The Aloof n'est certainement pas la dernière sortie hype du moment. C'est plutôt ce genre de trésors caché que l'on découvre des années après avec un enthousiasme mémorable, celui qui vous ramène à certains moments d'écoutes inoubliables de musique. Les années 90, il me semble les avoir rongées jusqu'à l'os, avec le même esprit de quête ultime, celle qui fait de vous un jeune adulte, assoiffé de nouveautés, d'expériences et de tentatives (souvent ratées) d'être leader d'un mouvement étudiant, celui genre rebelle avec les cheveux gras et les pantalons pattes d'eph' du paternel. Rongées jusqu'à l'os, telles étaient mes impressions jusqu'à cette réunion d'amis où ce disque magistral diffusait des ondes jusqu'ici inconnues. "Seeking Pleasure" est ce genre d'album culte qui vous envoie valser dans les méandres du trip hop, du rock sous acide et de la new wave. "What I Miss The Most", deuxième plage du disque, est un chef d'œuvre absolu, porté par une session rythmique diablement scotchante, des envolées de cordes à la Massive Attack et un chant désespéré que n'aurait renié Richard Ashcroft qui sortait au même moment avec ses Verve, le mythique "Urban Hymns". Passons. L'écorchure se fait plus profonde avec ce "All I Want Is You" reprenant la recette miraculeuse, en plus puissant, plus désespéré et plus touchant. Au delà d'être un simple acteur des années britpop, The Aloof se positionne en chef de file d'un mouvement mutant, mélangeant influences, sonorités du shoegazing de l'époque tout en annonçant ce qu'allait devenir Archive dans les années 2000. Archive doit tout (ou presque) à ce groupe qui, dans l'indifférence quasi totale, touchait la grâce dans un univers combinant malaise et éblouissement. A écouter absolument.
Posté par ohmwork à 11:31
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