Un sacré retour sur investissement. Avec des recettes dépassant déjà les 100 millions de dollars alors qu’il n’en a coûtés que 15 000, Paranormal Activity est en passe de devenir l’un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma. En détrônant peut-être au passage celui dont il s’inspire, The Blair Witch Project. Malgré une réalisation non sans défauts, Oren Peli a le mérite de nous prouver que le cinéma en bouts de ficelle a encore de quoi donner le frisson.
Katie Featherston et Micah Sloat forment un couple sans histoires. La quiétude de leur maison perdue dans la banlieue de San Diego se retrouve pourtant troublée chaque nuit davantage par des bruits et mouvements étranges. Micah, qui n’y croit qu’à moitié, veut en finir une fois pour toutes avec les terreurs nocturnes de sa compagne. Il décide donc de s’acheter une caméra flambant neuve afin de filmer leur chambre pendant leur sommeil.
Avec ce scénario plus que basique et la technique de la fausse caméra amateur déjà réutilisée dans des films comme Cloverfield ou [Rec], on pouvait se demander en quoi Paranormal Activity allait se démarquer. La première impression est mauvaise : l’action trainasse mollement au cours de la première demie-heure et le scénario laisse parfois apparaître quelques incohérences. On s’interroge par exemple sur les raisons qui poussent le couple à rester sur place malgré la menace qui plane sur leur maison, et pourquoi jamais personne ne leur vient en aide. A croire qu’ils n’ont aucune vie sociale. Bref, tout ça fleurait bon le carré vert.
Cependant, même si le réalisateur prend son temps et commet quelques erreurs, le résultat est là : les gorges se nouent et les mains se crispent sur les bras du fauteuil. Car si les ressorts utilisés s’avèrent simples, ils n’en demeurent pas moins très efficaces.
Il y a d’abord le huis-clos, qui empêche toute course poursuite éperdue dans les bois ou autre crétinerie de ce genre et donne le sentiment d’une possession progressive et inéluctable. L’environnement paisible au premier abord devient progressivement oppressant. Une sensation qui se trouve renforcée par la régularité métronomique avec laquelle les événements se succèdent. Il y a également le décor – qui n’est autre que la maison de Peli lui-même –, à la fois familier et impersonnel, ce qui donne l’impression que tout pourrait potentiellement se passer chez vous. Le film aura d’ailleurs sans doute plus d’impact si vous le regardez dans votre appartement douillet plutôt que dans une salle de cinéma. Il y a enfin cette basse lancinante qui vient faire vibrer vos tympans à chaque fois que “la chose” est sur le point de se manifester. Parce qu’il a peu de moyens, Oren Peli s’affranchit du décorum attaché au genre pour aller directement à l’essentiel : le ressenti de son public.
Certes Paranormal Activity est loin d’être un chef-d’œuvre ou un film révolutionnaire et ne mérite peut-être pas l’engouement surnaturel qu’il a engendré. Les amateurs d’horreur sanguinolente pousseront donc un profond soupir d’ennui et les chauvins penseront avec satisfaction qu’il est “incroyable de voir à quel point les américains sont des enfants crédules et superstitieux“(Cf Allocine).
Ce qui est incroyable pourtant, c’est de ne pas reconnaître le mérite de ce film, qui réussit là où beaucoup de réalisations aux moyens pourtant colossaux se sont cassé les dents : nous faire – au moins un peu – peur.
Et ça, ça mérite un coup de chapeau.
Sortie le 2 décembre
Crédits photo : © Wild Bunch Distribution