"Ben tu vois ? Je me serais pas trompée de route, on serait arrivés en avance et on se serait emmerdés comme
des rats morts en attendant que les portes s'ouvrent !".
Il n'y pas que mes chroniques qui suintent la mauvaise foi.
20h00
Ouverture des portes. 60 personnes se dirigent lentement vers l'annexe de la Laiterie, qui contient à tout casser 150 pelés les jours d'affluence. La grande salle devait normalement accueillir le hip-hop franchouillard de la Fouine, mais le show a été reporté au dernier moment. L'information a sans doute mal circulé puisque quelques jeunes gens en jogging hantent les rues avoisinant.
20h02
Je bénis Guic' pour ses conseils vestimentaires et agite mes orteils de contentement au fond de mes Converse. Une maigre brochette de groupies s'installe au premier rang, manifestement désireuses d'étrenner la tenue qu'elles porteront au concert des Klaxons, prévu dans un mois. Ah, ils ont une riche idée ceux-là, en associant vert et violet. Un peu plus en arrière, une maman aux allures de rombière tient par la main son fils, 11 ans à tout casser. Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences.
20h30
Les frenchies pop de One Two aux abonnés absents, le trio strasbourgeois 1984 assure la première partie. Bizarre comme nom, cette année synonyme d'une vacuité rock sidérale, d'autant que le groupe carbure à Led Zep et autres Nirvana. Un bassiste plutôt agité tente de chauffer la salle, avec malheureusement moins de résultat que DJ Jean-Pierre François au camping des Flots Bleus. Qu'importe, les régionaux assurent plutôt bien, même si la faiblesse du chant dessert la puissance de leurs mélodies simples et carrées. Le groupe finit en réinterprétant le premier morceau de son set. Il doit s'agir de leur tube, plutôt efficace d'ailleurs avec un riff très accrocheur et une batterie cognée à pleines baguettes.
21h10
Mike Bishop surgit sur scène et commence à installer sa guitare. Son jumeau Pete le rejoint et fait de même avec sa basse. Assez incroyable de voir un groupe auteur d'un des meilleurs albums de cette année s'affairer dans l'indifférence générale. Les groupies du premier rang snobent outrageusement le duo monozygote et tournent le dos à la scène. Il faudra quand même expliquer aux londoniens que le succès s'accompagne d'évidentes concessions. A savoir remplacer leurs classieux costards mods par des baggys, détruire leur coupe de Beatles au profit d'un crâne rasé à la M Pokora et surtout, écrire des chansons de merde à la place de leurs hymnes pop harmonieux. Sinon, à être aussi doués, sincères et charmants, ils n'attireront jamais plus de 60 personnes à leurs concerts. Tant pis pour eux.
21h30
21h45
Les morceaux aux allures d'évidences pop se succèdent élégamment, avec en point d'orgue les excellents I can't stand it et Menace about town. Sur scène encore plus qu'en studio, la parfaite complémentarité vocale des jumeaux étonne. Les Bishops chantent bien, tout simplement. Et en prime, ils ne composent que des tubes, interprétés avec un enthousiasme touchant, surtout après plus de 200 dates pour cette seule année. Plus expressif, le leader Mike joue au guitar hero et harangue énergiquement le public, tandis que, plus introverti, son frère se contente de le regarder et d'esquisser quelques pas de danse de temps à autre.
22h15
Le groupe n'a pas traîné puisqu'il a enchaîné une bonne quinzaine de titres en trois quarts d'heure, avec quelques faces B de haute volée, comme House of desert ou cet agréable She said bye bye qui clôt la première partie du set.
22h20
Le groupe revient avec Say Hello, puis conclut son set avec maestria. Beau joueur, le rare public applaudit généreusement. Les Bishops n'auront pas convaincu les masses, mais 60 personnes sont sorties ravies de leur concert. Vive les concerts pourcentage.