L'enfant maudit : des "tondues" de 1945 à Mai 68
Mai 1968 : alors que les Français, en particulier les jeunes, se posent beaucoup de questions et remettent en cause l'autorité traditionnelle, un jeune homme, né en 1945, est en quête de sa véritable identité. Je n'en dis pas plus pour ne pas gâcher la lecture. Comme dans leur précédent opus (L'envolée sauvage), le scénariste Laurent Galandon et le dessinateur Arnaud Monin se plongent dans l'Histoire avec cette histoire singulière dont le premier tome est paru en mai 2009 chez Grand Angle. On y croise des femmes tondues à la Libération par des résistants de la dernière heure pour avoir couché avec des Allemands, des jeunes aux prises avec la police en mai 68, par insouciance ou par engagement politique. Voyez ci-dessous la bande-annonce. Retrouvez plus d'informations sur Tahya El-Djazaïr, une autre BD scénarisée par Galandon et dessinée par A. Dan.
L'Enfant maudit tome 1
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Dropsie Avenue : Vie et mort du South Bronx
Je vous ai parlé dans le prélude de la petite histoire du rap du délabrement du South Bronx dans les années 1970. Si vous voulez comprendre comment ce quartier en est arrivé là, je vous recommande la lecture de la BD de Will Eisner Dropsie Avenue (paru en 1994, réédité récemment chez Delcourt). Le dessinateur américain (1913-2005) y raconte la vie et la mort d'un quartier du South Bronx autour d'une avenue imaginaire (je ne crois pas qu'il existe d'avenue portant ce nom à New York). L'histoire démarre à la fin du XIXème siècle, alors que le Bronx n'est encore qu'une vaste prairie où vivent quelques Hollandais. Elle est centrée sur la question de l'immobilier et des relations entre les différents groupes ethniques, religieux ou raciaux. Chaque groupe majoritaire voit d'un mauvais oeil l'arrivée d'outsiders, d'étrangers qui vont "menacer la valeur de leur bien immobilier". Très vite, la mixité entraîne le départ du groupe précédemment majoritaire, malgré quelques métissages. Ainsi se succèdent les Hollandais, les Anglais, les Irlandais, les Italiens, les Juifs, les Allemands, les Latinos, et finalement les noirs (j'en oublie sûrement).
La mort du quartier nous conduit dans les années 1960-1970, moment où les propriétaires ont davantage intérêt à voir brûler leur immeuble pour toucher leur assurance que d'entretenir l'immeuble. Les locataires les moins pauvres et les propriétaires les préoccupés par la réputation du quartier partent vers la Sun Belt, en particulier la Floride. Je trouve que Will Eisner, malgré la noirceur du sujet, nous rend compte admirablement les mécanismes à l'oeuvre. Il nous montre les limites du modèle américain d'intégration.
Bien sûr, le Bronx n'est pas complètement mort.... Certains disent même qu'il a puisé dans cet abandon une énergie inépuisable !
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