27 mai 1914 : Naissance à Saint-Étienne de Marguerite Gonon. Son père Joanny (1883 - 1953), issu d’une famille de chapeliers de Chazelles-sur-Lyon, est alors instituteur à Saint-Étienne. Sa mère, née Claudia Perronnet (1885 - 1968) est originaire de Poncins, où les Peronnet sont, depuis le XIVe siècle, meuniers et cultivateurs.
Deux mois après la naissance de Marguerite, son père étant mobilisé, sa mère rejoint la maison familiale à Poncins avec ses deux enfants (le fils aîné, Mathieu, est né en 1908).
1919 : Son père retrouve son poste d’instituteur, puis directeur d’école. Mais les séjours à Poncins sont fréquents. Marguerite y apprend tout naturellement le patois. Il semble que sa grand-mère, Christine Peronnet-Mignard (1856-1932) ait joué un rôle important auprès de sa petite-fille.
- L’école d’Izieux, où son père fut directeur. Photo © Culture Loire.
Après le certificat d’études, elle fréquente l’école primaire supérieure de Saint-Chamond, son père étant alors directeur de l’école d’Izieux. Elle y prépare le concours d’entrée à l’école normale d’institutrices.
1930-33 : Élève à l’école normale d’institutrices de Saint-Étienne. Une de ses anciennes condisciples se souvient de ses dons pour le théâtre. Octobre 1933 : Nommée institutrice à Arthun, elle y rencontre le comte de Neufbourg, gentilhomme campagnard et historien qui, très vite, la fait entrer dans l’équipe des Chartes du Forez (groupe qui avait décidé de publier tous les documents écrits, concernant le Forez, antérieurs au XIVe siècle).
Elle quitte l’enseignement au bout de deux ans pour se consacrer à l’étude de l’histoire et des vieux parchemins. Sa connaissance du patois rend son aide précieuse à l’équipe des Chartes : elle peut sans difficultés comprendre les mots et les textes du dialecte franco-provençal.
1937 : Elle entre à la Diana, sous le parrainage du comte de Neufbourg et de Jean Dufour. Elle habite alors rue Saint-Antoine à Feurs.
1939 : Publication des Contes de la mourini (Les Contes de la meunière), 130 pages, dans le bulletin de la Diana.
1939-45 : Années de guerre.
Le 7 juin 1940, son frère est tué pendant la campagne de France à Sermoise (Aisne).
La Résistance : de 1940 à 1945, sous le nom de guerre “Christine”, avec le comte de Neufbourg et Georges Guichard, elle devient l’une des responsables de l’armée secrète pour le secteur de Feurs.
Elle effectue des remplacements d’instituteurs mobilisés ou prisonniers (tout comme son père alors à la retraite), notamment à Rozier-en-Donzy.
1944 : Début de la publication des Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle, sous la direction de Georges Guichard, en collaboration avec le comte de Neufbourg, aux éditions Perroy et J.-E. Dufour. Marguerite Gonon en a établi les tables. Cette publication se terminera en 1980, avec le tome XXIV.
1945 : Nommée ingénieur au CNRS, pour étudier l’histoire et la langue du Forez médiéval.
1947 : Publication du Lexique du parler de Poncins.
1950 : Participation à la publication de l’Atlas linguistique et ethnographique du Lyonnais, sous la direction de Monseigneur Pierre Gardette.
Georges Guichard crée une fondation, pour assurer la suite et la fin de la publication des Chartes du Forez. Il en confie le destin à Marguerite Gonon.
1952 : Elle reçoit le prix Saintour pour ses nombreux travaux historiques.
- À l’école normale d’institutrices, dont elle sortit major de sa promotion, Marguerite Gonon s’adonnait également au théâtre, avec, semble-t-il, beaucoup de talent (au centre, en habit d’homme, tenant la main de la jeune fille). Ph. © coll. Jean Gonon
1957 : Elle présente une thèse de doctorat à l’université de Strasbourg : Institutions et société en Forez d’après les testaments.
Pour ses études personnelles, elle est amenée à transcrire les registres des testaments foréziens et lyonnais des XIVe et XVe siècles (6 500 testaments aux archives de la Loire, et plus de 4 000 aux archives du Rhône, ce qui a rempli plusieurs dizaines de cahiers d’écolier).
1961 : Publication de sa thèse, et également de La Vie familiale en Forez au XIVe siècle et son vocabulaire, d’après les testaments.
À partir des années 60, elle multiplie les publications en collaboration avec d’autres historiens ou seule, les communications (en particulier dans le bulletin de la Diana), les articles, participe à des colloques, congrès, à des revues prestigieuses ou modestes, aide de nombreux étudiants dans leurs recherches.
Elle donne, dans les villes ou les campagnes, des centaines de conférences par lesquelles, avec son érudition, sa verve et son humour, elle partage ses connaissances avec tous, et fait aimer sa province.
Elle crée ou contribue à créer plusieurs institutions : le Centre d’études foréziennes, l’Université pour tous, l’association Mémoire de Forez, la Liger, le festival d’histoire de Montbrison, et y joue souvent un grand rôle. Elle encourage la fondation des Amis de Néronde.
Dans les années 70, elle donne un souffle nouveau aux Amis du musée de Feurs (association fondée en 1930 par Georges Guichard), dont elle assume la présidence de 1974 à 1976. Puis, comme présidente d’honneur, elle en est jusqu’au bout un membre actif.
1986-91 : Très médiatique, elle participe au tournage de plusieurs films (sur la Résistance et sur le Forez) pour FR3. 1986 : Les Historiens du dimanche. 1988 : Rencontre avec Marguerite Gonon. 1991 : Une Française dans la résistance - Pour l’honneur.
Malgré une fragilité physique de plus en plus frappante, elle continue à travailler et, l’esprit toujours aussi vif, à prendre part à la vie culturelle. 1993 : Elle quitte sa maison de Poncins pour s’installer à la maison de la Commune à Feurs.
1994 : Elle est nommée Chevalier de la Légion d’honneur “pour 49 ans de services civils” (J.O. du 14 juillet 1994).
15 mai 1996 : Décès de Marguerite Gonon à l’hôpital de Feurs, où elle est entrée le 28 avril à la suite d’un malaise survenu à Boën, au cours d’une cérémonie en souvenir de la Résistance.
Depuis, une rue de Saint-Étienne (ancienne rue des Houillères, dans le quartier de Côte-Chaude) porte son nom, ainsi que le CDI du lycée agricole de Précieux.
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