"Les deux ressortissants suisses "ont été condamnés par un tribunal spécialisé de Tripoli à 16 mois de prison ferme et à 2000 dinars libyens chacun pour séjour illégal en Libye", a déclaré une source judiciaire sous couvert d’anonymat.
"Le jugement prend effet à partir de mardi", a-t-on souligné de même source,
précisant que seuls les 20 jours passés en prison après leur arrestation en juillet 2008 seraient pris en compte.
Cette déclaration laisse à penser que les deux hommes, qui se trouvaient à
l’ambassade de Suisse à Tripoli, sont désormais emprisonnés."
Depuis mon dernier article sur l'affaire Kadhafi,
qui remonte au 22 octobre dernier, la Suisse a suspendu, le 4 novembre suivant, l'accord qu'elle avait conclu le 20 août précédent, accord qui devait régler le différend entre la Suisse
et la Libye, survenu après l'arrestation, le 15 juillet 2008 à Genève, d'Hannibal Kadhafi et de sa femme Aline. Ces gentils époux avaient infligé des
sévices à leurs deux domestiques, qui avaient porté plainte contre eux. D'où l'intervention, un peu musclée, de la police genevoise, en présence des gardes du corps du couple, armés
jusqu'aux dents.
Le Conseil fédéral a en effet considéré le 4 novembre, plus de deux mois après l'accord du 20 août, que les autorités libyennes n'avaient pas tenu leurs engagements pour ce qui
concerne les deux otages, qui, je le rappelle, sont retenus en Libye depuis le 19 juillet 2008, soit deux jours après le retour en Libye d'Hannibal Kadhafi et de sa femme Aline, qui, de leur
côté, avaient été libérés sous caution de 500 000 francs après seulement 48 heures de détention. Ouf !
A la mi-septembre 2009 les deux otages suisses avaient disparu. Ils avaient été emmenés en lieu sûr après un contrôle médical auquel ils avaient été convoqués. Or le 9 novembre ils
réapparaissaient et étaient reconduits à l'ambassade de Suisse à Tripoli. Trois jours plus tard, nouveau rebondissement : le vice-ministre des Affaires étrangères libyen, Khaled
Kaïm, annonçait que les deux otages suisses étaient également inculpés de fraude fiscale, d'infraction au code du commerce, alors que jusqu'à présent ils n'étaient accusés que
d'infraction à la loi sur l'immigration, accusation bidon destinée à justifier leur première arrestation arbitraire. Ils étaient aimablement invités à se présenter devant la justice
libyenne et à quitter l'ambassade helvétique.
Les deux otages suisses ont-ils quitté l'ambassade suisse pour se présenter devant les juges libyens ou ont-ils été jugés en leur absence? A l'heure où j'écris, 23 heures 15 (1), cette
information n'est pas connue. Toujours est-il qu'à la surenchère des charges retenues contre eux se serait maintenant ajoutée la surenchère des condamnations. Si l'on comprend
bien, la condamnation à 16 mois de prison ferme et à 2000 dinars ne correspondrait qu'au premier chef d'accusation, c'est-à-dire à l'infraction à la loi sur l'immigration, en
attendant les deux autres sentences correspondant aux deux autres chefs d'accusation.
La Libye de Kadhafi est un pays qui est très respectueux des droits de l'homme. On peut donc être sûr que Max Göldi et Rachid Hamdani ont bénéficié de toutes les
garanties pour leur défense. Il faut donc croire qu'ils étaient gravement coupables, en s'introduisant en Libye, pour écoper d'une telle première sentence. Ils
étaient surtout très coupables de s'être fait pincer au moment où Hannibal et Aline, qui ne badinent pas et ne tolèrent aucun écart - leurs ex-domestiques le savent - faisaient leur "come-back" à
la maison.
Le Führer libyen est un musulman modèle, comme on les aime, qui ne ferait pas de mal à une mouche. Le 15 novembre dernier il a fait venir, lors d'un
passage à Rome, un bataillon d'une centaine de jolies italiennes, bien calibrées, 1 m 70 minimum, recrutées auprès de l'agence Hostessweb
(ici) pour leur donner à chacune - quelle santé ! - ...un exemplaire du
Coran, un exemplaire de son Livre vert de la révolution - il est écolo à sa manière -, et un opuscule intitulé
Comment être musulman ( voir l'article du Matin ici). Il aurait récidivé le
lendemain et le surlendemain en convoquant 400 autres charmantes personnes auprès de la même agence, une belle âme en quelque sorte. Cet humaniste voulait montrer que l'Islam n'avait rien contre
les femmes ... sauf peut-être quand elles sont d'origine bulgare...
Francis Richard
(1) D'après le DFAE, Département fédéral des affaires étrangères, les deux otages suisses se trouvent toujours à l'ambassade de Suisse à Tripoli [note du
02.12.09].
Rappel des précédents articles sur l'affaire Kadhafi :
Le gang Kadhafi, père et fils, et l'initiative anti-minarets du 22.10.09
Retour sur la 64e session de l'ONU et le bras de fer Kadhafi-Merz du 01.10.09
Affaire Kadhafi: où l'on découvre qu'Hans-Rudolf Merz ne sait pas
lire... du 08.09.09
Affaire Kadhafi : en attendant
le retour des deux otages. du 27.08.09
Affaire Kadhafi : C'est la
honte ! Hans-Rudolf Merz a fini par se coucher du 20.08.09
La prise d'otages en Iran
comme en Libye est une politique de dictature du 11.08.09
Affaire Kadhafi : avant de
franchir les 2 derniers millimètres du 23.07.09
Cherche escroc style Madoff
pour gérer fonds Kadhafi du 29.06.09
L'affaire Hannibal Kadhafi ou
l'immunité diplomatique par filiation du 24.04.09
Kadhafi réclame 300'000 francs
à la Suisse pour jouer au Père Noël du 24.12.08
Affaire Kadhafi : pour Muammar
il est urgent d'attendre des excuses du 9.10.08
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tout son temps et il le prendra du 13.08.08
Affaire Kadhafi :
trompe-l'oeil du parallèle entre Libye et Suisse du 31.07.08
Affaire Kadhafi : baisser son
pantalon en étant dans son bon droit du 29.07.08
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c'est sévices compris du 25.07.08