Ted Turner appartient au groupe des milliardaires qui considèrent que l'inaction des Etats donnerait droit à des appropriations privées de nature à protéger des "sanctuaires naturels". S'agit-il de citoyens entreprenants ou d'entrepreneurs sous le costume de citoyens ?
L'article ci-dessous est un extrait de notre lettre hebdomadaire 199 diffusée ce jour à nos abonnés.
Le sommaire de cette lettre est le suivant :
- Edito sur : la bulle écolo ?
- Conseil technique : l'opinion fabriquée ?
- Discours 1 : l'eau
- Discours 2 : la santé
- Revue de presse
- le Carnet est consacré à la mode des "éco-barons" avec l'extrait ci-dessous :
"Robert Edward "Ted" Turner III est né le 19 novembre 1938.
Il est surtout connu en dehors des Etats-Unis pour avoir fondé CNN et … par son mariage avec Jane Fonda.
Il incarne désormais l'entrepreneur citoyen.
Il a investi 2 milliards de dollars dans les énergies renouvelables.
Il est aussi celui qui vante les "chances des crises".
Il défend l'interprétation selon laquelle chaque crise est l'occasion donnée par l'économie afin de tester nos capacités. C'est à nous, évidemment, de ne pas manquer ces occasions.
Dans ces circonstances, il revient à chacun la responsabilité de relever les défis de l'Histoire, de faire preuve d'imagination et de réalisme pour s'adapter aux nouvelles situations.
Dans la nature, tous les êtres vivants qui sont devenus incapables de s'adapter sont condamnés à disparaître.
D'ailleurs, pour cela, il suffit tout simplement de se mettre à l'écoute de la nature.
La moindre plante doit s'adapter au sol, la moindre fleur à la plante, la moindre abeille à la fleur. Dans la nature, les êtres vivants qui, pour une raison ou pour une autre, sont devenus incapables de s'adapter sont appelés à disparaître.
Dans le tissu socio-économique d'aujourd'hui, l'entreprise doit agir et réagir comme un être vivant. Elle se nourrit de la société en même temps qu'elle la nourrit.
Et cet échange ne se fait de manière satisfaisante qu'à la nécessaire condition que les différents éléments (politiques, sociaux et économiques) soient en état d'équilibre.
Si cet équilibre se rompt – comme ce fut le cas en 1929 et plus récemment fin 2008 – tout le système dans son ensemble doit être revu, et, à l'intérieur de ce système, les différents rouages qui le composent. Revoir, en l'occurrence, cela signifie s'adapter à la nouvelle situation.
Dans n'importe quel contexte, les choix politiques du gouvernement jouent un rôle essentiel.
Mais bien sûr, parmi les divers éléments qui contribuent à maintenir – ou à rétablir lorsqu'il est rompu – l'équilibre indispensable à la vie économique, les choix politiques du Gouvernement jouent un rôle essentiel.
Mais les Gouvernants ne peuvent tout faire, loin s'en faut.
Par conséquent, Ted Turner plaide pour le mouvement par les citoyens.
Il se lance dans l'environnement avec la protection de sanctuaires naturels.
Il se lance dans le solaire en prévoyant l'explosion de la société First Solar, leader mondial des panneaux solaires "à couches minces".
Il se lance dans les éoliennes.
Mais surtout il se lance dans le "scolaire" en effectuant une donation à la George Washington University pour la création d'un Institut pour l'analyse de l'énergie solaire.
Il se lance surtout dans une action de lobbying pour la création de nouvelles lois en faveur des énergies renouvelables.
Toutes ces bonnes intentions commencent à susciter des questions : de telles initiatives sont-elles désintéressées quant au retour sur investissement ?
Ce qui est bon pour Ted Turner le sera-t-il nécessairement pour l'Intérêt Général ? Et si demain, dans des sanctuaires naturels devenus sa propriété, des actions contestables étaient engagées ?
L'entrepreneur citoyen est-il devenu un citoyen entreprenant ou reste-t-il d'abord un entrepreneur efficace avec des considérations de rentabilité à terme ? "
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