Ce soir Bernard, notre bibliophile physicien (et néanmoins ami), vous propose de découvrir le Journal de Physique. Je lui cède la parole:
Lors de ma dernière intervention sur le blog, je vous avais dit que les mémoires de l’Académie des sciences étaient publiés trop longtemps après leur présentation, ce qui émoussait l’intérêt de leur lecture. Au milieu du XVIIIème siècle les progrès scientifiques se sont accélérés et leur divulgation a du être plus rapide. D’où la parution de journaux ou revues mensuelles. Le Journal des Savants dont je vous ai déjà entretenu était trop généraliste. Le journal scientifique le plus prestigieux a été le Journal de physique. A la fin du XVIIIème il a été supplanté par les Annales de chimie. Quelques mots sur le Journal de Physique qui occupe une grande place dans ma bibliothèque, pour la période 1752-1824.
Le Journal de Physique a été fondé en 1752 et dirigé entre autres par Jacques Fabien Gautier d’Agoty (1716-1785), élève de Jacob Christoph Le Blon (1667-1741), inventeur du procédé de gravure en trichromie. La première série, éditée de 1752 à 1755 sous le titre Observations sur l’Histoire Naturelle, sur la Physique et sur la Peinture, est constituée de trois volumes in-4. Ces volumes, très rares, sont illustrés de 65 planches, dont 58 imprimées en couleur. En 1752, l’éditeur donne une édition in-12 vendue sans les planches prévues pour l'édition in-4, planches éventuellement achetables séparément. La partie intitulée Les disputes des philosophes et des artistes modernes, est consacrée à la théorie de la lumière et des couleurs de Gautier d’Agoty. Elle s’oppose à celle de Newton.
L’Abbé François Rozier (1734-1793) rachète la propriété de ce Journal en 1771. Constatant l'augmentation des délais de publication au sein des académies, l'abbé Rozier, définit, dans sa présentation, les caractéristiques et les fonctions de ce journal mensuel. Il écrit : « Ces motifs ont fait désirer qu'un ouvrage périodique, d'un débit sûr et animé, annonçât les découvertes qui se font chaque jour dans les différentes parties des Sciences, soit par des notices abrégées, soit par des mémoires très étendus, qui continssent le développement de toutes les preuves de ces découvertes, en traçant même la marche de l'esprit inventeur ». Rozier publie neuf volumes in-12 en 1771 et 1772. Ces volumes seront réédités en 1777 en deux volumes in-4 sous le titre Introduction aux observations sur la physique.
L’abbé Rozier quitte Paris en 1783 pour se consacrer à son Cours d’Agriculture. Le journal est repris en 1783 par son neveu Jean André Mongez (1750-1788). Mongez étant parti avec Lapérouse en juin 1785, Jean Claude Delamétherie (1743-1817) rédige le journal jusqu’en 1817. Il est remplacé par Ducrotay de Blainville (1777-1850) jusqu’en 1823.
A partir de janvier 1786, Jean-Claude de la Métherie, publie chaque année dans le premier numéro du Journal un important « Discours préliminaire » qui résume les progrès récents des sciences.
Une nouvelle série débute en 1794 et termine en 1823. Le titre Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et les arts disparaît ; il est remplacé par Journal de physique, de chimie et d’histoire naturelle.
Ce journal a continué à être publié après 1824. Il existe encore aujourd’hui. N’hésitez pas à utiliser les commentaires pour compléter ou préciser ce petit exposé. "
Merci Bernard,H