La firme étasunienne Blackwater USA a reçu une mise en demeure affirmant qu’elle était sous enquête pour des crimes de guerre après que 17 civils irakiens aient été tués dans une grêle de balles par des agents de sécurité à Baghdad.
Ces meurtres commis le mois dernier mettent dans l’embarras la firme privée de sécurité dont les employés sont immunisés contre toute forme de poursuite, contrairement aux militaires de professions qui sont assujettis aux courts martiales. C’est le deuxième incident du genre en moins d’un mois, impliquant le contracteur australien Unity Resources Group, cette semaine. Deux femmes Arméniennes chrétiennes ont été abattues après que leur voiture se soit approchée d’un convoi protégé. Leur voiture a été criblée de 40 balles.
Ivana Vuco, l’officière la plus aînée des droits de l’homme de l’ONU en Irak, a parlé hier à propos des fusillades par les gardiens de sécurité privés qui ont provoqués un outrage parmi les Irakiens. «Pour nous, c’est une question de droits humains,» a-t-elle dit. «Nous surveillerons les allégations de massacres par des entrepreneurs et nous regarderons si il y a ou non crimes contre l’humanité ou crimes de guerre qui ont été commis.»
Un Irakien qui a été blessé dans les tirs du 16 septembre, ainsi que les proches de trois personnes tuées dans l’attaque, ont déposé une plainte à Washington hier accusant Blackwater de violer des lois étasuniennes en commettant «des massacres et des crimes de guerres extrajudiciaires.»
L’Irak a dit qu’il y avait plus de 180 compagnies de sécurité – majoritairement des États-Unis et d’Europe – dans le pays. Le pays estime que les entrepreneurs étasuniens sont plus de 100 000. Beaucoup d’Irakiens voient ces firmes comme des armées privées à la gâchette facile, ce qui a créé des tensions dans les relations entre l’Irak et les États-Unis qui ont commandé un rapport complet sur la sécurité.
Les autorités irakiennes ont accusé Blackwater de «meutre délibéré» de civils irakiens en tirant dans un carré de la ville bondé de gens. Elles demandent aussi des millions de dollars en compensation et le retrait de la compagnie du pays d’ici six mois. La firme de sécurité affirme que ses gardes ont retourné les tirs à des cibles menaçantes et ont répondu légalement à une menace contre le convoi qu’ils protégeaient.
Madame Vuco a dit que les lois sur les droits humains s’appliquaient également aux entrepreneurs et aux autres partis dans le conflit. «Nous le rappellerons aux États-Unis dans nos communications. Ceci inclut la responsabilité d’enquêter, de superviser et de poursuivre ceux qui sont accusés de méfaits,» a-t-elle dit au lancement du dernier rapport des droits humains de l’ONU à Baghdad. Ce rapport couvre la période d’avril à juin et décrit la situation des droits humains de «très sinistre».
Said Arikat, le porte-parole de la mission de l’ONU, a recommandé à l’administration Bush de tenir responsable les individus impliqués dans les tirs aveugles; «d’appliquer les règles d’engagement et de les poursuivre». Il a ajouté: «Il ne peut y avoir des éléments escrocs qui sont au-dessus des lois.»
Dans les plus récents tirs, mardi, une conductrice de taxi, Marany Awanees, et son passager avant ont été tués. Unity Resources Group affirme que ses gardes craignaient une attaque suicide et a ouvert le feu seulement après plusieurs avertissements. Les gardes protégeaient des experts en matière de finances travaillant, sous contrat, pour l’Agence étasunienne du développement international.
Les firmes de sécurité privées bénéficient de l’immunité grâce à une loi de 2004 promulgué par l’Autorité provisoire de coalition.
Source: PENKETH, Anne. «Blackwater faces war crimes inquiry after killings in Iraq», The Independent, 23 octobre 2007, http://news.independent.co.uk/world/middle_east/article3052374.ece.