Martine Aubry mène sereinement son tour de France du projet entrant manifestement dans la course présidentielle 2012.
Les prochaines élections présidentielles seront celles du style.
Les vainqueurs seront ceux qui auront été capables de briser les barrières des " coutumes politiques " pour faire naître leur style c'est-à-dire leur personnalité avec ce qu'elle apporte de différent, de nouveau, voire de fantaisie.
Comment y parvenir ?
En laissant au placard les " vieux habits des campagnes électorales " et en substituant de la couleur, de l'âme, du plaisir ; bref du tempérament et surtout de l'authenticité.
Les campagnes vont se jouer à un niveau plus émotionnel que rationnel.
Mais surtout, au-delà de ce socle, il importe de constater que le style ne peut être le même selon les circonstances rencontrées et qu'il doit être travaillé en fonction des étapes de vie d'une campagne électorale.
Trois " temps de vie " appellent des profils différents de personnalités.
Le temps de crise produit la super-personnalisation avec le retour en force du sérieux qui sécurise.
Le temps de croissance forte favorise un profil d'arbitre.
La période de "croissance douce" ouvre la porte aux " copains du quotidien ".
Nous traversons une indiscutable période de crise. Les prochaines campagnes seront donc marquées par une personnalisation poussée à l'excès.
Derrière cette personnalisation se cachent trois enjeux.
Tout d'abord, recréer les bases d'une nouvelles confiance. Le vrai séisme des années 90 c'est la chute généralisée des piliers classiques de la société. C'est le manque de confiance de tous côtés. Nous ne croyons plus en ceux qui nous gouvernent mais pas davantage aux entreprises, à la religion, à la médecine, à la publicité, aux valeurs familiales...Tout s'est écroulé et fracassé en mille morceaux.
Ensuite, trouver les bases d'une nouvelle simplicité. Tout est devenu trop compliqué, trop incertain à l'exemple des actuelles controverses sur le "vaccin de la peur". Il faut redonner de la visibilité et de la lisibilité comme nouveau dispositif d'orientation collective.
Enfin, réhabiliter le sens du concret mesurable. Dans l'actuelle perte d'orientation, c'est à la fois le sens qui fait défaut mais aussi le concret mesurable qui tend à disparaître.
Dans cette course, quatre challengers se détachent actuellement.
Dominique de Villepin incarne le chevalier contre les épreuves : bravoure, panache, vertu. Se transformera-t-il en mousquetaire défenseur de tous et pas seulement des grandes causes ?
François Hollande représente la force tranquille : il mérite la confiance et sait gérer avec sérieux. Mais disposera-t-il de cette touche de charisme qui séduit ?
Martine Aubry se positionne de plus en plus en Simone Veil de gauche : mère courage porteuse de principes claires. Mais ne sera-t-elle pas trop taciturne à la longue ?
Daniel Cohn-Bendit apparaît comme le troublion talentueux qui s'interdit aucune nouveauté. Ce sens de "l'interdit d'interdire" ne choquera-t-il pas lors d'une provocation de trop ?
Pour les autres, le jeu s'est compliqué. Les quadras sont à la peine. Ségolène Royal s'est marginalisée progressivement par des polémiques trop fréquentes et surtout trop banales.
La course commence à sélectionner ses concurrents principaux.