Nos actions de volontariat dans une école du Guatemala

Publié le 02 décembre 2009 par Loladel
Présentation de l’école Nuestro Futuro et du village de Ciudad Vieja

L’école construite par Niños de Guatemala, baptisée Nuestro Futuro (‘notre futur’), est située tout en haut d’un petit village situé à 6km d’Antigua, Ciudad Vieja. Ciudad Vieja n’a rien de l’exubérance d’Antigua. C’est un petit village, typique, qui n’a retenu de l’époque coloniale que son église. Il n’y a pas un seul touriste et il n’est pas rare de croiser un homme à dos de mule avec une énorme machette dans les mains. Les habitations sont comme dans tout le reste du pays, c'est-à- dire sommaires, voir très sommaires : toits en tôle, constructions en parpaings et bois, des maisons qui ressemblent finalement beaucoup à des petites fermes qui se transforment en mares à boue quand il pleut. On se demande si l’eau va partout et si elle s’évacue de manière efficace. On est loin des favelas de Rio, mais certainement les deux lieux partagent problèmes d’insalubrité et de précarité.
Notre projet de volontariat à l'école Nuestro Futuro L’école a été construite tout en haut du village, en contrebas d’un volcan, et il nous faut bien 15 minutes de grimpette avant d’arriver à ses portes. De là haut, la vue sur la vallée et les volcans est magnifique ! Dans l’école, les installations sont de qualité, et l’environnement pratique et agréable. Les salles de classe sont joliment décorées, bien rangées, et ont beaucoup de matériel à disposition. Chaque élève a son propre pupitre et est chouchouté comme un enfant roi. Une école avec beaucoup de moyens, donc, quand on la compare à celle où on a travaillé l’année dernière au Mali. Comment oublier ces classes surpeuplées, le manque criant de matériel, la latrine unique pour 700 élèves, la pompe à eau dans le terrain vague de l’école de Kalabambougou ?! Nos projets à Nuestro Futuro
Nous sommes arrivés au Guatemala en fin d’année scolaire, et avons dû nous adapter au programme de l’école. Nous avons dans un premier temps fini l’année scolaire, puis participé au programme spécial de l'école post-examens. Alors que les élèves des écoles publiques sont en vacances, Nuestro Futuro a préféré garder ses enfants pour les occuper et renforcer leurs connaissances plutôt que de les laisser trainer dans la rue. Ce projet est une réussite, car les enfants adorent aller à l’école et continuent ainsi de s’instruire et de développer leurs qualités. N’oublions pas que tous vont à l’école pour la première fois et ont beaucoup à rattraper ! Nous présenterons brièvement ci-dessous chacune de nos missions pendant ces 7 semaines passées à Nuestro Futuro :   
  • Assister les institutrices en fin d’année scolaire
  • Renfort scolaire
  • Atelier manuel : fabrication de cerfs volants par Delphine
  • Atelier théâtre : parodie de jeu télévisé par Laurent
  • Atelier danse et chorégraphie : vidéo clip par Delphine et Laurent
  • Conclusion sur notre intervention à Nuestro Futuro
Assister les institutrices pendant leur classe Les deux premières semaines, nous avons passé quelques matinées à assister les institutrices dans leur cours du matin. Pendant que Señora Delfina s’occupait des petits dans la classe de Bertha, Profe (prononcer ‘profé’) Lorenzo aidait les grands de la classe de Lisette. Chez les petits, certains ont besoin de plus d’attention que d’autres et demandent également beaucoup de patience. Entre Juan Carlos hyper actif et David qui est encore un bébé et qui comprend les choses mais de façon ultra lente, cette classe a besoin d’une réelle aide supplémentaire. Entre compréhension de la lecture d’une histoire, apprentissage des lettres et des sons et quelques activités manuelles, dans l’ensemble les enfants ont un grand retard par rapport à une classe de CP en France. Certains ne savent toujours pas compter jusqu'à 25 et ne savent toujours pas non plus écrire leur prénom ! Laurent dans sa classe s’occupait surtout des élèves en difficulté, leur expliquant plus en détails leçons et exercices. Il aidait aussi Lisette à corriger les copies, ce qui ne manquait pas de créer le bazar car tous les enfants voulaient avoir leur ‘100’ du profe. C’est pendant ces premières sessions de travail que nous nous sommes rendus compte du bas niveau des élèves (certains ne savent ni écrire leur nom ni compter jusqu'à vingt), et de la politique de discipline à Nuestro Futuro qui est tout à fait opposée à celle du Mali : l’enfant est roi. Ici, pas de coups de bâton ou de menace de punition corporelle. Il est même mal vu de simplement hausser la voix, ce qui nous a valu quelques gros yeux avec Delphine !! Renfort scolaire Pendant tout le mois de novembre, de 8h à 9h15 tous les matins, Laurent a donné des cours de soutien scolaire à des enfants en difficulté.   
  • Pedro, qui écrit les 5 à l’envers et ne sait pas qu’après ‘mercredi’ il y a ‘jeudi’ (voir le portrait de Pedro dans notre rubrique ‘Rencontres’).
  • Amanda, qui confond le ‘d’ et le b’ et est incapable de faire une dictée de mots sans en oublier la moitié. Elle passe d’ailleurs la moitié du temps à rêver, et il est inutile de la reprendre à l’ordre car une minute après elle est encore dans la lune.
  • Suzana, une petite en retard mais sans les problèmes sociaux dont souffrent les deux autres. Je la soupçonne d’être tombée en admiration devant moi, car elle a passé plus de temps à me sourire et battre des paupières qu’à penser à ce que je lui demandais d’apprendre…
Je suis au final content du travail que j’ai fait avec ces enfants ‘en retard’, qui savent progresser quand on prend le temps de leur parler. Le fait de se voir suivis et félicités leur permet aussi de reprendre confiance en eux. Car comme chez les adultes, la plupart des problèmes des enfants viennent aussi de la tête : anxiété, manque de confiance, timidité…
Atelier manuel : fabrication de cerfs volants par Delphine Comme dans beaucoup de pays que nous avons visité, les cerfs volants au Guatemala ont beaucoup de succès. Ils coûtent assez chers au marché, et l’idée de leur apprendre à fabriquer de beaux cerfs volants qu’ils peuvent ramener chez eux, me plait bien. Quelques bâtons de bois, du papier de soie, de la colle, de la ficelle et le tour est joué ! Détrompez vous cette activité m’a finalement demandé beaucoup d’énergie, car petits et grands avaient du mal avec les mesures, à découper le papier correctement, à faire des traits droits, à ne pas mettre trop de colle. 3 séances ont été nécessaires. Je dois dire que cette activité a eu un succès fou et je n’hésiterai pas à la refaire. Retour haut de page Atelier théâtre : parodie de jeu télévisé par Laurent Ce projet me tenait à cœur depuis déjà très longtemps. Que ce soit seul ou avec la complicité de mes proches, j’ai toujours aimé jouer avec ma camera et faire l’idiot derrière. Avec toute une armée d’enfants à ma disposition, une salle de classe et trois séances par semaine, j’avais enfin de quoi faire un petit film sympa. Mon premier projet était tout d’abord d’inventer un script de comédie avec les enfants, de répartir les rôles puis de jouer le film. Après deux semaines passées à l’école, j’ai dû réajuster mes ambitions et les adapter à la situation des enfants de Nuestro Futuro : ils vont à l’école pour la première fois, n’ont jamais fait de travail d’expression théâtrale, n’ont pas l’habitude de développer leurs idées et sont pour la plupart très timides. J’ai donc décidé de faire plus simple : une parodie de jeu télévisé dont j’allais moi-même construire les épisodes. J’ai sélectionné un groupe de 12 enfants volontaires (dont je suis sûr aucun ne savait ce que théâtre voulait dire), puis je les ai briefés sur le projet : 1 présentateur, 1 assistante, 2 équipes.  Un jeu. Des questions, des réponses, des points et un vainqueur. Le tout joué sous forme de comédie bien sûr. Un script très simple et un projet sur 12 séances apparemment facile à réaliser. Détrompez-vous, les enfants m’en ont fait baver !!!!!!!!! Entre les bavardages et gigotages  incessants (les enfants n’ont pas l’habitude de la discipline), un présentateur dyslexique, un hyperactif, leur envie de faire pipi tous les quarts d’heure et leur lacune sérieuse de compréhension du jeu, j’ai dû batailler ‘sévère’. Ma sévérité m’a d’ailleurs joué des tours, car en essayant de faire la discipline j’en ai fait pleurer quelques uns. Une leçon pour moi aussi, donc : avec les enfants, il faut être patient et savoir jouer de souplesse. Delphine m’a tout de même rassuré sur ce point, en me disant que ces enfants avaient aussi besoin d’apprendre la discipline, et donc de se faire rappeler à l’ordre quand ils ne la respectent pas. La timidité de certains enfants n’a aussi pas été facile à gérer. Au début personne ne voulait faire le rôle du ‘Papa’ ou de la ‘Maman’. Ils voulaient tous faire le ‘fils’ ou la ‘fille’, en gros ce qu’ils étaient déjà. Beaucoup aussi n’arrivent pas à parler à voix haute, et j’ai dû parfois les filmer la camera collée contre leur visage. A part pour les scènes d’action, il était impossible de filmer une scène de plus de 5 secondes en continu… Soit un enfant ne savait plus quoi dire ou se trompait, soit la scène était interrompue par un événement bruyant ou visuel : chaise qui grince, rire, roulage sur table, morve qui tombe, j’ai dans ma boite beaucoup de ‘deleted scenes’. Au final, nous nous sommes tous bien amusés. Les enfants adoraient se déguiser et jouer à ce jeu qui les faisait bien rire. Des timides se sont ‘lâchés’, des acteurs se sont révélés, et un projet tout entier s’est concrétisé. Découvrez vite : ‘La familia de oro’ (qui n’a bien sûr rien à voir avec une certaine émission de télévision française)! Une fois la réalisation des cerfs volants nous avons décidé de les faire voler sur un grand terrain de jeu, devant le cimetière, comme le veux la tradition (voir notre article sur la fête des cerfs volants), un jeudi matin bien venteux ! Quel succès, toute l’école et même les maitresses se prennent au jeu ! Certains cerfs volants sont si loin qu’ils deviennent très très petits dans le ciel ! Je pense en tout cas qu’ils garderont un bon souvenir de cette activité qui demande beaucoup de concentration et de précision, ce qui est parfois difficile avec ces enfants. 'Emission TV: La Familia de Oro ' Guatemala, Oct - Nov 2009 VIDEO A VENIR TRES PROCHAINEMENT (en cours de traduction) 'GuataBaila Video Clip' Guatemala, Oct - Nov 2009 Atelier danse et chorégraphie : vidéo clip par Delphine et Laurent Après nos deux clips ‘Patacrazy’ et ‘The Foutacagoule Remix’ tournés respectivement en Argentine et en Bolivie, nous avons continué sur notre lancée en tournant un nouveau vidéo clip, ‘GuataBaila’, cette fois-ci avec nos amis les enfants du Guatemala. Ce projet était l’occasion pour les enfants de s’amuser, mais aussi de travailler leur expression corporelle et théâtrale, et d’apprendre à coordonner leurs mouvements en fonction de la musique. Tout comme pour l’atelier comédie/théâtre, les enfants ont eu du mal à comprendre pourquoi nous tournions toutes ces scènes. Ils ne regardent pas beaucoup la télé et encore moins les vidéos clips qui intéressent plus les ados. Néanmoins, ils étaient tous excités à l’idée de sortir de l’école pour tourner dans la rue ou sur la place du village, et de se lâcher à danser des comme des fous ! Nous avons tous bien ri pendant ces 4 semaines de tournage, et … quel résultat !!! Bon visionnage, et surtout mettez le son à fond les ballons ! Conclusion Nous sortons réjouis de cette expérience auprès de l’école Nuestro Futuro à Ciudad Vieja. Cette école est en quelque sorte un refuge pour ces enfants, souvent en manque d’amour et de câlins. C’est aussi pour eux un espoir de pouvoir trouver un travail plus tard et d’avoir de bonnes bases pour leur éducation future. La plupart des enfants ont beaucoup de difficultés de concentration. Nous ne pouvons pas trop leur en vouloir. Aussi, d’un point de vue général, la discipline est bien souvent inexistante alors que parfois il est nécessaire de hausser la voix en demandant le silence ou un peu d’ordre dans la classe. Nous nous sommes beaucoup attachés à ces enfants à qui parfois nous demandons des choses difficiles et inhabituelles (en danse ou en théâtre). Nous avons à chaque fois essayé de les faire aller plus loin que leur limite en leur proposant des activités originales, constructives, où la rigueur avec soi-même est très importante. Il y a eu quelques moments difficiles, parfois de découragement de leur part, mais cela fait partie du jeu et de leur apprentissage. Tous les enfants ont pu réaliser le fruit de leur travail lorsqu’ils se sont découverts à l’écran, le dernier jour quand nous avons projeté les films des activités théâtre (La Familia de Oro) et vidéo clip (GuataBaila). Pour tous, c’était une grande première ! Nous sommes heureux d’avoir pu changer un peu la routine de ces enfants avec de nouvelles découvertes et des activités originales. Aussi nous avons bien vu que d’autres problèmes empêchent la bonne éducation de ces enfants. A la maison, certains enfants doivent affronter un climat familial tendu, voir malsain, ainsi que des conditions de vie difficile. Ces problèmes peuvent les perturber et être un obstacle à leur développement. D’autres enfants sont aussi forcés de rater l’école pour travailler et aider à la production, comme par exemple dans les champs de mais et de café. Niños de Guatemala est clairement conscient de ces problèmes et travaille déjà sur des solutions concrètes. Une assistante sociale travaille à plein temps à l’école, et bientôt des ateliers vont être organisés avec les parents. Pour leur rappeler l’importance de l’éducation, pour les sensibiliser sur leur rôle de parent et pour les aider à mieux éduquer leurs enfants. Nous sommes persuadécs que cette aide sociale est nécessaire à l’avenir des enfants. Nous sommes partis de Nuestro Futuro heureux d’avoir partagé tous ces moments chaleureux avec les enfants, de les avoir aidés, des les avoir fait progresser et de leur avoir ouvert un peu plus les yeux sur notre monde. Cependant nous sommes aussi tristes de les quitter et de les laisser ainsi, alors que nous, nous continuons tranquillement notre voyage. C’est malheureusement un des grands dilemmes de l’aide humanitaire... Comme pour nos projets de volontariat au Mali et au Brésil, nous sommes tout de même fiers d’avoir donné de notre temps et de notre dévouement à des communautés dans le besoin, aussi petite soit elle, et d’avoir, même pour un temps donné, amélioré et égayé leur quotidien