Peut-on réhabiliter le sens du travail ? Comment rendre à nouveau le cadre professionnel épanouissant et nourricier ? Et s'il suffisait de s'intéresser à l'autre?
Le monde du travail a profondément évolué. Perte de sens, individualisation des taches, hiérarchisation croissante, déshumanisation du cadre professionnel. Le fossé se creuse de plus en plus entre les salariés et les dirigeants. Ce constat est la révélation de plusieurs éléments entrés simultanément en crise. D’abord une interprétation du réel : L’individu a du mal à réaliser et comprendre les réalités qui l’entourent. Parallèlement, il perd le sens des choses (crise du sens), et ne sait plus vraiment ce à quoi il est destiné (crise de la destinée). La parole est, elle aussi visée (crise de la parole). Si les moyens de communication se sont développés, la communication, elle, ne suit pas la même évolution. La crise touche donc des éléments fondamentaux et a affecté les courroies de transmission du savoir (famille, école, université et aujourd’hui l’entreprise ou l’organisation professionnelle.
Les salariés vivent une pression intense. Ils doivent simultanément répondre de toute urgence à la fois à leur supérieur hiérarchique, à des collègues et à des clients. Ils sont pris en tenaille dans les mâchoires de l’hyper exigence. Le stress est ainsi devenu la 1ère cause d’arrêt maladie. Contrairement aux générations précédentes, le travail n’est plus au cœur de nos vies, un lieu d’épanouissement mais plutôt source de maux tant physiques que psychologiques. La carrière n’est plus la priorité, c’est le sens qui en est une. Les salariés sont en attentes d’autres modèles. Si auparavant les cadres obéissaient aux ordres pour gagner la guerre économique, c’est moins le cas aujourd’hui. Ils veulent pouvoir regarder leur famille dans les yeux le soir en rentrant. Beaucoup de dirigeants d'entreprise sont donc dans des situations schizophréniques. Les meilleurs veulent humaniser leur entreprise dans un contexte souvent très brutal. D'autres parlent de sens mais demandent à leurs troupes d'être de bons mercenaires et ils ont de plus en plus de mal à faire percevoir à leurs salariés le sens de leur travail. On a parfois l'impression que rien ne peut arrêter cette logique car il y a d’un côté les attentes des cadres et de l’autre celle de l’entreprise qui veut les motiver mais n’y arrive pas !
C’est souvent le chômage qui fait qu’aujourd’hui les gens restent où ils sont et subissent ces pressions. Ils n’en parlent pas et restent dans un mutisme avec une frustration croissante. Car la parole est aussi en crise. Beaucoup de cadres ne communiquent pas leur stress ou leurs problèmes à leur hiérarchie. Les informations ne remontent pas, elles ne descendent pas non plus et on ne sait plus vraiment qui commande le navire « Organisation professionnelle ». Si les dirigeants veulent sortir de ce cercle infernal il va leur falloir redorer la notion de performance managériale. Apprendre ou réapprendre à faire confiance aux individus, à tous les salariés quels que soit leur tache et leurs fonctions. Les prendre comme des partenaires de l’entreprise. Il est temps de lancer une vraie réflexion sur le respect des personnes pour les aider à atteindre la performance. Il est temps de réconcilier anthropologie, vision de l’homme, éthique, et management performant. Et cela passe par la réhabilitation de la parole perdue.
Et la réhabilitation de la parole perdue passe entre autre par l’écoute active de l’autre…