Birkin et du <i>Blow-Up</i> d’Antonioni.Max, un ancien boucher agressif et harcelant, vit avec ses deux fils, Lenny et Joey, et avec son frère Sam, chauffeur de taxi. Un soir, alors que tout le monde dort, le troisième fils, Teddy, revient en catimini. Teddy a réussi dans la vie. Il est professeur de philosophie et s'est établi aux États-Unis.
Il revient, accompagné de Ruth sa femme, une femme trop belle pour lui et dont le comportement apparaît vite assez trouble. Au matin, le vieux Max, d’abord furieux d’avoir été pris au dépourvu, célèbre avec joie le retour de l’enfant prodigue. Quant à Ruth, elle gagne très vite le cœur de ses beaux-frères, de tous ces hommes qui "ne veulent que son bien".
"Famille je vous hais" semble avoir été écrit pour la famille de Teddy, véritable panier de crabes ou au choix "noeud de vipères" ; la famille, avec ses tabous et ses non-dits, ses conflits inexprimés et ses pots cassés, maladroitement dissimulés sous le tapis, est au coeur de cette oeuvre puissante et dérangeante d’Harold Pinter, ce géant du théâtre britannique, qui reçut le prix Nobel de littérature en 2005.
Pendant cinquante ans, Pinter a déroulé le fil d’une oeuvre qui n’en finit pas de secouer les consciences endormies, de dilater les pupilles sur ce qui se cache sous les apparences : les élans pulsionnels et érotiques, l’immoral et le sordide, l’inexprimé et le refoulé, qui finissent toujours par refaire surface au moment le plus inattendu.
La mise en scène de Dominique Czapski donne au texte original toute sa puissance et son impact, <i>Le retour</i> n’est pas uniquement une variante de la parabole de l'enfant prodigue, mais aussi l'histoire de loups déguisés en agneaux qui accueillent au sein de leur bergerie une "brebis".
La pièce sera représentée <b>au Théâtre Antibea </b> les 11 et 12 décembre à 20:30 et le 13 décembre à 16:00, par:
Cédric Garoyan, Franck Heurtematte, Karine Keller, Elie Ouaknine, Franck Poteau et Michel Vaille.