Au même titre que le Festival de Cannes qui, après une première semaine généralement pluvieuse, annonce les “beaux jours”, la FIAC est un rite saisonnier auquel je sacrifie, entre les vendanges (j'ai depuis peu un pied dans les vignes) et les potirons d'Halloween. Cette année, aucun mouvement visible, aucune tendance pour faire oublier la magnificence de la canopée du Grand-Palais, écrin surdimensionné vers lequel tous les regards se portent, plus sûrement que sur les cloisons des galeries. Les “vieilles valeurs”, au fil des sentiers balisés, assurent le spectacle : la galerie Seroussi consent à mettre en branle quelques “Tinguely” à la demande de Madame Veil que j'ai l'honneur de cotoyer sur le stand. La galerie Applicat-Prazan attire une foule de badauds grâce à de superbes “Soulages” peints dans les années 50 et qui font écho à la rétrospective du Centre Pompidou. La progression du peintre depuis 50 ans, toute en subtilité, est marquée par l'évolution de sa gestuelle qui, d'animale est presque devenue clinique, magnifique d'une rigueur maîtrisée.
Derrière la vitrine du “cendrier” de Damien Hirst, je cherche en vain des incrustations de diamants ou des traces d'or qui pourraient conférer à l'œuvre une quelconque valeur. Quelques “Garouste” ayant acquis la force d'un “Rouault” impressionnent tandis que l'envoûtement d'un “Basquiat” opère encore.
Comme chaque année, je suis trop couvert et le soleil qui darde à travers les verrières m'incite à sortir prendre l'air.