Avec ce deuxième Ep sorti ce mois de novembre, l’Alsacien au chapeau offre sept titres alléchants, en attendant un véritable album prévu pour 2010. Sorti de l’ombre au Printemps de Bourges 2008, le gaillard conforte ses débuts prometteurs en se payant les premières parties de Wax Tailor ! Une promotion plus que méritée. Car ce n’est sans doute pas le goût commun pour les chapeaux qui a réuni ces deux ovnis, mais bien l’amour du mélange entre classique et électro. Cet homme orchestre aux bagages violonistiques de conservatoire, place en maître son instrument à cordes et le dépoussière grâce à sa maîtrise de l’ordinateur, de la guitare et du piano. Sur scène, il passe de l’un à l’autre sans aucune difficulté et bluffe le public par sa performance solo. Louis Warynski n’a pas choisi par hasard de s’appeler Chapelier Fou : son univers proche du fantastique et du monde hallucinatoire d’Alice aux pays des Merveilles est un conte en lui-même scandé par de merveilleux samples.
Son "Prélude" sonne des cloches aigües et intrigantes, rythmées ensuite par les pizzicati du violon (sans l’archet) et une mélodie sortie d’un conte ou d’un vieux film qui laisse planer le mystère.
Le deuxième morceau, "Capitaine Fracasse" est assez lent. Derrière la mélodie du piano, le violon s’exprime sous toutes ses formes, à la fois par des accords à doubles cordes, des pizzs, une mélodie parfois larmoyante et des glissades intenses et lancinantes. Le cœur se ressert, des sons de xylos et de larges samples électros font redescendre les bpm.
Autre univers, "Scandale !" et sa base plus hip hop, avec une montée rythmique des cordes, une base de percus et des nappes enveloppantes qui font penser à la musique de Wax Tailor. L’enchaînement des beats de batterie, du son saturé, puis des rythmes cassés qui déstabilisent nous déplace dans une nouvelle sphère. D’autres samples s’invitent, comme une voix en anglais, peu utilisée, avant un final puissant digne d’un orchestre symphonique.
Encore plus que dans le deuxième morceau, "Mystérieux message" est caractérisé par le style glitch, très utilisé en électroacoustique. Ici comme dans le suivant "Animaux flexibles", le "cut" des boucles est consommé sans modération : il rétrécit les sons de piano et d’orgue et donne un aspect plus trash et industriel aux samples. La fin frénétique de ce cinquième morceau pose les voix d’un personnage de cartoon.
L’enjoué "Doodling hands" et ses pizzs rapides du début est amplifié par un effet de rebondissement et répétitif. Sans être redondant grâce à l’arrivée de samples de flash de polaroïd et la clôture d’une douce mélodie au piano.
"Postlude" fait chanter le violon derrière une montée électro. Le registre en majeur et décalé, puis des cui-cui d’oiseaux rendent l’atmosphère légère. Comme une renaissance, Chapelier fou nous transporte dans un monde que l’on n’a pas envie de quitter.
En bref : Le mélange d’instruments classiques et des machines n’est pas révolutionnaire mais sa maîtrise du violon donne une touche bien particulière à cet homme orchestre. On attend avec impatience la sortie du premier album en 2010.
Le Myspace et le site officiel
"Scandale" :