Voilà quelques temps déjà que l’on ne parlait pas d’énergies renouvelables dans les pages virtuelles (mais au contenu bien réel ) de notre cher Green-O-Blog. La raison est sûrement que l’on ne fait pas une découverte majeure par semaine en terme d’énergie propre et durable.
Laissons donc, pour l’heure, les stars de l’énergie renouvelable de côté, car il n’est pas aujourd’hui question de solaire ou encore d’éolien, mais d’un principe encore assez méconnu, l’énergie osmotique.
L’énergie osmotique est une source d’énergie renouvelable et sans émissions, sur laquelle Statkraft mène des recherches depuis 10 ans, et qui sera à même d’apporter une contribution mondiale d’ampleur à la production d’énergie dans le respect de l’environnement’
C’est en Norvège que la première centrale osmotique, encore au stade de prototype, à été inaugurée en novembre. Ce prototype exploite l’énergie libérée par le mélange d’eau douce et d’eau de mer.
Le prototype offrira une capacité de production limitée, et son but principal sera de servir de base de tests et de développement. L’objectif est de pouvoir être à même de construire une centrale d’énergie osmotique commerciale d’ici quelques années. Le potentiel mondial de l’énergie osmotique est estimé entre 1 600 et 1 700 TWh par an.
L’objectif est de pouvoir être à même de construire une centrale d’énergie osmotique commercialisable d’ici 2015.
Comment cela fonctionne-t-il?
Une centrale osmotique exploite l’énergie libérée par le mélange d’eau douce et d’eau de mer. Cette énergie est issue de la différence de gradients de salinité entre l’eau salée (en bleu sur le schéma ci-dessous) et l’eau douce (en vert). En effet, lorsque deux masses d’eau qui n’ont pas les mêmes concentrations en sel viennent à se mélanger, celle qui est la plus salée (ou la plus concentrée) va attirer l’eau par le phénomène d’osmose.
Ainsi, lorsque les eaux douces d’un fleuve se jettent dans l’eau salée de la mer, le mélange de ces eaux libère une grande quantité d’énergie.
Ce principe est exploité par Statkraft qui fait transiter, à l’intérieur de leur centrale, dans deux réservoirs séparés par une membrane semi-perméable, la masse d’eau salée de la mer et la masse d’eau douce d’un fleuve. « Lorsque l’eau douce traverse la membrane en direction de l’eau salée, elle crée une pression (correspondant à une colonne d’eau de 120 m) capable d’actionner une turbine, générant de l’électricité. L’exploitation de l’énergie osmotique suppose que l’implantation de la centrale se fasse à proximité immédiate d’un estuaire, c’est ce que les anglais appellent ‘baseload energy’ (énergie chargée sur site).
Cependant, cette source d’énergie est sensible au phénomène de montée des eaux et est aussi géographiquement limitée.
Par principe, les centrales osmotiques ne peuvent se trouver que dans des endroits où de l’eau douce s’écoule dans la mer. Si cela semble limiter leur extension géographique, rappelons que de nombreuses mégalopoles mondiales sont situées à l’embouchure des grands fleuves. De plus, les villes et aires urbaines consomment 75 % de l’énergie produite et sont responsables de 75 % des émissions de gaz à effet de serre, selon un récent rapport du WWF(2).
La centrale osmotique, qui n’émet aucun polluant ni aucun bruit pourrait donc trouver sa place dans ces villes côtières, par exemple dans des zones industrielles existantes, comme dans les sous-sols de bâtiments industriels.
Toutefois, leur implantation devra s’accompagner d’une prise en compte de l’augmentation prévue du niveau des océans à cause du réchauffement climatique. En effet, selon l’étude(2) du WWF et de l’assureur Allianz, une augmentation de seulement 50 cm du niveau de la mer pourrait coûter jusqu’à 18 840 milliards d’euros pour les 136 villes côtières qui seraient touchées : presque 10 fois plus que le coût de la crise financière.
Restons optimiste, comme Bård Mikkelsen, le président et directeur général de Statkraft qui a déclaré : « Cette nouvelle technologie permet de générer de l’électricité simplement en mélangeant de l’eau. Les nouveaux moyens de relever les défis liés au changement climatique sont sans doute plus évidents que nous ne le pensons, ce qui me laisse plutôt optimiste quant à l’avenir ».
Un pari risqué mais qui n’en est qu’a ses début et qui laisse présager des solutions d’avenir proche avec un potentiel intéressant.