Dimanche dernier, Martine Aubry a su trouver les mots pour contrer l’offensive pernicieuse de la droite sur l’identité nationale. Avançant sous cape, mêlant de manière scandaleuse identité nationale et immigration (entendre « problèmes d’immigration »), se cachant derrière le traître Eric Besson, la droite espérait mettre la gauche en difficulté en lançant un faux-débat destiné à tenter de récupérer les voix de l’extrême-droite. Et de croire que la gauche serait prise en tenaille entre ses profondes convictions et un pseudo-réalisme politique qui lui commanderait d’adopter le registre de la droite pour éviter un procès en angélisme. C’était sans compter sur l’intelligence politique et la sincérité de Martine Aubry, qui a enfin dit tout haut ce que tant de femmes et d’hommes de gauche pensent tout bas.
Non, la naïveté n’est pas de notre côté. Elle est du côté de ceux qui font croire qu’on pourrait renvoyer tous les sans-papiers, ou ériger des barrières à nos frontières. Ce sont eux qui créent des situations inextricables, avec des gens qui travaillent, dont les enfants vont à l’école, qui paient des impôts, mais ne parviennent pas à avoir des papiers. Ce sont eux qui ont mis en place des procédures absurdes, auxquelles les universitaires sont souvent confrontés, quand il faut aider un chercheur étranger à obtenir des papiers, qu’il obtient souvent avec peine et comme s’il quémandait. Les propos d’Eric Besson, qui évoque la régularisation de 1000 travailleurs sans-papiers alors que 5000 personnes ont le courage de faire grêve pour dénoncer leur situation, montrent l’impasse dans laquelle le gouvernement s’est placé.
L’immigration n’est pas un problème, c’est un fait social. Elle a toujours existé, et elle n’est pas plus forte aujourd’hui qu’hier. Elle constitue notre passé comme notre avenir. Elle contribuera à nous permettre de rester un pays fort, offrant une protection sociale solidaire, contribuant à la démographie. La nier, ou laisser croire qu’on pourrait la limiter à un « volume raisonnable », voilà l’angélisme de droite. La gauche est beaucoup plus réaliste. Elle doit définir ce que doit être une politique active d’immigration, mettant en place les modalités concrètes qui permettront à ceux qui veulent venir contribuer au développement de notre pays de le faire légalement. Elle doit travailler avec les autres pays dans une relation de coopération.
La gauche regagnera la confiance des citoyens en étant elle-même. Pas en copiant la droite, ou en ayant mauvaise conscience, dominée intellectuellement par le néo-libéralisme et le néo-conservatisme. En affirmant ses valeurs fondamentales, au premier rang desquelles l’internationalisme et la solidarité entre les citoyens et entre les peuples, elle pose les jalons de sa reconquête. Sur l’immigration, un grand pas a été franchi. Il touchera directement tous ceux qui ont été confrontés au scandale des expulsions d’enfants sans-papiers. Et ils sont nombreux : un enfant expulsé, c’est 25 à 30 de ses camarades qui sont effondrés devant l’inhumanité, et une cinquantaine de parents édifiés.