Branché. C'était l'opposé de "ringard", "has been" pour dire à la mode, au courant...
Un terme désuet d'après François Mitterrand, qui, voulant paraître au fait du parler peuple et sans leurrer personne, avait répondu à Yves Mourousi que s'était déjà dépassé et qu'il fallait dire "câblé". C'était il y a vingt-cinq ans...
Lorsqu'on observe les ados d'aujourd'hui, on se dit que "branché", "câblé" ne sont peut être pas des termes ... branchés mais qu'en tous cas, ils n'évoquent pas que du figuré...
Dès la sortie des cours, et même parfois pendant, les stakhanovistes du SMS s'activent. De leurs deux pouces crispés, les voilà qui s'excitent pour s'échanger les derniers potins. Aucun doute que les claviers des premiers mobiles n'auraient pas tenu 1 mois. Quand on pense que leurs parents s'émerveillaient d'entendre leur correspondant dans la rue...
Arrivé à la maison, MSN remplace SMS pour maintenir l'addiction sous perfusion et le clavier continue à crépiter...
A moins que l'on ne suive via Tweeter les dernières activités et élucubrations irremplaçables de tous les gugusses de la planète. Ce qui ne manque pas d'inspirer de hautes réflexions philosophiques qui repartent aussitôt via des tweets, des sms, et des tchats dans une spirale infernale...
Quand l'ado ne cliquette pas, il clique, enfin, il joue, et de préférence en réseau. Normal, les jeux permettent de tchatter en même temps.
Comble de bonheur, avec le mobile, on peut même cliquetter dans la voiture, dans le train, dans le bus, à pied quelle que soit la durée du trajet et la distance, parfois à l'autre bout du monde, plus souvent à l'autre bout de la cour.
Les ados d'aujourd'hui sont tellement branchés, câblés, au propre et non plus au figuré, que si des écouteurs ne leur poussent pas encore dans les oreilles et des touches au bout des doigts, en espérant que ce ne soit pas des métastases dans le cerveau, on perçoit tout de même qu'ils commencent à ... muter.
Il suffit en effet de leur couper l'électricité, le courant, de les débrancher, de les décabler, de leur couper l'internet, le mobile et la box pour que leur existence même s'en trouve remise en cause, qu'ils virent zombies, se retrouvent complètement désoeuvrés et, tout comme leur alter ego électronique, ... s'éteignent.