"Attention piste dangereuse", les montagnes suisses sont habituées. Puisque c'est le grand débat de cette fin d'année, BeniNews s'y colle.
Les minarets, c'est le sujet qui met tout le monde politique et médiatique d'accord sauf le FN. Un peu comme l'affaire Frédéric Mitterrand pour laquelle Nicolas Sarkozy a eu, lors du Conseil National de l'UMP, cet argument fort, adulte et profondément réfléchi : "c'est une honte de voir suivre les pas de Marine Le Pen." Heureusement qu'elle n'a pas dit qu'elle aimait le foie gras, sinon les éleveurs landais risquaient de se retrouver à devoir remplacer les moutons de l'Aïd et égorger leurs oies à la place.
Tout le monde politique et médiatique est d'ailleurs tellement d'accord que dorénavant, ils sont contre les référendums. Le référendum, c'est sympa quand on gagne mais quand on perd, c'est que le peuple est con. Un peu comme le référendum français établissant une constitution pour l'Europe. Comme le référendum irlandais sur le traité de Lisbonne.
Le peuple a mal voté, revotons. L'Union Européenne donne des grandes leçons de liberté à la Suisse...
La pakistanaise rapporteur spéciale de l'ONU pour la liberté de religion s'offusque. Son mutisme au sujet des fermetures d'églises dans les pays arabes la rend malheureusement peu crédible.
Mais surtout, le Vatican s'oppose à l'interdiction de minaret. Car le christianisme est source de liberté et d'accueil. Peu importe que l'islam ne suive pas cette voie là où il est majoritaire et opprime les autres religions. Le christianisme a ses propres valeurs, c'est sa beauté, sa force et sa vérité.
Pour le commun des mortels, le minaret est une espèce de clocher avec un gars qui crie à la place des cloches. Depuis quelques jours, on apprend que c'est beaucoup plus compliqué. Démonstration de force politique pour les uns, élément décoratif pour les autres, le minaret ne semble plus vraiment un outil d'appel à la prière. Dans ce cas, proposons de lancer un débat entre militaires et architectes et oublions les imams, non?
Plus sérieusement, pourquoi ce débat crispe-t-il?
Nous savons tous que l'islam est la deuxième religion de France. Enfin presque tous, puisque pour nos hommes politiques et nos médias, les catholiques sont juste des clowns pour maison de retraite.
Cette deuxième religion est également une deuxième culture fort différente de la première. Sa vérité, sa liberté, son espérance sont différents. Sa notion de l'état, son rapport aux autres, sa vision du monde sont différents.
Et bien que la première religion ne fasse plus le plein et qu'elle soit fréquemment vilipendée, ses préceptes et son projet de société restent clairement ancrés en Europe.
Il y a donc confrontation qui peut, parfois, mener au rejet.
Est-ce bien? Non.
Est-ce normal? Non.
Est-ce évitable? Oui.
Nous l'avons déjà rappelé plusieurs fois et nous le faisons à nouveau : l'Europe s'est bâtie sur une longue tradition chrétienne.
Saint Patrick, Clovis, Constantin, pour n'en citer que quelques uns, ont construit l'Europe chrétienne dans laquelle nous vivons encore et sont pour cela emblématiques dans leurs pays respectifs.
Plus récemment, Alcide de Gasperi et Robert Schuman, pères de l'Union Européenne (dont la Suisse ne fait pas partie), inscrivirent leur action dans une perspective spirituelle chrétienne affirmée.
Ce christianisme qui a porté l'Europe a toujours prôné la charité, la liberté, la joie, la paix, l'accueil. Oui, l'accueil. L'accueil de l'autre, quelle que soit sa différence.
Mais aujourd'hui l'Europe nie son christianisme.
L'Europe interdit des crucifix qui ne gênent que quelques furieux.
L'Europe refuse de reconnaître son passé chrétien pour sombrer dans un humanisme fourre-tout.
L'Europe essaie de condamner les propos pleins de bon sens du pape.
L'Europe oublie de se scandaliser des persécutions anti-chrétiennes partout dans le monde, notamment dans les pays qui financent les joyeux minarets européens.
Comment accueillir quand on ne sait plus qui on est?
Le problème des années 2000 en Europe n'est pas tant les minarets que l'absence de culture.
Nous sommes confrontés à une religion qui s'affirme et qui, et c'est normal, cherche à faire évoluer notre société.
Et face à cela, nous sommes démunis parce que nous ne connaissons pas notre propre culture. Nous nions notre foi. Nous perdons notre espérance.
C'est la confrontation du passionné et du mou.
La discussion serait plus belle, plus riche, plus humaine si le passionné parlait au passionné. Si l'Europe retrouvait son vrai visage. Alors, l'Europe pourrait ouvrir sa porte à l'étranger et l'étranger pourrait évoluer, écouter, aimer. Et alors, qu'il grimpe en haut du minaret ou non, peu importerait.
Depuis dimanche, nous sommes entrés dans cette belle période de l'Avent. Dans ces quelques semaines de prière et d'attente du retour du Christ sauveur.
Puis nous fêterons Noël.
PS : la Fondation d'Auteuil nous offre un beau calendrier de l'Avent à télécharger (en cliquant sur l'image)...
NOUS fêterons Noël??? Les chrétiens tenteront de fêter Noël mais n'auront pas le droit de diffuser des chants religieux dans leurs magasins; ils devront dire "bonnes fêtes de fin d'année" à leurs collègues; ils ne trouveront plus de messe de minuit à la télé.
Le problème n'est pas le minaret mais le clocher.
Affirmons-nous. Faisons sonner les cloches, remplissons les églises, fêtons Noël avec joie.
Que notre culture soit belle et fervente. Et l'accueil ne nous fera plus peur.