Nicolas Sarkozy l’a dit, il faut moraliser le marché. Du coup, la posture du « pardon » semble être la nouvelle réponse des communicants à notre monde post-crise. Décryptage d’une tendance lourde, pour ma rubrique mensuelle dans le magazine GQ.
1. Le pardon bancaire
Les banques, assurances et autres organismes de crédit revolving ont mené le monde au bord du gouffre. Il fallait donc un électrochoc : ça s’appelle « le crédit responsable ». Cetelem le premier organisme de crédit vient de lancer une campagne publicitaire, baptisée « le Bingo Crédit », parodiant les excès des sociétés de crédit. Pour mieux se poser en défenseur des « Prêts responsables pour tous vos projets ». Bienvenue dans le monde des Bisounours.
2. Le pardon « buzz »
Vanilla Ice, rappeur oublié des 80’s s’est récemment excusé pour avoir écrit son tube planétaire « Ice Ice baby » dans une campagne de communication pour l’opérateur Virgin Mobile, 20 ans après les faits (près d’un million de connections au site de la marque pour cet acte de contrition en mondovision). Quant à Jacques Séguéla, il dit : « J’ai dit une immense connerie, ce n’est pas la première ni la dernière, mais c’est la plus belle ». Son pardon est presqu’aussi énorme que sa phrase sur la Rolex présidentielle.
3. Le pardon « fausse modestie »
Sans doute le plus énervant, il s’inspire de la « New Modesty », cette attitude inventée par Karl Lagerfeld - soit le retour aux valeurs d’humilité et de discrétion. Le pardon « New Modesty » lui est, hypocrite, feint, dicté par une société qui abhorre aujourd’hui les symboles de victoire, (voir le discours du président Obama pour la réception de son prix Nobel). Autrefois acte à la symbolique religieuse forte, le pardon est donc aujourd’hui une arme de com’ redoutable. Pour le sociologue Michel Maffesoli, «c’est peut-être le triomphe d'un moralisme galopant; ce que Nietzsche appelait d'une manière amusante: la "moraline". Mais en même temps qui en est dupe? La vie sociale n'est-elle pas le lieu des sincérités successives ? En effet, à l'opposé d'un individu indivisible n'ayant qu'une identité et donc qu'une parole, la personne postmoderne est plurielle , et peut dire des choses contradictoire les unes aux autres. Ainsi demander pardon n'est peut-être qu'une posture». Pardon mais c’est vrai.
TM