C'est l'histoire d'un garçon né à Neuilly-sur-Seine, et le roman français, c'est la vie qu'il a vécue. Une autobiographie qui se lit comme un roman, un essai sur soi, introspectif qui se lit comme un reportage. Son roman illustre tous les styles, et son style est unique, à la fois raffiné et poétique, trash et obscure. Les déboires familiaux servent de toile de fond à une projection de l'histoire de France. Il livre ses états d'âme et de choc depuis cette cellule où s'étire le temps, et qui le met définitivement « en boîte ». Il décrit son approche de la famille et de la fratrie avec humour et une insubordination imagée. Beigbeder a la plume, ou dirais-je la patte, d'un chien de garde aux yeux noirs, au doux pelage, et aux envies sucrées. Ses mots se lisent comme on boit une grenadine, on ne sait pas exactement ce qu'est le mélange, mais c'est rudement bon ! Je vous laisse donc déguster ce concentré littéraire aussi acidulé que délicat..
Deux extraits, un style inimitable, éloquent, lyrique, jubilatoire !
« Je me suis trempé dans l'eau froide d'une rivière, sous les pins géants, dans un air saturé de résine. J'ai posé avec mon frère devant un troupeau de brebis qui sentaient l'odeur de leur prochain fromage. Un rideau de pluie vernissait les pâturages, le ciel nuageux était un édredon somnifère, le temps était long, les enfants détestent les promenades, je crois que nous étions maussades comme nos bottes en caoutchouc boueuses, et des pottocks paissaient sur les versants herbeux de la venta de Zugarramurdi. »
Frédéric Beigbeder - Un roman français - Aux Editions Grasset - Prix Renaudot 2009
(Notons la superbe aquarelle de N. Ratel, illustrant le bandeau, offrant un visage inconnu de Beigbeder enfant en 1974)