Un jour, tandis que je me livrais à cette activité, mon pied a incidemment heurté un portefeuille, partiellement recouvert d'aiguilles de pins. Une fois de retour à Paris, grâce au minitel, j'ai pu localiser la propriétaire et lui adresser un colis postal contenant son objet perdu, aussi bien enterré que son espoir de le revoir. Pour remerciement, je recevais par la poste, quelque temps plus tard, une boîte de chocolats... dont je suis friand et qui ont subi un sort rapide, sans être funeste.
Immanquablement Les herbes folles d'Alain Resnais m'ont fait penser à cet incident, depuis longtemps enfoui dans ma mémoire. Car, dans le film de Resnais, l'histoire commence un peu de la même manière.
Au sortir de la boutique un jeune homme, monté sur roulettes, lui arrache son sac et ne demande pas son reste. Dans ce sac se trouve un portefeuille. Au pied d'une voiture, partiellement engagé sous une roue, dans un parking de centre commercial, ce portefeuille sera retrouvé, un peu plus tard, vidé de ses espèces, mais non pas de ses cartes, par un homme un tantinet plus âgé que la dame, un certain Georges Palet (André Dussolier).
Au lieu de retourner le portefeuille de cette dame par la poste et de recevoir en retour une boîte de chocolats, il va déposer l'objet perdu au commissariat du coin, ce qui nous vaut une scène d'anthologie avec Bernard (Mathieu Amalric) [photo ci-dessous en provenance d'Allociné ici] qui campe un improbable agent de police, capable de consternation, puis de compassion.
A la fin la dentiste - Marguerite n'enlève pas ses pétales mais des dents, tout comme son associée, et confidente, Josepha (Emmanuelle Devos) - et le désoeuvré - la femme de Georges, Suzanne (Anne Consigny), lui laisse chaque matin une liste de tâches à accomplir, avant de partir travailler - vont s'envoyer au septième ciel de manière inattendue, mais, somme toute, prévisible, ce qui n'a aucune importance.
"Cela me semblait correspondre à ces personnages qui suivent des pulsions totalement déraisonnables, comme ces graines qui profitent d'une pente dans l'asphalte en ville ou dans un mur de pierre à la campagne pour pousser là où on ne les attend pas".
Il ne faudrait pas savoir que Resnais a 87 printemps. Mais nous l'oublions très vite parce que ce réalisateur fait avec sa caméra des prises juvéniles et tourbillonnantes, parce que la voix off d'Edouard Baer berce, avec des mots scintillants, le rêve éveillé, au royaume de l'inconscient, dans lequel nous sommes transportés, parce que les dialogues font mouche avec une grande simplicité et une grande économie de mots, parce que nous passons du calme à la tempête, et retour, ce qui nous laisse tout de même un peu étourdis.
Quoi de neuf ? Resnais.
Francis Richard
Extraits du film et d'une conférence de presse donnée par Resnais :
Nous en sommes au
502e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani, les deux otages suisses en Libye