(c) Photo Dälek
Berlin n'arrête jamais, pas même le dimanche soir à l'heure où on aurait envie de se coucher, pas même dans ses temples de la nuit où zonent encore quelques ombres n'ayant pas fermé l'œil depuis 24h. Le Berghain trône au milieu de sa zone industrielle. Pour une fois pas de queue, même si les taxis sont là, en ligne. Le club le plus couru et le plus underground de Berlin invite à son salon électronique. Ce soir l'ex percusionniste/performer des Einstürzende Neubauten, FM Einheit, vient taper du tuyau avec Hans Joachim Irmler aux machines. Le rock noir et industriel des années 80 a laissé place à la musique électronique expérimentale, improvisée, planante et bruyante. FM Einheit martèle toujours le métal avec outils et perceuses, l'heure est toujours à la noirceur, mais le set a viré vieux virtuose de la machine. Les morceaux durent longtemps, installent une ambiance, la musique n'est pas que bruit défouloir ou énergie dévastatrice, elle est lisible, claire, puissante. Ca vous remue les tripes, ça vous remonte par les pieds. Mais ce n'est qu'un avant-goût, une première partie, une mise en bouche. En haut de l'affiche de cette soirée c'est Dälek les rappeurs new yorkais qui balancent autant de son à deux que trois marteaux-piqueurs réunis. C'est frontal, bruyant, violent le flow n'est pas extraordinaire mais l'important c'est l'expérience opressante, une bande son de sensations qui pousse le hip hop au rang de musique expérimentale, poisseuse et sombre. On n'est plus très loin de la désespérance bruitiste des Neubauten. On comprend l'équilibre de la programmation. On a juste mal aux oreilles de tant d'épuisement sonore. Mais que c'était bon.