Au PS, il n’y aurait plus que 64000 adhérents à jour de leur cotisation. C’est beaucoup moins qu’il y a un an, et 48 000 de moins qu’en 2007 selon Libération. Mais c’est sûrement vrai puisque Benoît Hamon le confirme. Cézigue est porte-parole du PS mais il confesse aussi, selon une formule consacrée par un vieil usage socialiste, « n’être pas encore à jour de sa cotisation ». Et Hamon de compter benoîtement sur une avalanche de chèques jeudi soir, le chèque valant permission de déposer son bulletin dans les urnes socialistes. Je me rappelle naguère avoir assisté à ce spectacle fort lucratif pour le parti, qui semble avoir multiplié les votes nationaux ces dernières années… C’est « Je paie donc je vote ». L’an dernier, je m’étais ainsi mis à jour pour pouvoir voter contre l’une et pas contre l’autre.
Cette fois, je ne me ferai pas avoir par l’appât d’une votation où le « oui » devrait largement l’emporter à toutes les questions. C’est que parmi les quelque 64000 socialistes encartés, on trouve majoritairement des professionnels de la politique (élus, cadres ou permanents) plus ceux qui aspirent à le devenir et les clients du parti (tous ceux qui pensent avoir un intérêt objectif à prendre une carte au PS). Le public des militants désintéressés et idéalistes se raréfie ou est vieillissant. Et surtout, la formulation de chaque question induit subtilement une réponse positive.
Le PS devrait donc diluer encore un peu son identité dans des primaires qui ne seront jamais qu’une opération médiatique de plus qui n’intéressera finalement que lui-même. Une sorte de piège où le parti tombe tout seul : aucun des autres partis et de leurs candidats potentiellement ou historiquement partenaires n’a en effet intérêt à lui jouer les faire-valoir. Le principe de non-cumul des mandats (applicable à la St-Glin-Glin post-régionales de 2010) sera voté alors même qu’il est défendu par plein de rénovateurs fervents qui viennent sans vergogne d’ajouter à leur députation qui une mairie, qui une présidence de conseil général ! Mieux vaut en rire… On regrettera, pour la crédibilité de l’entreprise « Consultation militante », que ces cumulards n’aient pas crû bon de prêcher par l’exemple en démissionnant dès à présent de l’un de leurs mandats…
Et comment un militant bon teint pourrait-il désapprouver les principes d’une plus grande parité, d’un meilleur renouvellement générationnel, des règles éthiques qui ne mangent pas de pain et des pouvoirs accrus au Bureau National « pour une démocratie interne aboutie » ? Le centralisme démocratique du PS ne pourra que sortir renforcé de ce scrutin. La crédibilité d’un parti devenu aux yeux de l’électorat des vraies gens celui du coup d’éclat permanent, c’est une autre histoire…
Bref, le résultat de cette grande consultation militante est couru d’avance et, pour cette raison ajoutée à bien d’autres, je ne suis pas près d’être à jour de ma cotisation !