L’histoire du groupe AMC débute sous le nom de Nash. Ce dernier, après être parti de General Motors, créé sa propre société en 1917. Il est rejoint par Hudson. Les compères remportent nombres succès dans les années 30 et 40 avec leurs voitures américaines d’exception. L’appellation Rambler, suite au succès des compactes de cette époque est adopté en 1956 puis finalement AMC en 1966 désignant l’American Motors Corporation. Une année plus tard, la bombe est lancée, le javelot plutôt, dans l’ère des pony-cars, il est loin de faire pâle figure. La folie de la Fastback Marlin qui laisse perplexe quant à la forme adoptée pour une sportive est mise à l’écart devant l’événement du phénomène AMC de 1968.
Le Javelin est originellement le ” Project IV” en 1965, il est également largement influencé par la concept-car AMX. La ligne est majestueusement dépouillée: long capot, demi-toit Fastback qui suggère un habitacle étrangement spacieux et moderne : presque 3 places à l’arrière sur le banc et des modules intégrés dans la planche de bord. C’est révolutionnaire pour un coupé et laisse sur place tous les pony cars émergents.
Avec son charme suit une motorisation polyvalente, choix multiple allant de 145 à 280 chevaux pour la version GO comprenant le carburateur quadruple corps, les pneus larges Wide-Oval, la suspension rigidifiée, le double échappement et des freins à disques commandés électriquement. Une autre déclinaison plus puissante voit le jour, elle doit sa fierté au triomphe dans de nombreuses courses automobiles, il s’agit de la AMX, le X prétextant l’expérimental. Ce dérivé Javelin arbore un magnifique V8 de 6,4 litres et libère 315 chevaux dans un fougue déconcertante.
Une réussite flagrante et méritée pour le difficile rôle de dernier constructeur indépendant derrière les fonds insoupçonnés des Big Three. Il se vend 56000 Javelin la première année. La fiabilité démontrée par l’endurance parfaite des bolides en course, l’esthétisme et le prix attractif sont les facteurs majeurs de la réussite. En 1969, rien de notoire si ce n’est une calandre revisitée légèrement et l’option Big Bad représentant les trois couleurs orange, bleue et verte disponibles.
A partir de 1970, l’AMC Javelin s’offre un relooking très attrayant : dans un premier temps visuel, le capot, pour mettre encore plus en évidence la calandre s’étire et l’admission d’air éblouit, la poupe quant à elle s’affine et les phares arrières sont plus intégrés entre le coffre et le pare-choc chromé. En second lieu apparaissent les modifications techniques apportées, une liste impressionnante, des motorisations gagnant en cylindrée aux changements de suspension en passant par le chaussage des roues, un tout disponible à 3375 dollars.
Un modèle particulier est venu alimenter la gamme de Javelin : Marc Donohue remportant victoires sur réussites a volontiers prêter son nom pour une série spéciale, la Javelin SST Donohue d’ailleurs signée. Seulement 2500 exemplaires réalisés, quelques raretés qui enregistrent des évolutions intéressantes mais duplicables sur modèle d’origine, l’assimilation est rendue possible par manque d’identification. Cela n’enlève rien aux performances et à l’aspect si charmeur de cette voiture américaine.
De 1971 à 1974, l’AMC Javelin concède de sérieuses altérations. Alourdie par ses redimensionnements étendus, elle s’attribue tout de même un centre de gravité amélioré. Le plus remarquable demeure les passages de roues bombant la robe sur les parties latérales du capot. Un rendu spectaculaire qui laisse place aux pneus sports plus larges. Si ce n’est pas inspiré de la Corvette, on se demande, quand on voit la fibre de verre pour carénage, on a plus de doutes.
Pierre Cardin, le plus français des italiens, a posé sa griffe sur les modèles 1972 et 1973. De la haute couture pour habiller un intérieur de voiture américaine, c’est la classe, le résultat vaut les 85 dollars d’option à l’époque : les bandes multicolores resplendissent dans un intérieur dessiné sur mesure. Restons sûrs qu’entre une motorisation AMX et un intérieur Cardin, le choix est quand même vite vu.
Devant le concours de circonstances, entre lois restrictives, envol du prix des assurances, embargo pétrolier, l’ère des muscle-cars s’est achevée, la Javelin a cessée d’être produite mais n’arrêtera pas de faire battre le cœur de passionnés qui détiennent encore des modèles à leurs côtés. Des associations de collectionneurs sont nombreuses, on comprend aisément l’attachement pour ce bolide, le contexte historique de la dernière marque indépendante. Le rêve qu’elle procure est unique et la saveur de conduite s’acquiert par un cours de transaction très élevé de nos jours, quel dommage