Ancre

Par Jilcaplan

la rue, la pluie,
les visages qui se tiennent sur des corps en mouvements
le ciel, l'espace, le train, le métro
les paves qui luisent dans la nuit
sous les réverbères
les enseignes, les néons
l'odeur du pain qui cuit dans boulangerie
les rires qui s'échappent d'un café
un enfant qui pleure
une femme au téléphone
un couple qui s'enlace
le cœur qui bat comme un fou
la tête qui gamberge
comme une folle
les jambes qui courent
les doigts qui s'agitent
puis tout se calme
le silence vient
il n'y a plus personne dehors
je me sers un café bien chaud
je lis un peu, j'évite les pensées dangereuses
puis je me démaquille
je me brosse les dents
me tartine de crème de nuit
j'éteins les lumières de l'appartement
range la vaisselle
range les vêtements qui traînent
et je vais me coucher
avec une ancre tellement lourde en moi
que c'est comme si j'allais couler au fond des flots