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Dominique de Villepin incarne de plus en plus le challenger sécurisant dans un contexte de dangers grandissants, réels ou fantasmés.
Dominique de Villepin s'est progressivement approprié les fondamentaux de la communication de Nicolas Sarkozy en les adaptant à sa personnalité.
Ces fondamentaux reposent sur quatre règles.
1ère règle : la permanence de la communication.
Jusqu'alors, les coutumes étaient aux campagnes thématiques ponctuelles organisées sur une séquence temps précise.
Pendant 1 mois, un responsable politique communiquait sur un thème donné. Puis, il "disparaissait" de la scène pendant deux ou trois mois avant de revenir sur un autre dossier.
A l'opposé de cette tradition, à compter de 2002, Nicolas Sarkozy a substitué la "campagne permanente" à l'américaine. Presque chaque jour, une campagne de communication est conduite ( déplacements, images, formules chocs…). Dominique de Villepin est engagé dans ce nouveau rythme qu'il devrait accélérer début 2010.
2ème règle : incarner "l'énergie rebelle" et dresser un contre-portrait du pouvoir sortant pour capitaliser de façon prioritaire la volonté éventuelle de transfert.
Là aussi, le réalisme s'est imposé : on ne quitte pas un original pour une pâle copie. Par conséquent, il ne faut pas venir sur le terrain des points forts du Président sortant mais aller occuper les terres opposées. Si le Président sortant est impopulaire, c'est un autre tempérament qui sera choisi et la prime sera donnée au plus clivant.
3ème règle : créer son propre espace politique
La logique de "marque individuelle" prime sur les espaces des partis politiques. Il importe donc de gagner l'installation de sa propre marque plutôt que de chercher à gagner un parti à supposé que cela soit possible. Si la présidentielle permet d'imposer sa marque, le parti le plus proche suivra pour sauver les "fonds de commerces individuels".
4ème nouveauté : le salut est dans l'action
Nicolas Sarkozy a choisi l'action. En 2007, l'opinion l'a récompensé pour ce choix. Maintenant l'opinion ajoute le résultat. Là est la difficulté.
A partir de 2004, les groupes qualitatifs montraient que les mots qui étaient le plus souvent prononcés à son sujet c'était : "il se décarcasse", "il se démène", "il se bagarre", "il mouille la chemise" …
Il tente sporadiquement de restaurer ce climat : l'été 2008 et la crise économique, Copenhague actuellement ...
Mais la confusion de la communication de pouvoir et les moyens apparents du pouvoir altèrent ce climat. Les dernières enquêtes montrent que ce sont désormais d'autres qualificatifs qui arrivent en tête.
Ces qualificatifs du "mérite dans l'épreuve", Dominique de Villepin les a conquis pendant Clearstream. Il doit les cultiver car ils sont le socle du parcours initiatique réussi.
L'actuel parallèle technique entre l'émancipation de Sarkozy face à Chirac et celle de DdV face à Sarkozy laisse apparaître des similitudes étonnantes comme si certaines attitudes étaient des points de passages obligés pour une présidentielle.