Maths à venir… souvenirs, souvenirs !

Aujourd’hui et demain se tient un colloque important organisé par les sociétés savantes de mathématiques, Maths à venir. C’est la seconde fois qu’un tel colloque a lieu. Le premier a été organisé en 1987, à une époque où les mathématiciens s’inquiétaient d’un manque d’attractivité pour leur domaine.

Je me souviens de cette époque, puisque j’ai passé mon bac en 1988. L’année où François Mitterrand, réélu, nomma Lionel Jospin ministre de l’éducation nationale. Celui-ci engagea une réforme importante des études doctorales, avec à la clé une revalorisation des conditions de financement des thèses (la création des allocations de recherche), et des créations d’emplois, ainsi qu’un plan pour l’immobilier universitaire. Pour le jeune étudiant que j’étais, qui se demandait bien ce qu’il allait faire, tiraillé entre des passions variées, la conjonction du colloque Maths à venir et par la suite des mesures engagées par Jospin donnait le signal qu’un champ s’ouvrait devant lui : celui de la recherche en mathématiques.

20 ans après, je suis professeur d’université en mathématiques. J’appartiens à une génération qui a cru dans le développement de la recherche et des universités. Nous formons un pic dans la courbe démographique des mathématiciens. Une génération qui a vu, au gré des changements de cap politiques, s’opérer un véritable gâchis. Je suis catastrophé de voir le manque d’attractivité de notre secteur.

La nouvelle édition du colloque est la bienvenue. Elle permettra, j’espère, de montrer que les mathématiques sont loin de l’image qu’elles ont souvent. Mais il manque une pièce : l’ambition politique de soutenir la recherche. Car ce n’est pas en proposant en supprimant des emplois scientifiques qu’on attire les jeunes, ce n’est pas en leur promettant toujours plus de compétition, toujours plus d’individualisme, qu’on forme les équipes de recherche. Un changement de politique est indispensable, pour que le colloque qui s’est ouvert aujourd’hui puisse livrer tous ses fruits.