Comme en témoigne à l’envi l’interview donnée à 20 minutes par Didier Lapeyronnie, sociologue spécialiste des discriminations qui revient sur les récents dérapages verbaux des politiques Racisme ordinaire: «La parole s’est décomplexée au plus haut niveau de l’Etat»…
Désolée pour votre petit-dej ou tout autre repas que vous viendriez de prendre mais le premier article du Monde Inquiétudes à droite sur les risques de dérapage du débat sur l’identité nationale que j’ai ouvert tout à l’heure m’a donné de sérieux hauts-le-cœur… Par chance, je n’avais bu que quelques cafés et pas encore mangé. Beark ! Beark ! Beark. Il y est question de la stratégie électoraliste de Nicolas Sarkozy et cela commence très bien :
“JE VEUX DU GROS ROUGE QUI TACHE.” (…) “C’est la consigne qu’a donnée Nicolas Sarkozy à ses ministres à l’Elysée en novembre. En plein débat sur l’identité nationale et à l’approche des élections régionales de mars 2010, nul besoin de délicatesse alors qu’il faut reconquérir les classes populaires de nouveau sensibles au Front national. “Le message était : “affirmez vos convictions, n’hésitez pas à cliver, les Français nous soutiennent”", raconte le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux”.
Du coup, c’est Marine Le Pen qui s’en donne à cœur joie ! Elle n’en demandait sûrement pas tant et trouve bien du grain à moudre entre les polémiques sur la “burqa” – tous les voiles islamistes devenus par dérive séman-tique et commodité journalistique des burqas – et le référendum suisse sur l’interdiction des minarets. En adoptant la rhétorique de Le Pen sur la sécurité Nicolas Sarkozy lui avait ravi une bonne partie de son électorat. Sa fille qui est nettement plus intelligente se garde bien de “déraper” : ce en quoi elle a parfaitement raison puisqu’un élu UMP le fait à sa place !
Nicolas Sarkozy n’est même pas assez intelligent pour comprendre que c’est tout à fait contre-productif sur le plan électoral puisqu’il fait ainsi le jeu du Front National en lui apportant des arguments xénophobes et racistes sur un plateau. Pourquoi ses électeurs iraient-ils voter pour la copie quand l’original leur conviendra sûrement mieux ? S’il avait quelques lettres, je lui suggérerais de méditer la fable de Jean de la Fontaine «Le singe et le chat» : Raton-Sarko lui tirant les marrons – les voix - du feu ! «Raton n’était pas content, ce dit-on»…
Je ne saurais que vous conseiller la lecture d’un article très intéresant et pertinent à cet égard de Jean-Marie Bougereau sur son blog du NouvelObs Identité nationale : quand les apprentis sorciers de l’UMP favorisent des thématiques chères à l’extrême droite. Cela commence bien : «Dès l’annonce de la “votation” suisse sur les minarets, on sentait bien que ça les démangeait. Que ça tombait trop bien cette affaire de minarets. Pas pour tous, mais pour les plus obtus, à l’instar d’André Valentin, maire UMP de Gussainville, qui vient de participer à un des débats sur l’identité nationale organisé par Eric Besson….
Je ne vous citerais que les intertitres qui tombent sous le sens… «Delors : l’Europe vieillissante aura besoin de millions de travailleurs immigrés …et peut-être même Gussainville (…) Nicolas Sarkozy a compris que le débat initié par Besson est désormais dominé par des thématiques chères à l’extrême droite (…) Pour battre le FN sur son terrain, on risque au contraire de le favoriser… CQFD !
Jean-Marie Bouguereau cite les réactions de quelques UMP sur la question des minarets : Dès Dimanche soir, le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, jugeait qu’on n’avait pas “forcément besoin” des minarets en France. Un avis partagé le lendemain de façon plus explicite par le porte-parole adjoint de l’UMP, Dominique Paillé : “Il y a évidemment des clochers sur les églises, mais c’est un héritage historique”, a-t-il noté, avant d’opérer une étrange distinction entre les “religions qui étaient là avant l’avènement de la République” et “celles qui sont arrivées après”.
Etrange distinction en effet. Pourquoi ne pas remonter à Mathusalem ? Les minarets sont l’équivalent de nos clochers. Tant qu’il n’est pas question de nous faire entendre le chant du Muezzin à pas d’heures comme s’en plaignent souvent les voyageurs… Qui doivent faire bon gré mal gré en acceptant les us et coutumes des pays qui les accueillent. Ce que nous demandons en fait aux étrangers qui viennent en France, qu’ils fussent de passage ou s’y installent.
S’il est question simplement d’une question de taille afin que les minarets n’envahissent pas le paysage de manière disproportionnée, il me semble que les prescriptions du Code de l’urbanisme sont amplement suffisantes… Il a fallu il y a déjà un certain temps, une bataille judiciaire pendant plusieurs années pour parvenir à faire démolir l’énorme statue du Mandarom,– une secte complètement givrée menée par son guru Gilbert Bourdin – construite qui plus est sans permis qui défigurait gravement le paysage à Castellane dans les Alpes de Haute-Provence.
A ma connaissance et malgré la “Reconquista”, les Espagnols se sont bien gardés de détruire la fameuse Mosquée de Cordoue, non plus qu’ils n’ont eu l’idée de raser son minaret.
En revanche, les Talibans n’ont pas craint en 2001 de détruire les deux monumentales statues de Bouddha, encastrées dans la paroi d’une falaise située dans la vallée de Bamiyan au centre de l’Afghanistan, à une altitude de 2 500 mètres. Ce qui n’était guère faire preuve d’intelligence ni de respect du patrimoine historique puisqu’elles dataient vraisemblablement du Ve ou Vie siècle et que l’ensemble du site était classé au patrimoine mondial de l’Unesco…
Il me semble qu’hélas l’hostilité envers la religion musulmane ne date ni des dérives islamistes qui entendent instaurer la Charia – loi musulmane – en France, voire nous convertir ! ni des retombées du conflit entre Israël et la Palestine non plus que du terrorisme arabe et/ou musulman. La construction de mosquées n’est jamais allée de soi et ce, depuis fort longtemps. Comme je peux être une incorrigible rêveuse quand il s’agit de paix, je me demande parfois si le partage des lieux de culte ne serait pas possible.
… à suivre
.