Lorsqu’il émergea de sa torpeur, il fût prit d’un terrible mal de crâne ainsi que d’horribles sifflements dans ses oreilles. Le temps de reprendre un peu ses esprits, il se rappela qu’il portait une chaine autour du poignet, cette dernière était encastrée dans le mur. Autour de lui, c’était quasiment l’obscurité, et c’est à peine s’il pouvait voir, là enchainer dans cette pièce, un matelat, une assiette sale avec un reste de nourriture. Un gigantesque mur d’amplis avait été placé autour de lui, et tout à coup ce bruit retentissant l’aggressa jusque dans ces tripes. Cela recommençait, encore et encore, l’album « The Resistance » de Muse ; un zapping entier sur le disque, pendant des heures et des heures. Le volume était tellement fort, la musique tellement insupportable qu’il commença à se cogner la tête contre le mur, tout en vomissant le plat dégueulasse que son kidnappeur lui avait forcer à manger hier soir.
Il ne savait plus combien de temps il était là ; sans lumière du jour difficile de savoir si cela faisait une journée ou une semaine qu’il était enchaîné. Sur le hip-hop new-wave boursoufflé de Undisclosed Desires il reprit ses esprits et se rappela comment il était arrivé ici. Il prenait un verre avec d’autres chroniqueurs musicaux, c’était la fin de l’année, chacun faisait son petit bilan de disques préférés, et inévitablement tous se mirent d’accords sur la médiocrité du dernier album de Muse, là dessus les blagues allaient bon train. Puis à un moment, il s’était retrouvé seul dans ce bar, à prendre une dernière bière. C’est alors qu’il l’avait vu, ce grand type un peu renfermé, qui venait de s’asseoir à côté de lui. Sans trop savoir comment, la conversation entre eux deux avait commencé, puis le grand type lui avait offert un autre verre. Maintenant il s’en mordait les doigts, il se disait qu’il aurait dû partir tout de suite, à moins que la fatigue et l’alcool ne l’avait pas fait réagir lorsque le grand type avait fait un mouvement bizarre prêt de son verre …
Il avait été drogué puis enchainé dans cette pièce pendant son sommeil. Plus tard il fut réveillé au son de Resistance de Muse, le volume était tellement fort qu’il ne pouvait tenir plus de trente secondes sans hurler. Trop élevé, le volume sonore et la musique hideuse l’avait plongé dans un état second et il s’était recroquevillé sur lui même, comme un fœtus. Puis la musique s’était arrêtée, il s’en souvient, s’était juste après le mièvre I Belong to You (Mon coeur s’ouvre à ta voix), et le grand type était rentré dans la pièce. Il avait une hache à la main et un regard pénétrant, et le prit par le poignet. Le grand type lui avait dit qu’il avait lu sa chronique sur Muse, toutes les blagues à propos du rock pompeux et progressif, et le fait que Matthew Bellamy, LE GRAND MATTHEW, copie Queen ou encore Marillion, que c’était rien que du rock progressif de merde. Le grand type lui avait dit que ce n’était pas acceptable d’écrire des choses pareils sur la musique DU GRAND MATTHEW, que de toute façon en tant que chroniqueur, il était bien incapable de faire pareil que LE GRAND MATTHEW. Il avait commencé à bredouiller que cela n’avait rien à voir, mais le grand type avait brandi sa hache, et il s’était mis à hurler NOOON !! Le sang coulât et il perdit son index et son majeur de la main droite, sa vision se troubla et avant de s’évanouir il entendit le grand type dire « Je te ferais remporter une victoire sur toi-même, tu aimeras Muse ».
Depuis il était enfermé là, dans la cave du grand type, le fan fou de Muse. A un moment la musique s’arrêté, et malgré lui il se mit à penser à la chanson des Smiths There Is A Light That Never Goes Out. C’était son ultime acte de résistance avant que la musique ne redémarre, cette fois c’était différent, c’était pire, c’était Jeunesse Leve toi de Saez, il se mit alors à pleurer car sa torture mentale et musicale ne faisait que commencer …
Par Mathieu