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Banques françaises : une santé insolente qui dérange

Publié le 03 décembre 2009 par Hmoreigne

Santé apparemment recouvrée. Les banques françaises vont engranger en 2009 de très confortables bénéfices. Une rentabilité structurelle qui interroge en comparaison de la responsabilité du secteur bancaire dans la crise actuelle. Toutes les principales banques françaises affichent de confortables profits au troisième trimestre 2009.

La première place revient à BNP-Paribas qui réalise 4,5 milliards de bénéfices sur les 9 premiers mois de l’année. Même Natixis, qui avait perdu 2,7 milliards au premier semestre renoue avec les profits en cette fin d’année. La plupart des établissements ont d’ailleurs commencé à rembourser par anticipation l’argent reçu de l’État (19,8 milliards d’euros au total), depuis l’automne 2008.

La bourse ne s’y est pas trompée. L’action BNP-Paribas a progressé de plus de 85 % depuis janvier et celle du Crédit agricole de 75 %. Empêcheur de s’auto-congratuler en rond, DSK estimait pourtant dernièrement dans les colonnes du Figaro que 50% des actifs des Banques étaient des produits toxiques et que celles-ci font semblants de l’ignorer.

Une analyse que ne partage pas Baudoin Prot, Directeur général de BNP-Paribas. Au micro de France Inter le président de la fédération française bancaire s’est inscrit en faux contre cette affirmation pour les banques françaises, assurant qu’il n’existe pas d’éléments toxiques non révélés pour ces dernières.

La santé insolente du secteur bancaire tranche avec le secteur industriel dont l’activité a chuté de 10% par rapport à l’année dernière. A tort, elle pourrait laisser croire que la crise est finie or, on en est loin. 600 000 emplois ont été perdus depuis le printemps 2008 dont 100 000 ces 3 derniers mois, traduction concrète de la multiplication, dans la vraie vie, des défaillances d’entreprises.

Bonus pour les uns et chômage pour les autres. Les bonus distribués devraient bondir de 40% à Wall Street et de 50% au sein de la City grâce, au retour des profits. Les banques françaises devraient suivre en application de l’éternel rengaine selon laquelle “si vous ne vous alignez pas sur le marché, vous avez un risque significatif de départ de vos collaborateurs“.

Pas de cadeau en revanche pour d’autres salariès considérés comme moins essentiels. 775 postes de Fortis Banque France, sur un total de 1.378, devraient être supprimés à l’occasion de la fusion prévue en mai entre la filiale de la banque belge et BNP Paribas.

On retiendra surtout que grâce au rachat de Fortis, BNP Paribas est devenue, la première banque mondiale en termes d’actifs. Son bilan a bondi de 59%, pour atteindre 2.290 milliards d’euros. Autrement dit, l’établissement financier pèse plus lourd que le produit intérieur brut de la France en 2008. 14 autres banques européennes sont dans la même situation au regard de l’économie de leur pays, ce qui est pour le moins inquiétant.

La puissance en France de la BNP-Paribas se traduit également par l’influence de son PDG, Michel Pébereau conseiller discret mais officiel de Christine Lagarde et de l’Elysée. Le Nouvel Observateur rappelle “qu’à titre personnel, il est le seul homme d’affaires privé dans la cabine de pilotage de la RGPP, la Révision générale des Politiques publiques, lancée par Sarkozy pour réformer l’Etat de fond en comble“.

Seul nuage dans le ciel des banques les velleités d’encadrement de la finance internationale. Début novembre, à l’issue du G20 Finances de Saint Andrews (Ecosse), Dominique Strauss-Kahn a révélé que son organisation étudiait actuellement une taxe (Taxe FMI) qui s’appliquerait aux banques, proportionnelle aux risques qu’elles prennent. Une solution préférée par le directeur du FMi à la taxe Tobin qu’il juge techniquement impossible à mettre en oeuvre.

A défaut de moralisation, la notion de resposabilisation semble émerger. Pour DSK, “Il est raisonnable aujourd’hui, avec la crise qu’on vient de connaître, de se dire que le secteur financier, qui est porteur de risques plus grands que les autres secteurs économiques, doit payer sa part de ces risques, et qu’il n’est absolument pas normal que des individus ou des entreprises puissent prendre des risques démesurés qui ensuite sont payés par la collectivité“.

Crédit Photo : FMi


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