La grippe A nous laisse pantelants. Lui aux sautes de température, d’humeurs et autres tracas… nous, sous tension constante, sans nuit complète, sous pression et incompréhension médicale.
Je ne sors plus pour être avec lui. Attendre qu’elle passe son chemin. J’aurais aimé profiter des derniers jours d’automne, des premiers jours d’hiver. J’aurais aimé regarder la nature de plus près.
Le petit loup adore le dernier Balthazar (histoire reprenant un peu du principe de la pédagogie Montessori), « Promenons-nous avec Balthazar, Yéti y es-tu ? » de Marie-Hélène PLACE et Caroline FONTAINE-RIQUIER.
C’est une vraie promenade à l’automne en campagne. Une balade entre sons et traces de la nature : empreintes, feuilles, rencontres avec la faune domestiqu(é)e et celle plus sauvage, voire surnaturelle. Balthazar sort pour aller récolter des châtaignes et son chemin se suit aussi avec la chanson très connue « Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas…", mais cette fois-ci avec le Yéti, remplaçant là le loup méchant de service. Enfin méchant, pas tant… il peut avoir peur lui-aussi.Ce livre se lit à voix haute, les onomatopées sont constantes sur les bruits de la nature, vent, pluie, feuilles qui crissent sous les pas mais aussi cris des animaux. L’enfant peut aussi suivre quelques petits indices, un vrai bonheur d’interactivité.
Dommage que l’histoire soit si courte.
J’ai, de mon côté, ressorti un livre cher à mon cœur et à mes souvenirs d’enfance feutrée (rares). « Les gnomes » de Wil HUYGEN et illustré par Rien POORTVLIET fait partie des références de ma tante. Dans sa maison du duché du Luxembourg, j’avais accès à ces contes scandinaves, à cette féérie si précieuse pour mes rêves d’alors. Je n’ai pas retrouvé le même livre mais ce sont les mêmes auteurs, le même thème (peut-être même un peu plus complet, en rapport à mon souvenir).
Je l’ai réouvert pour y retrouver ces petits personnages. Ce livre n’est pas une histoire en soi même si à la fin quelques contes ou légendes y sont inscrites. C’est plus un livre d’ « ethnologue ». Nous y trouvons la physionomie, l’habitat, les mœurs, les fêtes et célébrations, l’alimentation, leur rapport à la nature (quasi vétérinaire ou garde forestier), leurs activités, savoir-faire ou métiers indispensables (menuiserie, vannerie, teinturerie etc…).
C’est un fourmillement d’idées, de vraies techniques et connaissances, artisanales et de faune et flore néerlandaise.
La description est presque une ode ou une satire des traditions familiales : la femme est à la maison, s’occupe des enfants et de son mari, elle a en charge l’éducation des filles pour leur apprendre à tisser, filer, cuisiner, prendre en charge les orphelins de la nature. L’homme est seul à sortir de la maison, peut être parti en vadrouille pour quelques temps, s’affaire aux activités de charge et s’occupe des enfants mâles à partir de leur 13 ans : reconnaissance des produits comestibles, apprentissage de la course et des moyens de fuite, sifflements et moyens de communication à longue distance. La belle-famille est importante au choix du conjoint de l’enfant, la fille part de sa famille chez son mari et elle avec son coffret de mariée offert par ses parents. Il y a presque une notion de religion : la femme cache ses cheveux à partir de son mariage, le mâle devient un petit homme à 13 ans, un livre secret est lu tous les soirs.
Le mode de vie est communautaire, des compagnies de métiers sont présentes pour les apprentissages nécessaires à la survie. Des fêtes sont de mises, réunissant beaucoup d’entre eux, en partenariat presque. Le respect des ainés est très présent aussi jusqu’à ce que le gnome et sa femme, ensemble, partent pour leur dernière balade sur le Mont de la Mort. Les enfants sont élevés aussi par les voisines.
L’inventivité est énorme sur ce qui fait du gnome un être particulièrement adapté à son environnement. La physionomie par exemple beaucoup mieux adaptée : 5 sens beaucoup plus développés avec une vision nocturne et une capacité musculaire beaucoup plus grande, un sens olfactive puissant permettant de tracer les animaux et hommes dans la forêt grâce à l’acide burique laissé par la transpiration sous les pieds ou pattes ou l’odeur de caoutchouc des semelles. L’autarcie étant complète, les connaissances de toutes les plantes et animaux, de leurs propriétés thérapeutiques, comestibles, de teinture, de fibres utilisables sont ici un peu dévoilées, avec les astuces de conservation, de séchage des fruits et baies, de toilettes sèches, de protection, de prévention contre les nuisibles insectes (par les mulots animaux de compagnie), la météorologie, la temporalité (âge du gnome mesuré en fonction de la plantation d’un arbre le jour de sa naissance) ou encore les jeux de plein air ou jouets faits de la nature. Par exemple leur petit-déjeuner avait fait l'office d'un autre billet là.
Le reste est magique et offre des perspectives de récits.