Auteur : Charles Robert Maturin
Éditeur : Phébus/Libretto
Ma note :
Résumé :
John Melmoth quitte provisoirement son collège de Dublin pour se rendre au chevet de son oncle mourant. Dès le décès de celui-ci le jeune homme va découvrir d’histoire étrange de l’un de ses ancêtres, prétexte à plusieurs récits imbriqués qui tissent autour du personnage de l’homme errant une aura de mystère et de crainte.
Mon avis :
Gros pavé que voilà mais ô combien jouissif ! Monument du roman gothique, romantique et fantastique, le Melmoth de Maturin nous offre là une fresque recouvrant tous les aspects du mythe de Faust, du suppôt de Satan errant parmi les hommes. Dépaysant et complexe dans sa construction, ce roman a pour héros un personnage quasiment absent, dont chaque récit, écrits, rapportés, offre un nouveau décor, un nouveau thème. Les différents récits nous transportent des geôles de l’Inquisition aux jungles idylliques de l’Inde.
L’histoire de John Melmoth nous met dans l’ambiance, tandis que le récit suivant, L’histoire de Stanton, nous relate l’enfermement d’un innocent dans un asile d’aliéné, avant de nous plonger dans l’horreur avec Récit de l’espagnol, où un jeune aristocrate, destiné à la vie monacale par sa famille, tente de fuir sa triste condition. Un peu longue, cette histoire n’en est pas moins prenante, noire et violente, une dénonciation claire du fanatisme religieux. L’histoire des indiens confronte Melmoth à ses derniers penchants humains, le poussant, par la force de sa condition à corrompre l’amour, dont il fait d’ailleurs une description sublime et inattendue dans la bouche d’un tel personnage. Cette histoire est lumineuse et noire à la fois, l’espoir et l’innocence y côtoient la fatalité. Interrompue par L’histoire des amants, tragique et bouleversante, elle s’achève d’une manière cruelle et violente.
En bref, un roman multiple et un personnage aussi fascinant qu’absent, un style riche et jubilatoire, superbe. Un tour de force littéraire dont il est difficile de parler et qui me laisse béate d’admiration.