Jeudi soir, l’émission « Luis Attack » sur RMC posait ses valises et sa mauvaise foi dans les salons feutrés du Haillan, le centre d’entraînement des girondins de Bordeaux au lendemain de leur brillante victoire (2-0) au dépens de la jeunesse turinoise, synonyme de première place assurée dans leur poule de ligue des champions.
Au programme, interview de quelques joueurs, du président Triaud et de l’autre Président, l’entraîneur Laurent Blanc.
Comme souvent, avec ces deux hommes, ce fut un plaisir. Si vous les avez manquées, nous vous proposons l’interview de l’ancien défenseur central des bleus, qui traitera tour à tour du match de ligue des champions, du début de saison bordelais et de l’équipe de France.
Régalez-vous, la classe quand on l’a, on la garde même hors de terrains.
L’interview est menée par Luis Fernandez (dont vous reconnaîtrez peut-être parfois le style caractéristique fait de phrases sans fin, ni queue, ni tête) et d’un journaliste cherchant à entraîner Laurent Blanc vers des lignes qu’il ne franchira pas.
Sur le contenu, le match en lui-même, tu as aimé la performance…
Oui.
… parfois tu es un peu déçu en conférence de presse, là : heureux.
Oui parce que comme tu sais, le score est important, même si la qualification était garantie, la 1ère place était importante hier. Le staff technique avait préparé ce match, on avait visionné la juve plusieurs fois, on avait disséqué un peu leur jeu, on savait qu’elle avait changé de système, qu’il y avait des joueurs importants qui n’étaient pas présents à l’aller et qui étaient présents hier soir. On a vu certaines choses et on en a fait part aux joueurs. Quand on voit que ce qui est préparé est réalisé sur le terrain, que ça a mis en danger l’équipe adverse, plus le stade plein, l’ambiance, on a passé une excellente soirée hier soir.
Tu as composé différemment pour la ligue des champions parce qu’en championnat je te vois avec tes deux pointes, …
Oui, le losange…
… depuis que je te regarde, la juve, le bayern, tu l’as modifié ton système.
Oui, oui, je suis conscient qu’en champion’s league notamment contre certains adversaires, on ne peut pas jouer dans ce mode là ou alors il faudrait qu’en phase défensive un attaquant revienne faire un gros travail au milieu du terrain et ce qui n’est pas dans la mentalité des attaquants. Effectivement, on essaie de jouer avec ce milieu de terrain un peu renforcé. Il y avait une absence un peu de marque dans ce milieu de terrain, qui était yohan, mais je pense qu’ avec Fernando, Alou Diarra et Plasil, on a plus que rivalisé avec Melo, Sissokho, et Diego. C’est là, à mon avis qu’on a gagné le match et avec une bonne animation sur les côtés parce que si dans le cœur du jeu tu te neutralises, le danger va venir des côtés, il faut que tes côtés soient perforants, performants et il faut de la présence devant le but aussi.
toujours décontracté et posé, laurent Blanc se prête volontiers à la discussion.
Vous parlez de cette compétition que vous découvrez en tant qu’entraîneur depuis l’année dernière. Expliquez nous la différence entre la ligue des champions en tant que joueur et en tant qu’entraîneur.
Vous savez c’est un peu la différence qu’il y a entre un joueur et un entraîneur, que ce soit en ligue 1 ou en coupe d’Europe, c’est un métier complètement différent. Quand vous êtes joueur, vous êtes dans un collectif mais vous êtes très égoïste, vous pensez à votre performance, à votre jeu, en pensant à l’équipe aussi alors que l’entraîneur pense d’abord à l’équipe. Je crois que c’est un métier complètement différent, certes on est sur le terrain mais une fois que le match a commencé, on n’arrive pas à intervenir, à être un acteur important.
Et maintenant que tu as fait cette transition, quelle est l’idée que tu te faisais de cette…
Je le dis et je le répète, je crois qu’un entraîneur dans le football actuel est plus un gestionnaire d’un groupe, de mentalités, de personnalités, parce que les joueurs, ils ont tous une personnalité différente, une culture différente, une religion différente, d’arriver à gérer le groupe le mieux possible… les égos, parce que les joueurs ont parfois des égos surdimensionnés et que l’entraîneur a aussi un égo donc c’est pas facile…
Même à Bordeaux ?
Oui, même à Bordeaux. Dans la gestion footbalistique du groupe, c’est important, je crois que le football a bien changé depuis une vingtaine d’années, que l’entraîneur doit arriver à faire les bons choix dans son staff technique. S’il arrive à faire des choix judicieux, il va s’y reposer toute l’année et se consacrer sur ce qui doit être sa force, c’est-à-dire la gestion des êtres.
Moi ce qui m’intéresse c’est d’atteindre sportivement les objectifs les plus hauts possibles. En France, je pense que Bordeaux m’a donné l’opportunité de jouer vraiment les premiers rôles, donc si ça continue, ça peut être une solution à moyen terme, Bordeaux.
Si c’est quitter Bordeaux, c’est pour aller par exemple à Manchester United.
Exactement, …
Remplacer Sir Alex Ferguson !
(rires), oui mais le problème c’est que Sir Alex n’est pas d’accord.
Deux hommes qui se respectent et qui ont gagné ensemble.
Non, mais il est sur le point de, de, de, … ça ne saurait tarder, il lui reste peut-être un an, deux ans,…
On en parle tous les ans du départ de Sir Alex Ferguson.
Il le connaît bien, il connaît bien le personnage, beaucoup de respect ?
Oui, beaucoup d’atomes avec Sir Alex, mais c’est vrai que partir de Bordeaux pour aller dans un grand club étranger, ça serait pour aller dans un club qui me donne la possibilité sportivement d’avoir une chose en plus par rapport à Bordeaux. Je ne partirais pas à l’étranger si je n’ai pas la certitude que j’aurais d’autres possibilités que je n’ai pas à Bordeaux.
Moi, la vérité, c’est que j’aimerais bien que tu restes en France et que tu nous prennes l’équipe de France par exemple.
J’essaie de faire comme quand j’étais joueur, de ne pas programmer ma carrière, la seule chose que je sais c’est que je ne ferais pas ce métier très longtemps…
D’entraîneur de club ? parce que sélectionneur c’est différent…
C’est très différent.
C’est peut-être quelque chose…
Un peu moins difficile ?
Oui.
On peut s’apercevoir quand on regarde aujourd’hui l’équipe de France que c’est quand même loin d’être facile.
Quand on arrive en sélection, quand on s’appelle Didier Deschamps, Laurent Blanc, quand on s’appelle Jean Tigana, ces joueurs qui ont gagné des titres ou qui ont entraîné des équipes qui en ont gagné, c’est quand même plus facile, on s’impose, on a du charisme…
On a peut-être un crédit par rapport à certains, et c’est la même chose en club, il faut essayer de faire fructifier ce crédit par rapport aux joueurs surtout, avoir un langage qui leur plait, avoir l’adhésion la plus large parce qu’un entraîneur, sans ses joueurs, il n’est personne. Donc il faut aussi avoir une dimension humaine et tout ce que je vis maintenant avec Bordeaux me servira pour la suite, en tant qu’entraîneur d’un autre club, ou sélectionneur d’une nation.
Laurent Blanc, si on se fie aux statistiques, Bordeaux est qualifié pour les 8èmes de finale de la ligue des champions, Bordeaux est 2ème du championnat de France, toujours donc bien placé, mais sur les dernières prestations en …
(il coupe) oui, c’est pas brillant.
Comment expliquez vous tout cela ?
Vous le savez mais vous faites semblant d’oublier tout cela, alors vous voulez que je vous les dise les raisons ? Chaque fois je les répète, je les répète…
En début de saison, vous êtes tous à nous faire remarquer que la champion’s league ça vous capte l’énergie, ça vous fait perdre des points, on le sait tous, que ce soit Marseille ou Lyon, je discutais l’autre soir avec Claude Puel, il me disait : « on est allé à Nice, on avait l’intention de faire un résultat, on en a pris quatre. » Avec tout le respect que j’ai pour Nice, il n’y a pas une aussi grande différence entre Nice et Lyon. C’est qu’après les matchs de LDC, même si on en a l’envie, la motivation, c’est qu’au plus profond, les piles sont vides. Les piles sont vides parce qu’on a tout lâché le mercredi soir.
Nous on est allé à Lille, Lille méritait largement sa victoire, on avait l’intention de faire un bon match, de jouer mais les piles étaient vides. Alors quand après un gros matchs en champion’s on perd des points, il faut pas crier…
Mais un grand club doit être habitué à ça aussi, si on regarde en Espagne, le Barça, le Real…
Mais donnez moi l’effectif de Barcelone,…
C’est la profondeur de banc qui fait la différence ?
… ou de l’Inter de Milan. Moi je suis désolé, il n’y a que les grands clubs qui ont un effectif important avec des joueurs pratiquement de valeur égale avec 25/26 internationaux qui leur permettent d’assurer l’essentiel en champion’s league et en championnat, mais ça coûte très cher.
On s’aperçoit qu’à Bordeaux, dès qu’il y a 2, 3, 4 joueurs de l’effectif de ce que j’appelle de bons professionnels, qui sont blessés, il faut que j’appelle, et je le fais avec grand plaisir parce qu’ils ont beaucoup de talent, à de jeunes joueurs. Hier soir, j’avais 4 joueurs sur le banc qui a eux tous n’avaient pas 100 matchs en 1ère division. Voilà, c’est un fait, c’est une réalité.
Est-ce qu’au-delà de cette LDC qui prend beaucoup d’énergie, votre début de championnat (6 victoires un nul) ne vous a pas donné l’illusion de penser que ça aller être facile ?
Inconsciemment certainement. Quand vous faites une excellente saison et un début de championnat comme ça, on peut se dire qu’on est parti sur les mêmes bases mais le problème c’est qu’avec les exploits que vous faites en champion’s league, avec le titre de champion et le début de championnat, vous devenez l’équipe à battre. Et on s’aperçoit que Lyon ce qu’ils ont fait c’est quand même très grand parce qu’eux pendant 7 ans, ils ont été l’équipe à battre.
On va aborder maintenant un sujet qui te tient à cœur, c’est l’équipe de France, on ne t’as pas beaucoup entendu sur cette équipe de France, sur la main de Thierry Henry ?
Tu sais je ne me débines pas Luis, j’assume mes responsabilités.
Alors qu’est-ce que tu en as pensé de cette équipe de France en terme de jeu ? en terme d’image ? pas par rapport à la main de …
Si tu me dis en terme d’image c’est que quelque part le geste que Thierry a fait…
Oui !
Moi pour être plus complet et pour assumer ce que je pense, c’est que le gros débat de l’équipe de France, c’est celui qui m’intéresse, c’est le jeu. Quand j’analyse le match France-Irlande et j’inclue Irlande-France, que j’entends que l’Irlande mérite plus que la France d’aller en Afrique du Sud, je ne suis pas d’accord.
Parce que la France a été meilleure que l’Irlande en Irlande et l’Irlande a été meilleure que la France à domicile. Les deux équipes qui recevaient ont déjoué.
Donc après il y a ce fait de jeu, qui pour moi est un fait de jeu, alors effectivement, ce n’est pas très brillant.
Dans le contenu, dans le match en lui-même, lorsqu’on a cette opportunité d’avoir gagné là-bas en Irlande, tu mènes 1-0, on a senti cette équipe tendue, crispée…
Le ballon était une boule de feu.
Voilà ! Et si là, il n’y a pas un problème !
Ceux qui disent qu’en terme de jeu sur le France-Irlande il n’y a pas de problème, c’est qu’ils n’ont jamais joué au football. En terme de jeu on ne peut pas se satisfaire de ce qu’on a vu.
Après, les circonstances…
Il y a des joueurs qui ont eu peur de prendre leurs responsabilités à mon avis.
Il n’y a pas suffisamment de leaders en équipe de France ? Est-ce qu’il y a seulement un capitaine et puis après…
Il faut toujours en avoir dans le groupe, des leaders irréprochables, 1, 2, 3, 4, 5, 6, …
Dans cette équipe de France si on analyse bien, il y a un mélange de génération, j’ai l’impression que c’est difficile un petit peu, de gérer tout ça. Mais je crois qu’avec la valeur des joueurs, individuelle, on doit faire beaucoup mieux.
Quand tu vois Yohann en bleu, tu sens qu’il est un peu en dedans, ce n’est pas le Yohann…
Je sens que c’est un Yohann qui n’a pas les responsabilités qu’il a à Bordeaux. J’en veux pour preuve les coups de pieds arrêtés. Je n’ai aucune explication, je l’avais déjà dit en Irlande, je l’ai revu à Paris, je ne comprends pas.
Alors, je te repose la question…
Oui, tu me reposes la question et moi je te réponds à nouveau : « je ne comprends pas ». Il y a des gens qui ont des responsabilités à la tête de l’équipe de France, c’est à eux à expliquer pourquoi Thierry Henry tirait les coups de pieds arrêtés.
Tu crois qu’on peut enlever à un garçon comme Yohann par rapport à ses responsabilités, on lui enlève quelque chose …
Moi je crois qu’il faut lui donner des choses. Il joue dans une position qui est très importante, dans le cœur du jeu, en soutien de tes attaquants, qu’il va éventuellement les faire briller donc il faut au contraire lui donner de l’importance individuellement et collectivement. En plus c’est un joueur très généreux, qui peut vraiment être collectivement très performant alors au lieu de lui enlever des responsabilités, je ferais le contraire, je lui en donnerais beaucoup parce qu’il est capable de les assumer. Et il a surtout la qualité pour les assumer. Ce qu’il a à Bordeaux.
Pour toi, faut-il changer d’entraîneur, de sélectionneur pour cette coupe du monde ou le maintenir et aller jusqu’au bout avec ?
Non, c’est la deuxième solution, de toutes façons je ne me fais pas de soucis, la première n’existe pas.
Est-ce que tu es candidat après 2010 pour l’équipe de France ? je te pose la question alors dis le moi bien en face.
Non, mais reviens me voir quand il en sera question, pour l’instant je ne peux pas te répondre.
Tu ne fermes pas la porte à cela.
Je n’ai jamais fermé la porte.
C’est-à-dire que tu es toujours …
Pour l’instant je suis bien à Bordeaux, j’ai un contrat qui me lie à Bordeaux. Après il y aura une échéance au niveau de l’équipe nationale…
Parce qu’on a déjà parlé de toi…
(en riant) Vous avez trop parlé de moi.
Me regarde pas comme ça, j’ai pas parlé moi ! on a commencé à évoquer ton nom…
Luis, sois cohérent. On peut apprécier ou pas le sélectionneur, c’est un autre problème. Avoue que changer de sélectionneur là, …
Ce ne serait pas l’idéal, mais…
Ce n’est pas la solution et tu le sais très bien. On serait incohérent de changer de sélectionneur maintenant, incohérent.
Moi je te dirais simplement qu’on sort d’un championnat d’Europe où on n’a pas vraiment donné une belle image, on a un conseil fédéral qui a décidé de continuer avec ce sélectionneur jusqu’en 2010…
Et bien il ira, tout simplement.
Oui ! Il ira ! je suis d’accord mais quand on voit ce parcours depuis ce championnat d’Europe, on a régressé, on ne sait plus jouer, on ne fait plus peur !
Je crois qu’on peut donner des responsabilités à chacun, surtout à ceux qui ont la charge de cette équipe mais je crois qu’il ne faut pas occulter les joueurs aussi. Tu parlais des leaders, j’espère qu’il y en a plus qu’un.
Pour l’instant il y en a qu’un qui se dégage c’est Thierry Henry…
C’est lui qu’on voit en conférence de presse mais tu sais tu peux être leader dans le jeu. Tu laisse les micros à qui que ce soit mais dans le jeu tu prends tes responsabilités. Alors il y a de jeunes joueurs, qui doivent faire ça, mais il faut que les anciens les aide et non pas le contraire.
Tu penses à qui quand tu dis les jeunes joueurs ? Lassana Diarra ?
Gourcuff, Lassana Diarra, Ribéry quand il sera là, …
Est-ce que Benzema pour toi… euh …
Oui.
C’est un joueur qui devrait jouer pour toi ?
Qui devrait jouer… je ne suis pas là pour dire il devrait jouer à la place d’untel, je dis juste que tu ne peux pas faire abstraction d’un joueur comme Benzema qui joue au Real de Madrid, ce qui ne lui donne pas toutes les autorisations mais on connaît bien le joueur nous en France, on sait les qualités qu’il peut avoir, c’est un joueur d’avenir. Tu ne peux pas faire abstraction d’un joueur comme ça parce que dans les deux ans qui arrivent, dans les cinq ans qui arrivent, dans les dix ans qui arrivent tu en en auras certainement besoin et qu’il va certainement s’imposer comme un des grands attaquants européens.
Quand tu écoutes Lizarazu et quand tu écoutes Dugary s’en prendre continuellement au sélectionneur est-ce que tu partages leur avis ou est-ce que tu te dis : « éh les gars vous y allez un peu trop fort, là. » ?
Eux ils ont un rôle : dire ce qu’ils pensent. Mais je pense que ce qu’ils disent ça n’arrivera jamais. Il y a une politique dans la fédération, on est pour, on est contre, mais elle ira jusqu’au bout alors ça sert à rien de perdre son énergie, de se froisser avec des gens. Je pense qu’il faut avoir un discours plus constructif, et moi discuter sur le jeu de l’équipe de France, je veux bien, sur l’analyse du jeu. Même si je ne suis pas sélectionneur, j’ai le droit d’en parler avec des gens qui aiment le football mais …
Ça ne te dérange pas à toi de ne pas écouter Raymond parler de jeu ? Moi ça me dérange, moi j’aimerais qu’il me parle du jeu, j’aimerais qu’il me dise : « sur le plan tactique… ». Tout à l’heure c’était un régal de parler avec toi : « comment j’ai préparé ce match, j’ai changé de système… » au moins tu parles de jeu ! Lui il ne désire pas parler de jeu !
Peut-être que le contexte s’y prête pas. Peut-être qu’un jour tu vas rencontrer le sélectionneur dans un aéroport, tu vas prendre un café avec lui, tu vas parler de jeu et tu vas te régaler.
Ah bon ? Toi tu te vois parler avec lui, devant un café, sur le jeu ?
Pourquoi pas ?
Oui ?
Attends, euh… je pense que les gens qui aiment le football, même s’ils ne sont pas tout à fait d’accord, peuvent se parler mais ça ne se fera pas forcément à travers un micro.
C’est bien dommage que ça ne se fasse pas à travers un micro, …
Tu sais bien que devant une caméra, un micro, tu n’es pas toi-même…
Je sais bien qu’on ne peut pas tout dire, mais on pourrait parler un peu plus…
On revient sur un joueur cadre des girondins de Bordeaux, Yohann Gourcuff, à qui vous pensez qu’on doit donner les clés en équipe de France. Est-ce que vous pensez qu’en équipe de France, il puisse être jalousé ?
(pensif) Ça peut arriver. Ça peut arriver parce que, il y a des égos qui sont assez importants comme je vous l’ai dit tout à l’heure mais c’est au staff à régler ça dans l’intérêt collectif de l’équipe. L’égo de temps en temps, il faut savoir le mettre un petit peu dans la poche mais il y a des jeunes joueurs qui sont à mon avis en équipe de France pour un certain temps et petit à petit il faut leur donner de plus en plus de responsabilités, dans le jeu d’abord uniquement puis après dans la vie du groupe.
C’est pour ça que quand j’entends que pour 2010 il faut garder le même entraîneur …
Je ne t’ai pas dit qu’il fallait garder le même entraîneur, je t’ai dit qu’on a pris la décision de garder le même entraîneur après l’euro 2008…
Oui parce que c’est vrai que c’est un collectif, c’est une équipe de France, c’est un maillot qu’on a porté, qu’on aime, je me demande, s’il n’y arrive pas et il n’y est pas arrivé, comment on va faire là-bas en 2010… qu’il m’explique ! Il n’a pas réussi à le faire en 2008 avec les joueurs, ces jeunes joueurs, comment il euh ….
Ces jeunes joueurs… Il n’y a pas que des jeunes joueurs. Attention, il y a un amalgame de différentes générations. Je pense que cet amalgame peut-être compétitif, je le dis sincèrement, même si j’ai vu cette équipe en grand difficulté à Paris face à l’Irlande mais je pense que les sept derniers mois, il va falloir régler certaines choses, qu’il va falloir…
Mais c’est trop court 7 mois, Laurent…
Non, ça peut aller très vite.
Pour vous ça peut aller très vite ?
Ben, oui, si vous avez l’adhésion de tous les joueurs.
Parce que vous pensez qu’aujourd’hui certains joueurs ne …
Je ne sais pas, je …
…ont lâché l’entraîneur comme on dit vulgairement ?
Non, je n’irais pas jusqu’à là. Je pense qu’il n’y a pas une adhésion générale autour de l’équipe de France. Je pense que… pour être l’entraîneur de Bordeaux quand je vois mes joueurs rentrer de l’équipe de France, ils devraient être plus épanouis. De part la difficulté qu’ils ont eu à se qualifier, alors qu’ils devraient être super contents, mais vu la manière ça les a un petit peu refroidi mais pour les 7 mois qui arrivent, il faut qu’il y ait une prise de conscience individuelle et collective et aussi du staff à améliorer les choses, comme ça nous arrive aussi tout le temps en club. Parce qu’avec ce potentiel, ça serait dommage de ne pas tirer le meilleur de cette équipe là.
Tu as eu l’occasion de parler avec Thierry depuis…
Non.
Tu l’as eu au téléphone ? Tu lui as envoyé un petit message ?
Non, j’aurais pu mais …
Il sous-entendait que certains avaient été un peu durs avec , …
Il n’a pas reçu le soutien qu’il espérait.
Je pense qu’il voulait surtout avoir du soutien de ses instances. Quand on pense qu’il a fallu qu’il réagisse lui-même avec un communiqué, on aurait pu réagir un peu plus collectivement.
Moi j’étais au stade, je n’ai pas vu la main, c’est un mauvais réflexe, on va pas revenir dessus, le problème c’est que les irlandais payent les frais mais ils n’étaient pas qualifiés, il restait une dizaine de minutes, les penalties, c’était mal engagé mais…
Pour avoir reçu les joueurs après ce match, ils étaient heureux de participer à la coupe du monde mais il y a quelque chose qui n’allait pas, tu sais très bien que ce geste c’est pas très, très joli. Tu l’acceptes, tu en bénéficies mais tu ne peux pas fêter comme il se doit la qualification… Bien sûr, il y a des irlandais qui doivent être malheureux mais je leur ai rappelé que c’était une chance de participer à une coupe du monde, qu’il fallait savourer, que tous les joueurs n’ont pas la possibilité d’en jouer dans leur carrière, ça reste extraordinaire.
Merci Laurent […] on sent que tu es épanoui ici à Bordeaux, que tu as un bon groupe…
Bon groupe et bon staff, merci à mon staff, je ne le dis peut-être pas assez souvent, merci. On partage la même philosophie et le même goût du travail bien fait.