Documentaire - 1h45Sortie salles France - 25 novembre 2009
C'est un sujet qui semble assez passé de mode, voire illégitime de nos jours, mais quand on prend le temps de se pencher sur la question de la domination masculine dans le monde occidental, on trouve finalement beaucoup à dire. C'est le cas du réalisateur Patric Jean qui réalise ici un documentaire tourné en France, en Belgique et au Québec abordant différents aspects contemporains qui illustrent une certaine domination masculine dans les moeurs et la nécessité d'un constant combat féministe. De l'éducation sexiste appuyée par l'univers du jouet ou de la littérature enfantine, jusqu'aux violences régulières dont certaines femmes sont victimes en passant par la dégradation et la falsification de l'image féminine dans la publicité, la parole est donnée à des femmes mais aussi des hommes, conscients ou non de ces états de fait, victimes ou non de la tendance progressiste.De manière provocante, le documentaire s'ouvre sur la salle de consultation d'un chirurgien et les patients hommes qui viennent s'y faire opérer dans le but de regagner en assurance et en crédibilité avec quelques centimètres de plus bien placés... On pourrait en rire, mais d'emblée, cela montre que les clichés ont la vie belle, et un avenir apparemment assuré.
Sans voix off, sans narration, ce qui manque cruellement à certains moments du documentaire, le film nous amène, de thème en thème, à aborder la notion de masculin : fort, protecteur, viril, mais aussi créatif, ambitieux... à l'inverse de l'image féminine. Puis il évoque les retouches omniprésentes dans la photo de mode, de publicité. Non seulement on gomme les "défauts" (corpulence, tâches...etc) mais on façonne une image de femme complètement disproportionnée (tel Ingres et sa grande odalisque, comparaison on ne pourrait plus flatteuse) puisqu'on lui raccourcit les mains, les pieds, on lui allonge le cou... et ça passe.
Et ainsi nous abordons également le calvaire des femmes battues et humiliées, le commerce du charme féminin, et plus grave, le meurtre par Marc Lépine de 14 filles de l'école polytechnique de Montréal en 1989, crime anti-féministe. Le réalisateur s'attarde alors au Québec, pays d'avancée des droits des femmes, mais où les féministes que l'on voit se réunir entre elles (un homme aussi est de la partie) évoque leurs succès et leurs échecs. Il enregistre aussi les propos d'hommes "masculinistes", qui se sentent atrocement menacés d'extinction, pour lesquels "le féminisme est un crime contre l'humanité". Là encore on serait tenté de sourire, mais cela met tout de même un certain malaise.Ainsi va ce documentaire, papillonnant sur ces aspects de l'inégalité hommes-femmes, mais sans jamais juger, et, ce que je reproche un peu au documentaire, sans vraiment donner d'axe de réflexion, en se contentant de constater.Au final, on apprend peu de choses. Je garderais sans doute en mémoire la démonstration de l'illustration d'un sexisme flagrant dans la présentation des jouets pour enfants (les laves linges miniatures et les fers à repasser en plastique... pour les filles bien sûr ! pour faire comme maman) et plus incidieuse dans les livres jeunesse. Hormis la mise en scène de la famille avec souvent maman au fourneau et papa au bureau, il est un fait affligeant : les fillettes ont des rêves tandis que les garçons ont des ambitions. Ils sont dans l'action, les filles apparaissent souvent pensives à la fenêtre, le regard au loin, le corps à l'intérieur bien évidemment. Ca n'est sûrement plus une réalité aujourd'hui dans les éditions jeunesse, mais j'admet bien volontiers que ça le fût, et je redoublerai de vigilance....
Le blog du réalisateur - Patric JeanXY, de l'identité masculine, d'Elisabeth Badinter - ChezLo